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Critique de pasiondelalectura


La seule histoire est le treizième livre de cet auteur britannique considéré comme le chef de file des auteurs anglais contemporains. C'est le premier livre de J. Barnes qui n'est pas dédié à son épouse Pat Kavanaugh, décédée en 2008.

Ce livre est un magnifique roman d'apprentissage, un roman post moderne centré sur l'amour avec une histoire tourmentée, un récit mélancolique à souhait, écrit avec une prose élégante et un ton intime qui va s'adresser par moments directement au lecteur : cela interpelle. L'humour fin de l'auteur est bien présent sur un sujet qui n'a rien d'humoristique.

Paul, âgé, se rememore l'amour de sa vie. Il a tellement de choses à dire sur le temps qui passe, sur l'amour et sur la fragilité de la mémoire. Et le livre démarre sur une question philosophique : préféreriez-vous aimer plus et souffrir plus, ou aimer moins et souffrir moins ?

Dans les années 63-64 dans une Angleterre bien pensante et dans une banlieue londonienne, Paul Casey, 19 ans, en première année de Fac, s'éprendra de sa partenaire de tennis en double, la sémillante et ironique Susan MacLeod de 48 ans (c'est l'époque de la vague scandaleuse de l'affaire Profumo qui avait tant défrayé la chronique début 1960). Ce couple va connaitre une grande complicité.

Cette histoire d'amour de Paul va de l'innocence jusqu'à l'expérience, depuis l'âge tendre jusqu'à la maturité et depuis l'engouement jusqu'à la lassitude. Ce sera leur seule histoire, une histoire qui va les marquer pour toute leur vie, une relation qui aura duré 12 années environ.

Pour vivre cet amour ils devront s'exiler à Londres où le jeune homme poursuivra des études de Droit et Susan commencera à se morfondre au domicile. Elle deviendra alcoolique et Paul ne pourra rien faire pour arrêter le désastre, tout en culpabilisant.

Mais la relation entre Susan et Paul va durer et si l'histoire en elle même n'est pas très intéressante, c'est l'analyse qu'en fait Julien Barnes qui l'est, car les sentiments du protagoniste son mis en évidence au scalpel: ses intentions, ses croyances, ses névroses. Les moments exquis du roman tiennent à l'acuité psychologique de l'auteur, notamment à ses souvenirs. Paul se demande s'il reste parce qu'il aime Susan car pour lui l'amour c'est tout, ou s'il reste parce qu'il se sent coupable. Il devient conscient qu'ils glissent vers un sexe triste, le pire sexe possible.

Le livre est divisé en 3 parties, chacune avec une voix différente : on démarre fort à la première personne avec Paul de 19 ans; dans la deuxième partie Paul est trentenaire et constate la décadence de cet amour avec Susan qui sombre dans l'alcoolisme et la dépression, puis dans la troisième partie, Barnes utilise la troisième personne du singulier pour raconter la fin de l'histoire, lorsque la souffrance morale est au paroxysme. Les 3 voix narratives correspondent aux trois paliers de la relation de Susan et Paul : la naissance de leur amour, la disparition de celui-ci et les conséquences sur le temps. le tout sonne si triste, déchirant et véridique : l'amour englué dans son propre cadre, se vidant chaque jour de ses couleurs et de sa signification.

Julien Barnes a déjà utilisé cette structure en trois parties dans ses romans. Ici il nous livre un roman puissant, le requiem d'un amour impossible. Et c'est un sujet barnesien récurrent: le territoire familial, les banlieues, un protagoniste âgé ressassant une vie mal remplie.

Il nous a livré un sujet difficile (voué de toute façon à l'échec en raison du facteur temps) traité de façon magistrale.

Ah, l'Amour. L'Amour est un mystère dont la clé appartient à chacun, hein ?
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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