Bragelonne avait préparé la sortie de ce livre : critiques positives de la presse anglophone, présentation d'un coup de coeur, renvoi au "
Vivants" d'Isaak Marion...C'est d'ailleurs cette comparaison qui m'a mis la puce à l'oreille :
Vivants m'avait marquée, sans que je puisse décider si le livre me plaisait ou non. Intriguée par "
Les faucheurs sont les anges", je l'ai acheté sur un coup de tête, et lu en deux jours...
Ce livre est un livre coup de poing. le premier adjectif qui me viendrait à l'esprit pour le décrire serait "brut".
L'auteur nous plonge dans une vision futuriste de notre monde, sans les améliorations que promettent la science-fiction, ni le contrôle absolu décrit par les dystopies telles "1984" etc. Ce futur est simplement dénué de toute (ou presque) forme de civilisation.
Sans tenter d'expliquer comment les humains sont-ils arrivés à cette désolation et à cette destruction d'organisation et de structure,
Alden Bell nous décrit le paysage peuplé des "rampants", ex-humains désormais transformé en zombie pourrissant et n'ayant d'autre but que de se nourrir.
Une vision bien triste, et qui remue par le mystère de son origine.
Au milieu de ce monde désolant, Temple, une jeune fille de quinze ans, qui semble par ses pensées en avoir trente de plus. Pragmatique, débrouillarde, la jeune fille ne poursuit qu'un seul but : survivre. C'est d'ailleurs ce qu'elle fait de mieux.
L'auteur nous fait suivre son héroïne dans sa marche sans fin sur le territoire américain, décrit ses quelques rapports avec les humains, ses réflexions sur le monde qui l'entoure.
Les humains, de moins en moins nombreux, se sont pour la plupart rassemblés en minuscules communautés ; de passage dans l'une d'elle, Temple se voit faire des avances par un homme qu'elle tue quand il se montre violent. Malgré sa légitime défense, elle est contrainte de fuir, poursuivie par le frère de sa victime, qui désire le venger.
Le décor planté, le livre s'avale rapidement ; ce n'est pas tant le scénario qui retient, mais plutôt les sensations des personnages, leur absence totale de véritable but...Quand il ne reste plus rien à quoi peut-on se raccrocher ?
Le monde décrit est tel que l'on espère rien de plus que de le voir s'améliorer un tout petit peu ; par les réflexions de Temple, l'auteur nous fait nous questionner nous-mêmes sur notre avenir et sur ce que nous désirons en faire...Et au contraire d'
Isaac Marion,
Alden Bell ne laisse pas d'espoir à l'humanité, ce qui rend le livre encore plus poignant.
Le style d'écriture sert bien le livre : sans figures de style trop élaborées, les dialogues sont simples, crus, vifs, à l'image de l'histoire.
Alden Bell réussit parfaitement à faire plonger le lecteur dans son climat désespéré, où l'on avance parce que l'on sait le faire, mais sans savoir où cela va nous mener.
Un livre puissant et choquant !