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Critique de audelagandre


Choix d'un récit en deux temps et délocalisation de l'intrigue pour ce nouveau roman de Fiona Barton. le lecteur retrouve la famille Waters, dont nous avions déjà fait connaissance dans les opus précédents principalement en la personne de Kate, journaliste au Daily Post. Deux familles signalent la disparition de leurs filles, en voyage de fin d'études en Thaïlande. Lorsque deux corps correspondant à leur signalement sont retrouvés, Kate veut absolument se charger de l'enquête, toujours avide de sortir un bon papier pour son journal. Mais alors que la correspondance personnelle de l'une de ces jeunes filles est dévoilée au grand jour, et qu'elle évoque le prénom de Jake, les choses commencent vraiment à se corser… En effet, Jake est le prénom du fils de Kate, lui aussi en Thaïlande, dont elle n'a aucune nouvelle depuis plusieurs semaines….

Après « La Veuve » et « La coupure » que j'avais très moyennement aimés, j'ai tenté ce troisième opus car l'action se déroule en Thaïlande et que j'avais un grand besoin d'évasion. Après deux lectures consécutives, très noires et donc assez anxiogènes, j'avais besoin de me plonger dans quelque chose de plus divertissant sans que cela soit pour autant fade à souhait. J'ai senti que c'était le bon moment pour cette lecture qui nous propose d'aller « ailleurs ».

Si le schéma narratif est assez classique, disparitions, enquête, révélations bien dosées, la lecture reste assez agréable de par la thématique abordée : l'amour d'une mère. Cette mise en perspective abordée sous le prisme du choix, sa famille ou son métier en la personne de Kate, rend le récit plus intéressant qu'il n'y parait en proposant un second degré de lecture. Outre cet amour indéfectible, c'est tout le problème des adolescents en particulier qui est soulevé ici. Petits secrets, mensonges entre amis vont de pair avec les questionnements de ces mères mises en présence. On retrouve une certaine opacité dans l'expression des émotions familiales, thématique chère à Fiona Barton. Rien n'est aussi simple qu'il n'y paraît, et gérer un adolescent en pleine crise, un travail de psychologue à plein temps. Sans doute est-ce parce que j'ai déjà traversé 4 périodes d'adolescence, une 5e en cours et une 6e à venir que j'ai été touchée par le désarroi de ces mères allant de surprise en surprise concernant leur progéniture qu'elles croyaient si bien connaître. Pour les mères actives, le problème est encore plus cornélien lorsqu'elles doivent faire un choix entre famille et carrière, mensonge et vérité, ce qui est le cas de Kate ici. C'est aussi l'occasion de développer l'exacerbation des sentiments, l'inquiétude, la colère, mais aussi, et surtout, la douleur de la perte. Perte sans savoir ce qui s'est réellement passé, souffrance quand le portrait de l'être cher disparu n'est pas conforme à ses attentes, sentiment de trahison et de déception. Pour Kate, le problème se corse lorsqu'elle est confrontée au doute : son fils, a-t-il quelque chose à voir dans la disparition de ces jeunes filles ? Comment continuer à faire confiance ? Doit-on protéger à tout prix ? Faut-il confronter nos enfants à leurs erreurs ?

L'auteur s'en sort plutôt bien dans l'expression de toutes ces émotions parfois contradictoires parallèlement à l'avancée de l'enquête. le suspense est plutôt bien distillé. La preuve ? Je l'ai lu quasi d'une traite. J'ai aimé le dosage des révélations qui alimentent l'imagination du lecteur enclin à en découvrir encore plus. Enfin, la suspicion de culpabilité qui pèse sur la tête de Jake ajoute une angoisse qui solidifie considérablement l'intrigue. Peut-être est-ce le fait que le héros, coupable présumé se prénomme Jake, et qu'il m'a renvoyée au roman de Reardon. En règle générale, j'aime beaucoup lorsqu'un auteur laisse planer le doute sur un être cher et cherche à faire comprendre qu'on ne connaît jamais totalement quelqu'un qui fait partie de sa vie. Cette gêne qui ne laisse jamais complètement tranquille, ce trouble qui ne laisse pas dormir sur ses deux oreilles, ce malaise que l'on sent dans ses tripes, mais que l'on ne sait pas expliquer qui s'appelle le doute.

Si vous êtes un gros lecteur de thrillers et de polars, avides d'intrigues très complexes, jouant sur des aspects très noirs de la psychologie humaine, vous ne trouverez peut-être pas votre bonheur ici. A contrario, si vous cherchez à vous plonger dans un récit plus distrayant, à la noirceur plus atténuée, plutôt agréable à lire et prenant, vous pouvez y trouver votre compte. Comme je le dis souvent, une lecture reste très personnelle et se vit parfois très différemment en fonction du moment choisi pour l'attaquer.
Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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