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Critique de Manetheren


Dans le train de retour des Utopiales, c'est avec appétit et logique que je me suis lancé dans la lecture de ce Dictionnaire utopique de la science-fiction par Ugo Bellagamba, une figure de la SF française. À ne pas confondre avec "Hey, la gambas!". Vous n'avez pas demandé de jeux de mots foireux ? Vous en aurez.

Le Dictionnaire, dans l'ensemble, est bien tenu ; la plume savante de Bellagamba donne une profondeur historique à la dizaine d'entrées. J'en ai retiré un tas de suggestions pour ma pile à lire (pile à acheter déjà, tsundoku oblige) ! D'une qualité assez égale, j'ai noté quelques entrées qui m'ont davantage intéressé.

"Femmes" nous donne l'occasion de retrouver les noms des grandes Mary Shelley, Élisabeth Vonarburg ou encore Marie de Gournay, mais le chapitre manque d'un souffle nouveau. Dans ces quelques pages, le livre aurait pu donner de la place aux autrices plus récentes ou des romans plus récents aux héroïnes utopiques.

Le micro-focus sur Orange Mécanique, son nihilisme absolu, dans "Violences", est une réussite. le parti pris de Bellagamba de mentionner dans "Contacts" uniquement les figures extraterrestres positives (ou pas négatives en tout cas) était percutant et intelligent. J'ai beaucoup aimé cette entrée qui retrace la recherche d'une altérité complexe et bienveillante par nos auteurs de science-fiction.

A contrario, "Cyberpunks" m'a déçu : si l'essence du courant cyberpunk est maîtrise par Bellagamba, l'auteur se montre d'un poil de snobisme tout étrange lorsqu'il évoque l'évolution et la réappropriation du genre par la pop culture (il parle notamment de Cyberpunk 2077). C'est une sortie surprenante : l'auteur s'estime juge de la dignité des oeuvres à figurer dans la classification SF utopique/dystopique. Comme si un comic comme House of M ou des jeux comme Dishonored ou Deus Ex n'avaient pas la légitimité ou la hauteur de vue pour se retrouver estampillés. Ça m'a chagriné autant que m'irritent les tenants de la littérature dite classique qui étalent leur mépris de la littérature qu'ils appellent "de genre". Encore une fois, j'ai été étonné car l'auteur ne se prive pas de faire référence à cette même pop-culture.

Au final, une somme intéressante des connaissances et de l'histoire de la culture, en particulier de la littérature, utopique et dystopique. J'aurai aimé une meilleure prise en compte de l'évolution des références, ce qui n'enlève rien à la qualité de celles citées. Il est parfois bon de mettre à jour son logiciel et de s'interroger sur ses propres références.

Merci à Babelio pour ce MC et aux éditions le Bélial pour ce beau Dictionnaire !
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