Citations sur Merlin, tome 1 : Les années oubliées (28)
- Oui, Tu me rappelles ce faucon qui était perché sur ton épaule, il n’y a pas si longtemps. Comme lui, tu peux être féroce aussi bien que gentil ; tu t’accroches de toutes tes forces sans jamais lâcher, tu y vois clair, mais pas avec tes yeux ; tu sais quand utiliser tes pouvoirs… et tu es capable de voler.
Si je ferme les yeux et respire au rythme de la mer, le souvenir de ce jour lointain me revient. Un jour rude, froid, sinistre, désespérant.
Depuis, j’en ai vu beaucoup d’autres, plus que je n’ai la force d’en compter. Et pourtant ce jour brille dans ma mémoire avec autant d’éclat que le Galator lui-même, comme celui où j’ai trouvé mon vrai nom, ou celui où j’ai bercé pour la première fois dans mes bras un bébé du nom d’Arthur. Si je m’en souviens si clairement, c’est peut-être parce que la douleur est toujours là, telle une cicatrice sur mon âme. Ou parce qu’il a marqué la fin de tant de choses… et, en même temps, le commencement de ces années oubliées.
Branwen elle-même se montrait indifférente à ces murmures. Tant que ses patients payaient ses services et nous permettaient de subsister, elle n'attachait pas d'importance à ce qu'ils pouvaient dire ou penser. Récemment, elle s'était occupée d'un moine âgé qui avait glissé sur les pierres mouillées du pont et s'était entaillé le bras. En bandant sa blessure, elle avait prononcé une prière chrétienne, ce qui avait semblé lui plaire. Mais lorsqu'elle y avait ajouté un chant druidique, il l'avait réprimandée et mise en garde contre le blasphème. [...] le moine en colère avait arraché son pansement et s'était sauvé, non sans avoir prévenu tout le village qu'elle faisait le travail des démons.
[...] - Sois juste toi-même.
J'y ai pensé de temps à autre. C'est bien plus facile à dire qu'à faire, mais il y a du vrai là-dedans. (p263)
- N'y a-t-il aucun moyen d'arrêter ce roi? ai-je demandé, les yeux fixés sur la dépouille du spectre changeant.
- S'il en existe un, personne ne l'a trouvé! Ses pouvoirs sont immenses. Outre son armée, il possède presque tous les Trésors de Fincayra.
- Qu'est-ce que c'est, ces trésors?
- Des objets magiques, et très puissants. Autrefois, les Trésors étaient utilisés pour profiter au pays et à ses habitants, pas seulement à une personne. Mais c'est fini. Maintenant, ils sont à lui: l'Orbe de feu, l'Éveilleur de rêves, les Sept Outils magiques; Percelame, une épée à deux tranchants, un qui pénètre dans l'âme et l'autre qui guérit les blessures; la Harpe fleurie, le plus beau des Trésors, dont la musique peut amener le printemps dans une prairie ou sur un coteau; et, enfin, le plus détestable, le Chaudron de la mort.
Rhia a alors ajouté tout bas:
- Un seul de ces Trésors légendaires n'est pas encore tombé entre ses mains. Celui dont le pouvoir est, dit-on, plus grand que tous les autres réunis: le Galator.
J'ai eu une soudaine envie de sonder son esprit, comme si c'était l'intérieur d'une fleur. Mais les flammes se sont rallumées dans la tête. Alors, je me suis souvenu de ma promesse, mais aussi de mes peurs.
- Dis-moi juste une chose, ai-je supplié. Tu m’as raconté un jour que tu avais connu mon grand-père. Connaissais-tu aussi mon père ?
Branwen tressaillit.
– Oui, je le connaissais.
- Etait-il… Enfin, était-ce un humain ? Était-ce… Un démon ?
Tout son corps s’est raidi. Après un long silence, elle a répondu d’une voix qui semblait venir de très, très loin.
– Je te dirai seulement ceci : si jamais je devais rencontrer un jour, rappelle-toi : il n’est pas ce qu’il paraît être.
- Je m’en souviendrais. Mais ne peux-tu rien me dire de plus ?
Elle a secoué la tête.
– Mon propre père ! Je veux juste le connaître.
– Il ne vaut mieux pas.
– Pourquoi ?
Au lieu de répondre, elle a secoué la tête tristement et s’est dirigée vers la table où était posée sa collection de plantes médicinales. Elle en a ramassé quelques-unes, les a pilées grossièrement, puis a versé la poudre dans une sacoche en cuir suspendue à une corde. Elle m’a donné la sacoche et m’a dit d’un ton résigné :
– Cela t’aidera peut-être à vivre un peu plus longtemps.
Merlin.
J'aimais bien ce nom. Pas assez pour le garder, bien sûr, même si je savais que les noms avaient parfois une façon bizarre de vous coller à la peau.
Merlin.
Un nom original, pour le moins, et chargé de sens : à la fois source de chagrin et de joie pour mon esprit. (p355)
Rien ne vaut une bonne lecture après une journée de bonnes lectures. (p235)
Un nouveau sentiment, plus puissant encore que la rage et la peur, a rempli mon coeur. J'aimais Rhia. J'aimais son courage, sa vitalité. Tu es tout ce que tu es, m'avait-elle dit un jour.
Encore une histoire de Merlin ! Me suis-je dit en ouvrant le livre. Eh bien j'avais tort. Enfin, pas tout à fait, parce qu'il s'agit bien d'une histoire de Merlin, mais avant qu'il ne devienne Merlin justement. Et ça change tout. En racontant la jeunesse de l'enchanteur, et donc sa quête initiatique, T. A. Barron sort (un peu) des sentiers rebattus. Et il écrit bien, et ses personnages (Emrys/Merlin, Rhia et Shim le géant nain) sont pittoresques, je dirais même "pimentés", on a envie de les suivre dans leurs aventures, jamais on ne s'ennuie. Les paysages sont vraiment féériques. Alors: "Dravia Fyncaira !" et comme deux autres tomes sont sortis, je n'ai qu'une envie: y retourner !