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Critique de Artelode


Il fut un temps où…

la Guerre de Cent Ans sévissait, l'épidémie de Peste Noire décimait la population, la crainte et la superstition dominaient les hommes, l'instruction faisait cruellement défaut. Un temps où les sorcières étaient brûlées vives…

Composé de trois parties, d'une liste de noms de lieux et d'un glossaire fort utiles à la lecture, le roman offre une peinture particulièrement instructive du Périgord médiéval. Nous y suivons Ysolda, depuis son enfance à La Taverne de l'Anguille – lieu de dépravation tenu par ses parents, jusqu'à Bragerac et Bourdéu où elle rencontrera des personnages d'exception. Parsemée d'épreuves, la vie de la jeune fille oscille entre terreur et moments de sérénité. Contrainte de fuir, laissant derrière elle les gens qu'elle aime ou qu'elle a aimés, elle n'a d'autre choix que de s'adapter, de grandir presque malgré elle. Est-ce cela vivre, grandir ? S'agit-il uniquement de fuir cette vie de misère, comme le lui répétait sa mère ?

Très bien écrit, le roman est prenant. Il prend la forme d'un récit initiatique en suivant la trajectoire incertaine d'Ysolda dont les mots, les pensées, la sensibilité, les craintes, les silences et la relation aux autres révèlent une fraîcheur inattendue et émouvante.
Du réalisme, du merveilleux et du fantastique

Si le temps de l'insoumise est un roman réaliste, avec un ancrage des situations et des personnages dans une époque précise, un autre monde se dessine sous la plume de Jacquie Béal. À plusieurs reprises, j'ai eu l'impression de lire un conte. Ce qui n'a pas été – vous l'imaginez bien – pour me déplaire ! L'écriture laisse en effet des blancs que le lecteur peut interpréter et combler à sa guise. La mère d'Ysolda, en lui dévoilant quelques bribes de l'histoire de sa naissance, ouvre une porte vers un imaginaire salvateur. Partagée entre la crainte de l'inconnu et la douceur que lui procurent de précieux objets transmis par sa mère, Ysolda se reconstruit. Recueillie par Nantechilde et Lupa, puis par Floberte et Maître Hennebault – grâce auquel elle découvrira le monde de l'enluminure -, elle réapprend à vivre, quittant peu à peu ses habits de jeune fille fragile et maltraitée, prenant de la distance par rapport à son enfance volée. Dans l'atelier des enlumineurs – père et fils -, si différents soient-ils, la magie opère, jusqu'à guider la jeune femme vers un univers artistique foisonnant. Univers qui ne demandait qu'à émerger. J'ai parfois eu l'agréable sensation, en tant que lectrice, d'être assise aux côtés d'Ysolda, ou bien à la table d'Hermelinde préparant les matériaux, les couleurs, la colle nécessaires au travail des artistes. Dans ces moments-là, on en oublierait presque le contexte historique…
Une suite ?

À la fin du roman, tous les ingrédients sont réunis pour imaginer une suite en cours d'écriture. En effet, le temps de l'insoumise commence tout juste. La renaissance d'Ysolda est simplement esquissée, et l'on pressent que l'avenir qui s'offre à elle l'aidera à s'éloigner du temps cruel où elle vivait chez ses parents, prenant soin de cacher sa beauté et ses formes pour éviter de devoir se plier aux exigences de son père.

Ysolda percera-t-elle le mystère de sa naissance ? Trouvera-t-elle sa place dans un monde dominé presque exclusivement par les hommes ? Réussira-t-elle à vivre pleinement selon ses valeurs, à oeuvrer pour un monde meilleur ? Autant d'interrogations qui restent en suspens.
Pour en avoir le coeur net, j'ai donc posé directement la question à Jacquie Béal.
"Je n'ai pas l'intention d'écrire une suite. Je m'attache à accompagner mes personnages de la fin de leur enfance au début de l'âge adulte, au moment où les événements et les rencontres leur ont permis de grandir et de trouver leur voie. le lecteur a tout loisir pour imaginer une suite. […] J'aime l'inconfort qu'imposent les challenges. Changer d'époque, de milieu social, (la Dame d'Aquitaine appartient à la noblesse du XVIIe siècle)… etc… À chaque fois, c'est une recherche précise et documentée sur les us et coutumes, le langage… Peut-être un jour écrirai-je des sagas, je ne m'interdis rien, bien sûr." (Jacquie Béal, le 4 février 2018)
Lien : http://lecalepindunelectrice..
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