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Citations sur L'affaire Eulenburg et les origines de la Guerre mond.. (2)

[...] ... La mémoire de Philippe d'Eulenburg reste lourdement chargée d'une accusation qui a terni l'éclat de son fier blason, constantia et virtute [= constance et bravoure]. "Avec l'aide de Holstein, Harden m'a fait passer pour un être taré." De fait, pour beaucoup de contemporains, son nom ne subsiste que grâce à la réalité du vice qu'il semble symboliser ; il demeure frappé d'un discrédit moral où se mêlent honte et dérision.

"Au spectacle des angoisses du pauvre Phili," écrit Bülow, "on ne peut s'empêcher d'évoquer le sort d'Oscar Wilde. Le poète dut subir la dure peine qu'esquiva le prince. Mais comme artiste, l'Anglais est supérieur à l'Allemand ; Le Portrait de Dorian Gray, Salomé, De Profundis, La Ballade de la Geôle de Reading ont une plus haute valeur artistique que les Skaldengesaenge et les Rosenlieder."

Doit-on voir un malade en cet homme de moeurs décriées ? Sans vouloir s'égarer dans les fâcheux bas-fonds de vilaines histoires, il est impossible d'éluder certaines questions scabreuses. Male olet. Harden et son avocat Bernstein ont recueilli les discours empoisonnés de la médisance, toujours prête à déverser l'outrage en propageant des fables scandaleuses ; ils ont pu ainsi lancer contre Eulenburg cent-quarante-cinq accusations ; contre lui, ils ont colporté les ragots d'une vile curiosité, attisée par la haine, qui prétendait montrer à nu l'âme dont elle arrachait les voiles, et leur réquisitoire ne s'appuyait souvent que sur l'absurdité calomniatrice des cancans.

Certes, il n'est pas indispensable de signaler les erreurs qui fourmillent dans les volumineux dossiers de "l'affaire Eulenburg." Douze-cent-cinquante pages in-folio représentent la documentation d'un seul procès, qui a aligné un nombre prodigieux de détails superflus, grotesques ou répugnants. "En fait d'inutilités, il ne faut que le nécessaire." Devant cet amas d'accusations, il suffira d'établir ce qui peut en subsister dans le cadre des sentiments humains, et malgré les dénégations systématiques derrière lesquelles se retrancha le prince : maître de ses secrets, il nia tout." ... [...]
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[...] ... "Tout dépend de la manière dont on fait envisager les choses au roi," déclarait jadis un aventureux personnage de Mina Von Barnhelm. D'esprit aiguisé, Eulenburg ne craint pas de dépasser le ton de la contradiction courtoise et du badinage. Il reproche à Guillaume II un zèle excessif pour les voyages, qui le fait accuser d'insouciance et de légèreté ; il lui signale ses imprudences et le danger de certains discours. Il possède l'habileté de tout dire sous le couvert de la louange : "Le don oratoire de Votre Majesté recèle un danger : qu'Elle en use trop souvent. L'excellent effet d'une allocution peut être détruit par un seul mot d'une seconde harangue. En étant économe de ce don, Votre Majesté obtiendra un succès centuple." Parfois il s'exprime plus librement. Pourquoi avoir écrit sur le Livre d'Or de Munich : "Regis voluntas suprema lex [= la volonté du souverain constitue la loi suprême"] ? La ville a vu deux fous se succéder sur le trône royal ! Holstein affirme à ce sujet : "Votre lettre est héroïque, de l'avis de Marschall et du Chancelier. Votre Sermon sur la Montagne est imposant."

Eulenburg est consterné à la vue du discours que l'Empereur a prononcé à Brandebourg le 24 février 1892 : "Je vous mène vers des jours magnifiques." Il écrit à Guillaume II que cette harangue "a aggravé la situation", et s'efforce de donner un tour agréable à une vérité pénible : "Le grand talent oratoire de Votre Majesté et sa manière captivent les auditeurs présents. Mais une autre image apparaît aux yeux du professeur allemand, jugeant froidement du contenu. Les temps où l'on ne devait pas discuter ce que disait un empereur sont passés. Votre Majesté donne trop souvent trop de publicité aux mots impériaux."

Eulenburg a été accusé de soutenir Guillaume II par courtisanerie dans ses fantaisies d'autocrate. Cherchant en tout à plaire à son maître, à flatter et à devancer ces désirs, ce courtisan, "le moins sincère, le moins scrupuleux, le plus dangereux de l'Empire" se serait ingénié à l'exciter contre la social-démocratie. Cette accusation ne semble pas fondée. Il est vrai qu'un incendie ayant éclaté dans l'été de 1899 en son domaine de Liebenberg, Eulenburg avait écrit à l'empereur : "Je crois que les social-démocrates sont à l'oeuvre pour semer le désordre", et il avait confié à Bülow : "Sa Majesté prétend que l'incendie a été allumé par des social-démocrates qui voulaient atteindre en moi son ami." Mais la même année, il s'affecte du langage exalté que tient l'empereur à la suite de grèves. "Pas d'amélioration à espérer tant que les chefs socialistes n'auront pas été fusillés ! Il faudrait une loi permettant de déporter aux îles Carolines tout social-démocrate." ... [...]
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