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Citations sur Rien que l'amour : Poésies complètes (96)

Je suis seul derrière mes paroles,
derrière ma tête, ombre sur le mur.
L’armoire triste brille un peu la nuit
et de ce filet renaît le matin.

Limité par la mort, par mon regard,
je reste si longtemps à la même place
que je vois se renverser une à une les lumières
que le soir envoie au-devant de la nuit.

La solitude est haute et noire
entre les arbres qui se retirent dans le soir.
Dois-je crier mon amour aux passantes
entourées de leur beau regard tranquille ?
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Mon cœur bat dans sa toile de sang
oubliant de mon corps le mal le plus récent
et s’attarde à la plaie trop tendre
et mal fermée que font les tempes.

Que sait-il de moi, de ce regard, de cette tête
dont la douleur se détache, dure, cernée
comme une vitre, de cette peau qu'il éclaire
de tous ses éclats captifs?

Veilleur de mon sommeil, veilleur de la nuit
il ne retient aucun de mes rêves
mais se rappelle que des étoiles naissent de lui
à la place où les veines font des clairières.

Dans les flaques où je souffre, où j’attends
et où je ne suis entouré que de moi-même,
il conduit le regard aveugle du sang
pour mourir un jour comme un oiseau abattu.
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Dans tout l’été, il n’y a pas de place pour un cri
pour un peu de rosée sur le bord d’une plante,
pour un oiseau qui sortirait d’un buisson,
pour un mot que le vent dirait aux feuilles.

Le ciel est bleu comme l’œil fixe des poupées
au bord de paupières qu’on ne peut pas fermer
et la terre brûle d’un grand feu calcaire
qui s’apaise au passage des moissons.

Le fond des eaux est si transparent
que le soleil peut y prendre des cailloux
qui montent comme des yeux étonnés
au milieu des herbes assoupies.

Les arbres se font porter par leur ombre
et se souviennent avec émoi du couchant
qui les flatte comme de grands enfants
parce qu’ils peuvent mourir pendant la nuit.
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Quelque part dans une maison calme
le soleil passe à travers les volets
et la poussière se croyant seule se met à danser
sans autre bruit que celui que fait un insecte.

Il y a bien au loin le cri d’un enfant
ou celui d’un chien oppressé de solitude.
Il y a bien, dans l’herbe, le pas d’une source
où la mer vient, en se cachant, prendre pied.

Il n’y a plus soudain dans le jour immense
qu’un bourdon désorienté qui se cogne aux carreaux
qu’un oiseau brûlé de soleil
qui retombe comme une feuille au milieu des blés.

Et la chambre plus profonde que le monde
se tient dans l’ombre auprès de la porte
avec un cœur qui a cessé de battre
parce qu’il n’y a plus de soleil dans les volets.
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Au fond des souterrains où je te rencontre,
que ce soit dans une rue barrée par la nuit.
que ce soit dans une chambre coupée par quatre murs.
ton corps a le poids exact du vent
qui bouge dans un matin de soleil et de rosée.

Dans le feuillage des baisers que tu me donnes,
je découvre peu à peu ton visage
et quand je trempe mes lèvres dans ta bouche,
c’est comme si ta chair s‘ouvrait sur son noyau.

De ma vie à la tienne tout regard est inutile
puisque tu t’étends sur le lit
comme un peu de ciel arraché à l’espace,
puisque nos deux peaux se baignent l’une dans l'autre
avec le frisson dont s’éveille à l’aube une plaine.

De la même façon qu'on entend dans le soir
le pas de l’océan monter vers la terre,
on n’entend plus dans la chambre
que le bruit des vagues qui portent mon corps vers le tien.
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L'ombre ne peut sortir du bois
qu'à la tombée de la nuit.
Elle gagne alors sans bruit
les lits couverts de soie.

Dès qu'une lampe s'allume,
elle rentre dans les murs,
s'y referme comme une blessure
qui va saigner dans les vitres.

Elle veille parmi les pierres
à l'affût des vignobles de clarté
que le soir fait jaillir
d'un sol de plus en plus proche du ciel.

Elle demeure au fond des verres
autour d'une étincelle de jour
Qu'elle entretient avec l'amour
pour que demain le monde se lève.
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La peau est sur le sang comme un papier
qui se déchire à la place des yeux
et l’on voit bien les grands fonds du regard
s’éclairer par moment d’un peu de feu.

C’est le même homme qui va de nuit en nuit
enfouissant sa tête dans le ciel bas.
Quand il se retourne, il trouve toujours
la même ombre qui enchaîne ses pas.

C’est le même homme que se renvoient
les vitrines posées sur des fonds sous-marins.
C’est le même homme entouré de siècles
qui ne trouve plus de carrefours sur sa route.

La pluie tombe droite comme les moissons
et cherche un passage dans le vent dur.
Le jour naissant est si haut, si vide
qu’il n’y a plus qu’un homme sur la terre.
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Enlacés par l’herbe que l'air fait monter jusqu’à nos lèvres,
nous oublions dans notre chambre les paysages
qui venaient vers nous au pas de la terre,
les beaux paysages qui nous prenaient pour des statues.

Vagues s’en allant à la rencontre l’une de l’autre,
nos corps n’ont que la flaque des draps
pour apprendre que l’amour est une montagne
qui s’élève à chaque coup de reins.

Nous n'avons que nos bras et nos jambes
pour serrer un instant les forêts
qu'un éclat de soleil enfonce dans notre chair
et fait flamber jusqu'au dernier arbre.

Nos dernières paroles se sont arrêtées loin de nous,
enfin coupées de leur tronc de sang.
Nous entrons seuls dans un monde ouvert sur nos visages
comme sur son propre noyau.
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Passé le genou où la main se creuse
comme une semence qui germe
en soulevant un peu la terre,
je vais vers ton ventre comme vers une ruche endormie.

Plus haut ta peau est si claire
que les jambes en sont nues pour tout le corps
et mon regard s’y use
comme au plus tranchant d’un éclat de soleil.

Au-delà, il y a ta lingerie qui sert à t'offrir
et à colorer mon désir.
Tes cuisses, lisibles de toute leur soie, se desserrent
et je vois la ligne de partage de ta chair.

Géants de la sensation,
mes doigts vont se fermer
sur le seul point du monde
où se carbonisent des hauteurs entières de jour.

Et c’est enfin la pleine rivière
que je remonte sans effort,
parce que tes seins s’y élèvent
comme deux cailloux à fleur d’eau.
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Dans une chambre une femme m'attend
dont le corps à vif va s'ouvrir au mien
dans un instant d'une plénitude telle
que rien ne peut la limiter, pas même la mort.
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