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Critique de Bigmammy


Pourquoi lire aujourd'hui une histoire de l'empire romain ? Mes six années d'apprentissage du Latin entre 1957 et 1963 ne m'ont sans doute pas laissé de profonds souvenirs …
J'avais toutefois encore en mémoire des noms de personnages : l'étude laborieuse de Virgile et son Eneïde avec son héros fuyant Troie avec son père sur le dos et son jeune fils, le combat fraticide entre Romulus et Remus, les laborieuses (pour moi) traductions des plaidoiries de Cicéron, les récits autobiographiques de la Guerre des Gaules par César, l'homme « nouveau » Marius, Catilina, Jugurtha, les guerres à répétition contre Carthage « Catago delenda est » … et le divin Auguste, le premier empereur. Tout ça bien confus dans ma mémoire qui flanche et l'envie de remettre toutes ces notions dans l'ordre.

D'un abord facile, riche de références contemporaines que chacun peut comprendre, Mary Beard livre ici un récit passionnant sur le berceau de la civilisation occidentale. Un démenti méticuleux à l'image rêvée de la Rome républicaine aux institutions modèles.

L'éditeur présente ainsi ce document passionnant : « Comment ce qui n'était qu'un village insignifiant dans le centre de l'Italie est-il devenu le siège d'un empire dominant la Méditerranée ? Mary Beard raconte dans cet ouvrage majeur l'émergence puis la chute d'une culture sans précédent, qui a façonné nombre de nos concepts fondamentaux sur le pouvoir, la citoyenneté, la guerre, la violence politique, l'empire, le luxe ou la beauté.
Du mythe fondateur de Romulus et Remus (VIIIe siècle av. J.-C.), à l'édit de l'empereur Caracalla offrant la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l'empire (IIIe siècle), Mary Beard retrace toute l'histoire de l'Urbs.»

Mary Beard place la charnière de la période aux ides de mars (44 avant J-C), jour de l'assassinat de César par Brutus, un homme à l'époque enfoncé jusqu'au cou dans les dettes et pratiquant l'usure au taux de 48% !
En réalité, l'expansion de l'empire fait exploser les institutions politiques conçues à une échelle relativement modeste et qui n'a pas évolué depuis le IVè siècle avant J-C, déjà mal adaptées au gouvernement de la péninsule italienne.

Au premier siècle avant J-C, Rome est devenue une métropole abritant un million d'habitants, où la faim, l'exploitation et les graves disparités de fortune servent de catalyseur aux protestations, aux émeutes et aux crimes.

Cette démocratie était essentiellement fondée sur la fortune.
Un dernier siècle qui fut florissant pour les arts, la poésie, la théorie, les inventions, où l'Etat avait pour mission de s'assurer que les citoyens avaient de quoi se nourrir, une ère féconde dans l'analyse et l'innovation politique, celle des réformes conduites par Caïus Gracchus (122 av. JC) avec distribution de terres aux paysans pauvres.

Le talent de l'historienne britannique « soulève le capot » de certains événements devenus mythiques. Elle explique le contexte, l'ambiance, le paysage politique, la situation économique et sociale en fonction d'éléments issus des plus récentes découvertes archéologiques.

On comprend ainsi que la question qui fait tomber la République est son système de gouvernance et la limitation dans le temps des pouvoirs (2 Consuls élus pour 1 an …) : une incapacité à traiter les problèmes administratifs.

César et Pompée, à la tête de leurs armées quasiment privées, défient les institutions encore plus fort que Sylla ou Marius. Si on considère aussi la vulnérabilité du Sénat face à la corruption, la domination des réseaux d'influence … l'autocratie devient la seule solution, avec la manière dont Auguste parvînt à établir le pouvoir personnel en tant qu'institution permanente.

Pour les deux siècles suivants, 14 empereurs établissent une forme de stabilité politique, malgré de nombreux assassinats. Et qui vont se confronter à l'émergence d'une secte qui refuse d'honorer les dieux romains : les chrétiens. Une leçon de politique, terriblement contemporaine, et qui donne à réfléchir …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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