- Vous avez dû aimer lire, autrefois, déclara-t-il.
[...]
- Autrefois..., répéta-t-il pensivement. Autrefois, pour moi, lire était comme respirer.
[...]
- Que s'est-il passé ?
- Un jour... j'ai juste arrêté de respirer.
Dans la vie, il se produit parfois des choses qu'on n'avait pas prévues. Des choses qu'on voudrait pouvoir effacer, sauf que c'est impossible. Mais ces choses ne sont pas nous, même s'il arrive qu'on le croie et qu'on se déteste à cause de ça, jusqu'à la fin de ses jours.
Peut-être qu'on se fait une fausse idée des miracles. Peut-être qu'ils ne sont absolument pas spectaculaires... mais lents et fastidieux... Comme ces glaciers qui sculptent des vallées, sauf que ça ne se voit pas.
Que tu coures après un rêve sans espoir, ou que tu fuies un cauchemar, tu ne t'en rapprocheras, tu ne t'en éloigneras jamais d'un pas.
- Ca peut toujours être pire.
Le diable a de nombreux visages.
- Autrefois, pour moi, lire était comme respirer.
- Que s'est-il passé ?
- Un jour... j'ai juste arrêté de respirer.
- On dirait un homme normal.
Dans le silence qui suivit, Joseph sentit une présence se dresser derrière lui. Lorsque Tom Leyton finit par s'exprimer, ses paroles lui firent l'effet de lourdes pelletées de terre jetées au fond d'une tombe.
- Comme la plupart des monstres.
Des tas de choses arrivent dans la vie... Tout le monde se charge... de fardeaux... et doit les transporter avec soi. Mais parfois, le fardeau est trop lourd, trop terrible, et devient écrasant - devient tout ce qu'on a, et toute notre vie consiste à trouver un moyen de le porter. Et personne ne voit qu'il y a quelqu'un sous ce fardeau, personne n'a même idée qu'il puisse seulement y avoir quelqu'un...
Ils sont la parfaite illustration de ce qu'est vraiment la vie, explique Tom Leyton. Ils naissent, ils vivent et ils meurent. Leur vie n'a ni but, ni raison. Et ils mènent leur existence absurde dans une ignorance bénie jusqu'à ce que quelqu'un les fiche à la poubelle.