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Critique de Bellonzo


La fin des haricots


Les années 1840, au Mexique, peu après Alamo. Quelques centaines de prisonniers texans tirent au sort des haricots. Un haricot noir pour neuf blancs et un malheureux sur dix sera exécuté. Avec "La décimation", Rick Bass dont j'ai déjà présenté les nouvelles (Les Américains de Bass) nous offre un roman remarquable en tous points. Sur fond historique authentique, la création d'une milice de la République du Texas, oui le Texas a été indépendant, Bass nous narre une aventure militaire, paramilitaire plutôt, particulièrement absurde. Ces hommes traversent le Rio Grande pour en découdre avec les Mexicains. Cruautés bilatérales, c'est ça qui est bien avec la guerre... On a parlé pour ce livre de Cormac McCarthy, enfant chéri de la critique française depuis No country... On a parlé aussi de Stephen Crane immortel auteur de "The red badge of courage" dont bien des blogueurs ont déjà évoqué l'intérêt.

Cette seconde référence me semble plus évidente tant la fragilité des personnages, leur inadéquation pour la plupart avec le milieu brutal, minéral et inhumain auquel ils sont vite confrontés, nous ramène aux tourments du tout jeune soldat de la Guerre de Sécession décrit dans "La charge victorieuse", titre français du film de Huston d'après Crane. Mais "La décimation" n'est pas un livre sur la guerre, fut-elle méconnue. C'est une longue ballade presque au sens médiéval sur la naïveté et parfois même l'angélisme de ces croisés d'un nouveau genre. On croit tous connaître l'histoire de l'Amérique sous prétexte qu'elle est courte. C'est oublier les soubresauts qui accompagnèrent la naissance et l'enfance de la jeune république.

Lire "La décimation" c'est aussi plonger dans ce désert mexicain brûlant et froid, boire à l'eau des cactus, et se colleter à la gloire naissante de ces apprentis héros qui ne connaîtront en fait que les geôles d'un château de roche et l'inextinguible soif de survivre, au prix de toutes les humiliations. Mais ceci est une autre histoire, universelle et de tout temps. Vous n'oublierez pas ces hommes, dessinés au long de l'aventure par l'un d'entre eux, Charles McLaughlin, sorte de correspondant de guerre, dont les croquis témoignent de la bêtise et de la haine sous le fallacieux prétexte d'être né sur l'une ou l'autre rive du mythique Rio Grande. Rio grande dont on parle toujours à propos de frontière...
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