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Critique de Mimeko


Mimeko
31 décembre 2022
La jeune Nina doit gérer la plantation de Canema en Caroline du Nord. Elle est secondée pour cela par Harry, qu'elle ignore être son demi-frère car la mère de ce dernier était esclave. La jeune femme compte bien mettre en pratique ses idées abolitionnistes en considérant les esclaves comme des êtres doués d'intelligence et de conscience qu'il convient d'éduquer dans la chrétienté et qui fournissent un travail qu'il faut respecter. Elle est encouragée en cela par Edward Clayton, propriétaire de la plantation des Magnolias qui la courtise. Mais en cette année 1855, dans les États du sud des États-Unis, ces idées d'émancipation ne sont pas du goût des grands propriétaires terriens.

Un début ďee roman qui pourrait tomber dans l'angélisme avec une plantation gérée par Nina, une jeune fille de dix-sept ans, idéaliste et enthousiaste, qui considère et traite les esclaves comme des êtres humains, correctement et souhaitant les instruire par la lecture. Et pourtant au fur à mesure de l'avancée de l'intrigue, se dessinent les forces politiques, économiques juridiques et religieuses qui sous-tendent le systeme de l'esclavagisme. Même Harry, considéré comme le bras droit de la jeune femme, pense pouvoir acheter sa liberté mais pourrait en être facilement empêché par les lois existantes dans les États du Sud. le récit pourrait également facilement paraître comme une bluette, mais avec la mort du choléra d'un des personnages principaux, Beecher Stowe rebat les cartes et en fait un drame qui va précipiter Harry dans l'obligation de s'évader et demander l'aide de Dred, un personnage représentant la lutte politique des esclaves, sorte de Moïse moderne, favorisant la fuite des esclaves proscrits, tels les Hebreux fuyant l'Egypte, un personnage qui n'apparaît qu'épisodiquement et très tardivement dans le roman, et un grand marais maudit, qu'il faut interpréter - comme l'indique la préface - comme l'ensemble malsain des États du sud, condamnés a la stagnation.

Dred ou le grand marais maudit est un roman social dans lequel Harriet Beecher Stowe parvient à soulever les problématiques qui secouent la société americaine de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, sur la question de l'esclavagisme. Que se soit l'aspect moral, juridique, politique ou religieux elle réussit adroitement à créer les occasions pour faire place à ses idées... Lors de discussions lors d'un repas, un camp meeting (réunion paroissiale à la campagne), l'enceinte d'un tribunal ou une réunion de religieux presbytèriens entre les deux écoles (l'ancienne qui légitime l'esclavagisme par les textes bibliques et la nouvelle qui remet en cause cette doctrine).
Les caractères de tous les personnages sont très bien étudiés et se font les pourfendeurs des thèses défendues par l'écrivaine, qui exploite tous les événements pour les exposer.
Le bémol est tout de même, l'aspect édifiant et moralisateur de Beecher Stowe, épouse de pasteur, une tendance habituelle dans les romans du dix-neuvième siècle, qui lui permettent à la fois d'exposer ses idées et de convaincre ses lecteurs, mais les recours nombreux aux textes des Evangiles, légitime et justifié pour la société americaine, m'a quelques peu lassée et j'ai bien souvent parcouru en diagonale certains passages du roman à cause de ces longueurs et digressions sur ces sujets emprunts de religiosité, trop fréquents.
Dred ou le grand marais maudit, paru après la case de l'oncle Tom est un roman avant-gardiste dans lequel l'auteure expose sans faillir ses idées abolitionnistes, demontrant et condamnant le système soutenu économiquement, juridiquement et religieusement par quelques États bénéficiaires, une attitude courageuse et un roman précurseur.
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