AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pecosa


Après avoir été déroutée mais séduite par Scorpions pressés, polar gastronomique déjanté et inclassable qui mêlait sans vergogne la haute gastronomie et l'E.T.A. aux pratiques sexuelles les plus déconcertantes, je retrouve enfin Pacho Murga, le riche oisif de Bilbao. A l'aube de ses cinquante ans, le Basque purge sa peine dans la prison de Salto de Negro (Canaries) sous la "protection" du caïd marseillais Marcel Coloquinte, quand il sauve par inadvertance la vie de Dimitri Urroz, un redoutable mafieux russe. Ce fils d'un réfugié espagnol de la guerre civile est un fou furieux totalement imprévisible qui décide de faire de Pacho Murga son talisman. Ruiné, solitaire, veule et faible avec les forts, Pacho accepte son nouveau statut de patte de lapin humaine et se vautre dans une vie de débauche, de l'Espagne à Moscou. Vade retro Dimitri est le récit des pérégrinations de cet improbable duo qui traîne dans son sillage toute une clique de psychopathes, d'assassins, de porte-flingues de l'E.T.A., de voleurs, de fanatiques de l'Opus Dei, et j'en passe. Juan Bas, c'est un peu comme si Quevedo et Jerry Stahl avaient eu un enfant, un rejeton génial et cynique complètement obsédé. A l'instar des oeuvres du Siglo de oro, le roman fait la part belle à la bassesse, au sarcasme, à l'hyperbole et à la sauvagerie des moeurs. Bas ne nous épargne ni l'hyperviolence, ni les pratiques les plus dérangeantes (coprophagie, cannibalisme...) nous servant sur un plateau toute une farandole de freaks et de dégénérés difformes (nains, fous, bouffons, siamois rois de la pègre). L'humour est omniprésent, le cynisme aussi, et on rit beaucoup, malgré ou grâce à toutes ces horreurs. le décalage entre l'univers clinquant et vulgaire de la mafia russe et les aspirations de Murga, qui aussi veule et minable soit-il, n'en est pas moins esthète, nous offre des pages d'anthologie dans lesquelles cohabitent les recettes des plus grands chefs de Guipuzcoa, les anecdotes sur le réseau d'égouts de la ville de Moscou et les considérations (lapidaires) sur les Basques et les Navarrais. Juan Bas, avec son humour corrosif et son impressionnante érudition est décidément un des auteurs espagnols de polar les plus singuliers.
Commenter  J’apprécie          325



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}