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Critique de nescio667


De la belle ouvrage que voici. Un 'beau livre' entièrement dédié au héros fétiche de Léo Malet, le « privé qui met le mystère KO », Nestor Burma, patron de l'agence Fiat Lux. Avec cette somme, l'auteur, Jacques Baudou, propose un tour complet de l'univers du bon Nestor. Il démarre par une biographie, qu'il intitule 'biographie de Nestor Burma', mais qui se révèle à la lecture une biographie croisée du personnage de fiction et de son créateur. Cette première partie est la plus importante de l'ouvrage, nous y voyons les deux hommes naître à Montpellier, se rencontrer à l'école et se retrouver plus tard à Paris. Tous deux fréquentent les mêmes cercles artistiques et littéraires surréalistes et éprouvent une même sympathie bienveillante pour les milieux anarchistes. Ces sympathies, Burma y restera fidèle tout au long de sa vie : pierres angulaires de l'oeuvre de Malet, elles seront constitutives de l'originalité de son univers. Baudou suit les deux hommes pas à pas et nous propose ainsi un voyage au travers de chacune des enquêtes du privé, en même temps qu'il nous fait voyager dans ces septante premières années du 20e siècle. Il semble bien que ce cadre dépourvu de toute technologie ait été comme un pays de cocagne pour Malet et son personnage. Malet était parfaitement en phase avec son temps ; il a su trouver dans le Paris de cette époque un terrain parfait pour les énigmes tarabiscotées auxquelles il confronta Burma et son équipe. D'ailleurs, Baudou ne s'y trompe pas, lui qui établit sans cesse des ponts entre les enquêtes de Burma et celles de ses légendaires 'confrères' : Maigret, Arsène Lupin, Rouletabille, Holmes et même Gil Jourdan, le personnage de privé créé par Maurice Tillieux. Cette image d'une capitale 'simple', aux rues pavées et au 'rades' où tout le monde semblait se connaître s'impose comme une autre marque de fabrique de Malet. C'est d'une ville à taille humaine qu'il s'agit et il n'est pas étonnant que Malet ait décidé de situer chacune des enquêtes de son personnage dans l'un de ses arrondissements, projet qu'il ne put d'ailleurs mener à terme.
Après cette partie biographique (à laquelle il adjoint de plaisantes pages consacrées aux meilleures répliques du détective -Malet n'avait pas sa langue en poche- et d'autres, d'une facture plus scientifique, consacrées à une bibliographie de l'oeuvre), Baudou se penche sur les autres vies de Burma (à la radio, au cinéma, en télé, en BD) avant de livrer un important chapitre consacré aux 'rivaux' du détective à travers le monde (soit les autres privés, nés de l'imagination d'autres auteurs). Cet avant-dernier chapitre n'est pas avare de détails, puisqu'il aborde aussi bien des personnages passés dans l'imaginaire collectif (Sam Spade, Philip Marlowe, Mike Hammer, Mannix ou Pepe Carvalho) que d'autres, nettement moins connus (Jim Rockford, Peter Gun ou Johnny Staccato pour ne citer qu'eux).
Le dernier chapitre est consacré à Johnny Métal, précurseur et ensuite contemporain de Burma, également un personnage de privé à qui Malet donna vie sous le pseudo de Frank Harding.
Malheureusement handicapé par une non-relecture qui saute aux yeux tant le nombre de 'coquilles' y abonde, ce 'Nombreuses vies de Nestor Burma', abondamment et judicieusement illustré par de nombreuses photos noir et blanc de Paris (dues à Jean Ruaud) et d'autres illustrations d'époque (publicités, couvertures d'ouvrages, dessins...) s'impose comme l'ouvrage de référence sur l'oeuvre de Malet. On s'y plonge et replonge avec plaisir, l'ambiance de ce temps passé nous saisit sans difficulté. La sensation de s'extraire de son époque pour se téléporter comme par magie dans cette première moitié du 20ème siècle ravira les amateurs des polars -filmés ou écrits- qui fleurissaient alors. A n'en pas douter en tous cas, cette lecture donnera à tous l'envie de se plonger (ou replonger) dans les écrits de Malet.
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