AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome regroupe les 3 épisodes de la minisérie parue en 2005. Il s'agit de l'adaptation, en bandes dessinées, d'un livre de Clive Barker : le Voleur d'éternité datant de 1992.

Millsap est une ville résidentielle, vraisemblablement américaine, composée de pâtés de maisons bien carrés, avec des pavillons bien rangés, d'un ou deux étages. Dans cette ville dortoir, Harvey Swick (10 ans) pense qu'il ne survivra par à l'ennui du mois de février, coincé entre la routine de l'école et le quotidien anémique du foyer. Un soir, Monsieur Rictus, un étrange individu en chapeau haut de forme (tuyau de poêle même, vu sa hauteur), s'introduit dans sa chambre et lui fait miroiter un ailleurs plus animé, plus enchanteur. Lors d'une deuxième rencontre dans la rue, Monsieur Rictus propose à Harvey d'aller jeter un coup d'oeil à cet ailleurs. Grâce à un pouvoir magique, il traverse un mur, et ils se retrouvent sur une pelouse ensoleillée, entourant une jolie demeure ancienne. Harvey vient d'apercevoir la Maison de Vacances. Il fait connaissance avec Madame Griffin (entre la gouvernante et la bonne à tout faire) et 2 enfants Lulu et Wendell. Une vie merveilleuse et insouciante peut commencer. Il y a aura bien sûr un prix à payer.

Clive Barker se fait connaître en écrivant une série de nouvelles regroupées dans sous le titre de Livres de sang (Books of blood, 1984/1985) qui redonnent un coup de fouet aux récits d'horreur pour adultes. Par la suite, il écrira aussi quelques livres pour un public plus jeune, tels que "Thief of Always". L'adaptation est réalisée par Kris Oprisko, et transposée en bande dessinée par Gabriel Hernandez (dessinateur également de The suicide forest).

Premier constat : si l'on ne sait pas que cette histoire était à l'origine un livre, il n'y aucun moyen de le déceler. le travail de transposition est parfaitement exécuté et le récit coule naturellement comme s'il avait été conçu pour la bande dessinée à l'origine. Deuxième constat : ce récit s'adresse surtout à un jeune lectorat. Il est raconté comme un conte mettant en scène Harvey Swick comme le héros de l'histoire, un enfant courageux et plus intelligent que les autres ayant séjourné à la Maison de Vacances. Les aventures d'Harvey Swift s'apparentent à celles d'un enfant atteignant le pays de Cocagne et prenant conscience petit à petit du prix à payer. le récit réserve plusieurs surprises et même s'il peut paraître dérivatif d'une des situations de Pinocchio, le déroulement des péripéties s'avère assez original pour retenir l'intérêt du lecteur. Par contre, rapidement, les dialogues d'Harvey Swift s'éloigne de toute crédibilité par rapport à la manière de s'exprimer d'un enfant de 10 ans. le second niveau du scénario ne propose pas grand-chose d'autre qu'une illustration de "there's no such thing as a free lunch" et "à coeur vaillant rien d'impossible".

Le style graphique de Gabriel Hernandez rend l'histoire plus intéressante. Il utilise un rendu un peu crayonné, un peu esquissé, à base de traits très fins. Les dessins ne cherchent pas à faire joli, mais plutôt à mettre en évidence la bizarrerie de chaque chose. Cela commence avec le sourire démesuré de Monsieur Rictus qui est plus large que son visage. Cela continue avec le visage de Madame Griffin très ridé, avec une forme à mi-chemin entre simiesque et momifiée. En fonction de la scène, il va remplir les cases de détails et d'objets pour montrer la richesse de la Maison de Vacances, ou alors il va se concentrer sur quelques éléments et surtout retranscrire l'ambiance de la scène. Hernandez réalise également la mise en couleurs par le biais d'aquarelles précises, très inspirées et se cantonnant aux contours délimités à l'encre. Dans ses libertés maîtrisées avec la réalité, Gabriel Hernandez offre un spectacle très personnel qui devrait plaire aussi bien aux plus jeunes qu'aux lecteurs plus âgés.

À partir d'un récit destiné aux enfants, Kris Oprisko réalise une transposition exemplaire en bande dessinée. L'histoire est assez classique et le niveau d'horreur la destine effectivement à des enfants d'une dizaine d'années. Les qualités graphiques des illustrations en font une lecture sympathique pour un adulte.

Ce récit a été réédité dans Clive Barker Omnibus, avec également les 12 épisodes de The great and secret Show adaptant le livre du même titre, ainsi qu'une histoire courte "Seduth". Ces deux dernières ont la particularité d'avoir été illustrée par Gabriel Hernandez, le dessinateur de la série Locke & Key.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}