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Critique de Cosaque


Le téléphone, toujours et encore le téléphone, dans cette pièce tout passe par lui et rien ne lui échappe, enfin... presque. Les personnages s'y accrochent comme à une bouée dans un monde qui part à la dérive. le sous-titre de la pièce est assez trompeur, parce qu'il y a peu d'éléments qui prêtent à sourire, ne parlons même pas de rire... Sans doute que Belbel à la même définition de la comédie que Corneille : les héros ne meurent pas durant le drame. Ou tout simplement son sens du l'humour est-il très noir. Ou peut-être est-ce de l'ironie?

Les personnages évoluent dans un espace en transit ou seul ne compte que le déplacement, la circulation : bref, un aéroport international. Dans cette espèce de non-lieu, les personnages sont comme suspendus, l'environnement dans lequel ils évoluent leur est étranger. Tous les quatre n'ont que le smartphone pour exprimer leur désarroi, en parlant parfois à un interlocuteur et souvent à un serveur vocal, en écrivant ou photographiant. Pourtant des relations charnelles existent entre eux : mère/fille et fils/mère. le rythme de la pièce est nerveux plein de télescopages et de syncopes, les erreurs d'interprétations sont nombreuses entraînant une communication sur le mode paranoïaque. Cette agressivité larvée sur le point d'éclater en crise ouverte est stoppée net par l'explosion d'une bombe. Un attentat ! Dès lors c'est la panique qui prend le relai. On court en tous sens, sans but, en cherchant à obtenir des informations grâce à ces petites merveilles technologiques que malheureusement la conflagration a rendu inopérantes qui ne sont plus que des rectangles de matière inerte.

Le fil narratif de la pièce est difficile à suivre, car il est fait d'arrêts, de reprises, de superpositions, qui ne sont pas uniquement rendu par le jeu des répliques mais aussi par des indications scéniques nombreuses et fournies. Toutefois la cohérence temporelle est respectée : pas de flashback ou de système circulaire à la Ionesco. Les protagonistes ne sont pas tant confrontés à une dispersion temporelle qu'à une série de morcellement spatiaux dans lequel l'intégrité de leur propre corps est remise en cause. J'ai conscience que cela manque un peu d'éléments concrets, or c'est bien là la difficulté que m'a posé ce texte : l'interprétation abstraite m'apparaît rapidement alors que la manière dont elle pourrait concrètement exister sur un plateau est floue, difficile à visualiser. En tout cas, le pari est intéressant : utiliser le grigri technologique emblématique de notre temps comme moteur d'une action dramatique. Décidément les dramaturges d'outre Pyrénées sont imaginatifs et audacieux.
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