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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Paris, milieu des années 1990. Ülkü Öztürk, journaliste française d'origine turque, est sollicitée par la police pour identifier le corps d'un diplomate turque brutalement assassiné. En voyant le corps étendu sur un chariot, à la morgue, Ülkü se replonge dans ses souvenirs…

Et ne reste que des cendres est un roman-fleuve, qui balaie de manière virtuose l'histoire de la Turquie à la fin du XXème siècle. Au centre de l'intrigue, une héroïne inoubliable, la mystérieuse Ülkü, qui tombe amoureuse très jeune d'un homme qui est tout son contraire. Elle est libre et volontaire, il préfère suivre une voie toute tracée. Elle est communiste, il est l'héritier d'une riche famille et veut occuper de hautes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Avec eux, Oya Baydar ne se contente pas de raconter une belle histoire d'amour : son intrigue, universelle, est aussi éminemment politique. Elle narre de manière efficace, sans clichés, les désillusions des militants, les espoirs qui brûlent et partent en fumée, les dangers du pouvoir.

Autour de ses personnages principaux, l'auteure tisse une belle toile de personnages secondaires, réalistes et vivants, comme l'irritante mère d'Ülkü ou Mehmet, le timide militant communiste. L'histoire est très dense, pas toujours facile à suivre en raison des multiples flash-backs qui se succèdent d'un paragraphe à l'autre, mais toujours passionnante, servie par la plume aiguisée et poétique d'Oya Baydar.

Un très beau roman. Merci à Babelio et aux éditions Phébus de m'avoir permis de le découvrir dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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Ülkü Öztürk est journaliste pour un grand quotidien français. A ce titre, elle est convoquée par la police pour être interrogée sur ce qu'elle sait de Arin Murat, homme d'État turc qui vient de se faire assassiner rue des Écoles à Paris et avec qui elle a dîné la veille. Elle qui a milité dans les rangs communistes, qui a été incarcérée et torturée, dont le fils Umut (« espoir » en turc) a été exécuté pour rien, elle devra s'expliquer à la fois devant la police française et l'ambassade de Turquie à Paris.
Commence alors un savant va et vient entre la Turquie des coups d'État et des révoltes estudiantines et celle d'aujourd'hui, entre Paris, Istanbul, Ankara et Leipzig ou Moscou. Va-t-on s'y perdre ? Non, car la précision de la construction et la clarté d'écriture sont telles que nous retrouvons nos repères, notamment grâce à des personnages au profil psychologique et au parcours très précisément rendus.
Longue méditation en action sur l'écart entre les idéologies les plus généreuses, les plus enthousiastes, les plus libertaires et la réalité politique d'un pays qui vit de soubresaut en crise, qui voit fleurir les politiques les plus liberticides et répond par le sang, la geôle et la torture aux mouvements de la jeunesse.
L'arrière-plan politique de ce roman, omniprésent comme un personnage à part entière laisse dans ce roman – sans doute en grande partie autobiographique – une part belle à l'histoire d'amour entre Ülkü, la révoltée aux idées de gauche bien arrêtées, et Arin, le politicien qui choisira sa carrière plutôt que sa passion.
Un portrait de la société turque se tisse au long des lignes, tradition, ambitions, qu'en dira-t-on, espoirs fous de la jeunesse, aspiration à la modernité sont ici rendus avec une grande vérité. Aujourd'hui, l'espoir – déçu – d'entrer dans l'Union européenne laissera-t-il la place à un régime tyrannique, celui d'Erdogan, à l'exaspération du sentiment religieux, à la tentation de faire acte de violence contre une Europe hermétique et méprisante ? Un livre qui permet une réflexion à partir d'une analyse certes partisane mais sincère. On aurait aimé que figure, un peu plus qu'en toute fin du livre, une approche du sentiment religieux en Turquie et qu'on en apprenne davantage sur ce que pensent les milieux progressistes de l 'actualité dans ce domaine.
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Paru il y a déjà quinze ans en Turquie, ce roman d'Oya Baydar -dont j'avais beaucoup aimé "Parole perdue"- vient enfin de bénéficier d'une traduction en français.

