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Critique de arciel


arciel
03 décembre 2021
La Nuit des Temps » est un roman de science-fiction à la française, précision importante pour signaler sa lisibilité par un public non amateur. Ce public est parfois rebuté par la technicité des « univers » imaginés par la majorité des auteurs de ce genre romanesque, et par les décors et les représentations de l'espace et du temps particuliers propres aux auteurs anglo-saxons, qui sont porteurs du genre et spectaculairement majoritaires dans les publications. René Barjavel (né en 1911 à Nyons et mort en 1985 à Paris), très français, très terrien et très cultivé, a personnellement amassé après la Deuxième Guerre mondiale le matériau romanesque et documentaire plus qu'honorable où il installe scénarios, personnages et action. Issu du milieu paysan de la Drôme provençale et professionnel du journalisme et de l'édition parisienne, ses romans ne sont pas conçus selon la trame habituelle des Anglo-Saxons, qui pratiquent l'écriture selon une mentalité assez scénographique et même cinématographique, qui en a permis très tôt (années 50) des versions filmiques. Barjavel toutefois était un professionnel scénariste pour le cinéma et connaissait parfaitement l'adaptabilité de la SF. Leur trame en effet est généralement très « dystopique » c'est-à-dire totalement transférée dans un lieu et une époque fortement étrangers et éloignés, non identifiables, et lorsque l'endroit et la date en sont plus familiers ou plus proches ils sont transférés dans une réalité qui correspond à des univers imaginaires, où la technicité et la rapidité de l'action, de type « roman policier », désorientent souvent les lecteurs non aficionados.
Barjavel se sert de son propre contexte français et international de la géopolitique des années 60, et malgré l'intérêt majeur de retrouver ce contexte je le trouve d'une atmosphère surannée, d'une science-fiction très datée même si elle m'intéresse énormément. Les auteurs anglo-saxons, peut-être précisément à cause de ces dystopies perturbantes, subissent peu cette érosion à la lecture.
Simon, le médecin d'une expédition polaire australe internationale en Terre-Adélie (française), assiste dans les années 60 à l'extraction fortuite et stupéfiante d'une fraction d'un monde révolu, encastré dans les profondeurs de la calotte antarctique depuis 900 000 ans. le choc humain, scientifique, technologique et politique est puissant et les ondes de choc résultantes encore plus. La découverte inexplicable de survivants, devenus mourants dès leur extraction, valide les utopies populaires et reléguées depuis toujours dans la bande dessinée. Presque aucun dirigeant ni aucun protagoniste, faisant partie de l'élite internationale de cette époque, ne parvient à concevoir qu'une autre époque, lointaine et révolue, soit infiniment plus avancée que celles qui lui succèderont. Or Simon se laisse guider par sa science et son coeur, mais comme chez lui la science n'est pas orpheline de l'imagination et de la créativité elle devient essentielle aux événements. Il lutte avec quelques alliés de l'équipe contre la déformation cupide des responsables planétaires, qui ne voient dans les événements qu'opportunité dominatrice, profitabilité et exploitation en tous genres. Quant à son coeur, il le contraindra à l'incroyable, car c'est celui d'un homme sans moyens matériels mais fort, non-hermétique aux merveilles du hasard, au regard visionnaire sur l'humanité. Pourtant les surprises du dénouement sont, encore une fois en science-fiction, totalement surprenantes et loin de ce que le lecteur, pourtant intelligent ! a cru comprendre.


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