Le chemin parcouru est une autobiographie d'
Ishmael Beah, dont la vie d'enfant s'est arrêtée trop vite lorsque la guerre civile a éclaté en Sierra Leone. Il doit s'enfuir lorsque son village est attaqué par les rebelles, et se réfugie dans un endroit tenu par l'armée. Ses parents sont tenus pour morts, et l'armée recrute tous ceux qui veulent venger un proche tué par les rebelles ; c'est comme ça qu'à 11 ans il devient enfant soldat.
Lui et ses amis sont envoyés se battre après un entrainement pour le moins sommaire. Il voit deux amis mourir lors de la première bataille pendant que lui tue son premier ennemi. Puis c'est l'enchainement, la routine de la guerre. Ce n'est pas un conflit au sens où on l'entend en Europe, avec deux armées qui s'affrontent au nom d'une idéologie. Les armées en question sont livrées à elles-mêmes, et leur but est de manger et de tuer. Les soldats sont envoyés en mission de reconnaissance, et lorsqu'il repèrent un village où il y a des réserves de nourriture, ils l'attaquent. Personne ne demande aux villageois quel parti ils soutiennent, peu importe. Ensuite soit ils s'y installent un moment, soit ils le brûlent après l'avoir pillé. Et malheur à ceux des habitants qui ne courent pas assez vite pour fuir à temps.
La vie ne compte pas, les prisonniers sont systématiquement massacrés, souvent les habitants aussi, on en garde juste quelques uns pour porter le butin jusqu'au camp.
L'une des recettes pour transformer des enfants en monstres sanguinaires, c'est la drogue. Comme partout en Afrique, les soldats sont drogués avant de massacrer tout un village dont le seul tort est d'être resté indemne alors que le chaos règne partout ailleurs.
Quelques années plus tard, il est choisi pour participer à un programme des Nations Unies qui vise à démilitariser les enfants. Il raconte la souffrance des enfants sevrés de drogue, leur refus de toute autorité civile alors que leur monde se résumait jusque là à l'armée. Il raconte la bagarre dans le refuge lorsqu'ils s'aperçoivent que des ex enfants soldats rebelles sont hébergés avec eux. Ça se soldera par des morts "Nous avions été conditionnés pour tuer" dit-il. "J'avais besoin de violence".
Ishmael Beah va s'en sortir grâce à l'attention et à la patience de quelques personnes du refuge. Il sera même choisi pour incarner la voix des enfants de Sierra Leone à l'ONU. de retour dans son pays, il connait un moment de paix avant qu'un nouveau conflit, aussi meurtrier que le premier, ne se déclenche. Là encore le livre montre bien l'absurdité du conflit. Il ne parle jamais de politique, il n'y en a pas, seul le pouvoir compte. Les soldats de l'armée régulière se comportent comme les rebelles, ils tuent tous ceux qui ont quelque chose à voler, ou tous ceux dont le regard ne leur plait pas. Aucune loi sinon celle de la Kalachnikov.
Ishmael Beah arrive à fuir en Guinée, et vit maintenant aux États-Unis où il se consacre à la défense des enfants dans le monde.