Construit en un savant tissage de flash-back maîtrisé de façon éblouissante, très ancré dans l'histoire de la Turquie moderne, des années 60 environ jusqu'à la fin des années 90, "Et ne reste que des cendres" résonne avant tout comme un hommage nostalgique, à la fois tendre et plus encore triste et amer, à toute une génération passionnée, engagée, pénétrée de l'idéologie marxiste-léniniste, qui se sera battue avec enthousiasme et conviction, en vain, croyant lutter pour un monde meilleur.

L'histoire débute quasiment par la fin, en 1996 à Paris. Ülkü Öztürk, journaliste turque naturalisée française se retrouve convoquée par la police pour reconnaître le corps d'Arin Murat assassiné la veille, Arin avec qui elle connut autrefois une relation passionnelle par lui sacrifiée à des ambitions carriéristes. Ce haut fonctionnaire turc, appartenant aux plus hautes sphères de l'état, avait pour mission de faire avancer le dossier de l'entrée de son pays dans l'Union européenne. Quel est ou quels sont les auteurs de ce crime? Quels en sont les mobiles précis? Là ne sera pas finalement le sujet du livre; tout au plus le prétexte à toucher du doigt des aspects obscurs impliquant l'existence probable d'un réseau criminel dont les ramifications s'étendraient jusqu'au sein de l'appareil d'état.

Pour qui n'en est pas familier (c'est mon cas) ce livre, par sa dimension politico-historique très présente, constitue, sinon une bonne approche, (les évènements marquants sont évoqués mais demeurent souvent confus pour les non-initiés) du moins une bonne sensibilisation au climat chaotique et délétère d'une Turquie transformée en champ d'exactions, d'affrontements entre factions radicalisées de gauche comme de droite et violence d'état sur fond de guérilla kurde. le lecteur un peu curieux y trouvera en tout cas incitation à enrichir ses connaissances sur la question.

Dans ce contexte troublé, Oya Baydar, s'inspirant probablement de son propre parcours, nous invite à suivre celui de son personnage principal, figure féminine forte, libre et lumineuse et de quelques autres figures non moins marquantes dont les destins s'entrecroisent. Ülkü, comme d'autres militants communistes, se verra contrainte à l'exil à Moscou ou ailleurs en Europe, loin de son fils, pour échapper à la terrible répression suite au coup d'état de 1980. Pour les uns, l'effondrement du régime soviétique sonnera le glas de leurs espoirs engendrant leur propre effondrement: "Désormais, il ne leur restait pas plus de monde nouveau en vue que de force pour en supporter le poids"; d'autres suivront d'autres voies sans que leur destin soit pour autant plus heureux ou porteur d'espérance.
La fin relativement ouverte semble mettre en avant une assertion de l'un des personnages comme quoi " la vie n'(aurait) pas d'autre but, d'autre sens qu'elle-même". Et cette porte meurtrie par les atteintes de la vie et du temps, définitivement cadenassée, illustrant fort à propos la couverture de l'ouvrage, se refermera sur un passé désormais irréversible de souffrances et d'illusions perdues.

Comme à son habitude, semble-t-il, l'auteure nous entraîne dans une réflexion riche de questionnements notamment sur la responsabilité et la nature corruptrice du pouvoir.

Je ne saurais faire l'impasse sur le volet histoire d'amour auquel certain(e)s pourront être plus sensibles, histoire d'une passion unique et dévorante qui défiera l'espace et le temps, braises mal éteintes, réactivées au fil de rencontres rarissimes qui jalonneront ce parcours de femme, ne laissant au final que des cendres comme tout le reste...

