Edith Fournier, c'est une meuf qui connaît bien
Beckett et qui est capable de nous raconter dans des notes détaillées tous les trucs les plus incompréhensibles qui peuplent ses poèmes, ce qui fait qu'au lieu de se torcher le cul avec des vers abscons, on finit juste par les trouver insignifiants. Il semblerait que ce soit un progrès. Mais sur ce coup, dans sa tâche de traductrice, Edith a vraiment foiré en traduisant « Whoroscope » par « Peste soit de l'horoscope ». Tout le monde n'étant
pas bilingue ici, précisons que « whore » en anglais signifie « pute » en français et que traduire « Whoroscope » par « Peste soit de l'horoscope » risquerait de nous conduire jusqu'à un « My astrologer have the bubonic plague ». Tout s'effondre, chienlit de dieu ! Dire que les Editions de Minuit auraient pu s'enorgueillir d'avoir publié un recueil de poésies qui se serait intitulé « Putoroscope ». Ça, ça le fait.
Parlons dudit poème. Fut composé en une nuit par le jeune
Beckett pour remporter un petit concours scolaire. 98 vers où c'est foisonnant de jeux de mots et de références pour partouzeurs de droite, des private jokes que ne comprendront que ceux qui ont couché avec
René Descartes.
Les autres poèmes de ce recueil furent composés entre 1932 et 1976. le style évolue partiellement pendant ces 40 ans, comme quoi on apprend peu et doucement. Samuel comprit progressivement qu'il y gagnerait beaucoup à cesser de tordre des fesses sur les trottoirs publics de la poésie mais ne nous épargne
pas certains effets de style dispensables –ainsi le bégaiement pour dire que certains trucs sont
pas faciles à dire, oh non.
J'ai bien aimé deux ou trois vers qui me rapportaient à ma situation actuelle, par exemple « ne vaut-il
pas mieux avorter qu'être stérile ». Des quinzaines de tests de grossesse après, je peux dire que non, il vaut mieux être stérile que de dépenser son argent de poche pour engrosser l'industrie pharmaceutique. Ceci dit, en ces périodes de gavage des oies, il serait plus réconfortant d'imputer la prise de poids exponentielle à la présence d'un embryon encore éjectable qu'à l'installation insidieuse de la graisse qui nuira à votre mine de poète maudit. Voilà, en fait je n'ai
pas d'autres vers préférés. Bonne soirée.