Enfin concernant l'écriture, comme dans "Parole perdue", Oya Baydar joue à la fois avec subtilité de la subjectivité des personnages et de l'omniscience de l'écrivain. Mais je voudrais insister sur la remarquable construction évoquée précédemment, point fort du roman selon moi. Toutes ces bribes du passé livrées dans un désordre apparent, s'articulent en réalité selon un schéma virtuose de telle sorte que l'auteur parvient à en exprimer toute l'intensité douloureuse tout en préservant la découverte de ces destins. de la belle ouvrage!
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Ulku est une journaliste turque. Elle a été convoquée pour identifier les cadavre de son ami Arin, homme politique turc assassiné dans une rue de Paris. le passé resurgit. Sa vie a été marquée par son engagement dans le parti communiste turc. Elle a été emprisonnée, torturée. Puis, s'est réfugiée avec son mari Omer en Russie. Sa vie, c'est aussi son amour pour Arin. Leurs univers sont opposés . Lui est issu d'une famille riche et devient un homme d' Etat, fidèle à son devoir : servir le pays quelque soit le gouvernement. Il renonce à épouser Ulku de famille modeste et militante révolutionnaire.
Roman sur la Turquie actuelle avec ses coups d' Etat, ses droits de l'Homme bafoués. Roman sur les désillusions . Désillusions politiques : le communisme s'effondre. Désillusions sur l'amour . Qu'en reste-t-il ? Rien que des cendres.
Un livre profond, triste mais illuminé par des citations de poète. Superbe
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Oya Baydar nous livre les éclats d'une vie, des souvenirs par bribes lancés au lecteur. Un roman qui évoque la fragilité de la conscience politique face à l'attrait du pouvoir; qui nous offre un panorama de la Turquie des années 70 à nos jours, de sa résonance en Europe.

D'une écriture douce qui dépeint la violence des hommes et celle des idées, elle fait entendre la voix d'Ülkü, une femme forte et tourmentée, dévorée par la passion.

Entre la France et la Turquie, d'hier à aujourd'hui, les époques et les lieux s'entremêlent pour dévoiler au fur et à mesure les pièces d'un même puzzle. Les sentiments d'une femme, qui porte en elle les valeurs et les idéaux d'un espoir fou, se heurtent aux convictions, à la machinerie politique.

Oya Baydar m'a envoûtée avec des mots justes, poignants et humbles.




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Visiter Istanbul, c'est comme visiter Rome : on a l'impression d'être transporté dans les pages d'un livre d'Histoire. Et j'ai adoré cette ville, son atmosphère, ses quartiers et ses habitants.

C'est la raison pour laquelle j'ai eu envie de lire « Et ne reste que des cendres » afin de comprendre un peu mieux la situation politique de ce pays.

Ülkü Öztürk est une jeune femme à l'intelligence vive, ouverte sur le monde grâce à l'éducation que lui ont donnée ses parents, tous deux professeurs. Or depuis le décès de son père, la famille a bien du mal à vivre. Ülkü passe une grande partie de ses nuits à aider sa mère à faire des travaux de couture ou de retouches.

Son entrée à l'université, au début des années 1970, marque sa rencontre avec deux choses qui seront déterminantes dans sa vie : elle tombe amoureuse et vit une histoire d'amour intense avec Arin Murat, descendant d'une lignée de Pachas ; et sa découverte du mouvement communiste étudiant dont le but est d'installer en Turquie le « paradis » promis par le » Grand Frère » c'est à dire le parti communiste soviétique.

Or, la Turquie est un pays où l'Etat est primordial et a tous les droits. La répression envers ceux qui sont qualifiés de terroristes est terrible : arrestations arbitraires, tortures, assassinats.

La jeune femme, blessée dans sa chair et dans son coeur, sera contrainte à l'exil et deviendra finalement, au terme d'un périple de plusieurs années, journaliste dans un grand quotidien à Paris.

L'auteure, Orya Baydar, semble avoir connu sensiblement le même destin que son héroïne. Elle décrit avec force détails la situation politique de son pays de coups d'état en dictatures militaires qui se succèdent. C'est ce qui m'a un peu gênée dans ma lecture car j'avoue que parfois je me perdais un peu et il m'a fallu venir à bout des 100 premières pages pour entrer véritablement dans l'histoire.

Cependant, il y a une chose que j'ai comprise : la situation aujourd'hui en Turquie me semble n' être que la continuité de ce qu'elle connaît depuis des dizaines d'années : la force et l'intimidation sont toujours de rigueur.

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J'ai aimé découvrir la Turquie de la 2e moitié du 20e siècle à travers le personnage d'Ülkü. Les constants flash backs (à différentes époques) peuvent être un peu rébarbatifs. Les longues pages politiques m'ont moins passionnées. Reste un roman fort intéressant qui permet de mieux appréhender la Turquie de cette période mais qui éclaire également le présent.
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