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Redlands tome 1 sur 2

Vanesa Del Rey (Illustrateur)
EAN : 9781534305007
144 pages
Image Comics (10/04/2018)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
A mysterious and bloodthirsty matriarchal force runs the town of Redlands, Florida, and in order to stay on top, sacrifices must be made. Someone is intent on removing these women from the top of the food chain, and he's ready to unleash their darkest secret but has seriously underestimated the lengths the townspeople will go to protect the new order of things.

Inspired by the strange complexities of real world politics and crime, the characters of Re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série indépendante de tout autre. Il comprend les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2017, écrits et mis en couleurs par Jordie Bellaire, dessinés et encrés par Vanesa R. del Rey. le tome s'ouvre avec une préface rédigée par Tom King, vantant les mérites de scénariste de Jordie Bellaire, comme il se doit. Ce scénariste regrette qu'elle se montre aussi douée car cela pourrait remettre en question l'exercice de son métier de coloriste où elle excelle.

L'histoire débute dans la ville de Redlands en Floride, en 1977. Un arbre duquel pend 3 noeuds coulants pour une pendaison, est en train de brûler d'un feu vif, juste devant le commissariat. À l'intérieur dudit commissariat, le shérif et ses hommes (au nombre de 5) avec la secrétaire observent la scène et voit arriver une jeune fille d'une dizaine d'années dans la rue. L'un des policiers se précipite à l'extérieur pour l'empoigner et la mettre à l'abri dans le poste de police. À peine l'a-t-il remise dans les bras d'un autre policier, qu'il se retrouve décapité par une force surnaturelle invisible à l'oeil nu. Les autres policiers ont tôt fait de barricader la porte d'entrée avec tout le mobilier qu'ils ont sous la main. Au sous-sol, un policier surveille la douzaine d'individus détenus dans la cellule commune. Un papillon vient à voleter sous la lampe, le courant est coupé et il s'en suit une boucherie atroce.

Au temps présent, la ville de Redlands est administrée par 3 femmes : Alice, Bridget et Ro. Alice qui agit en tant que maire est particulièrement remontée par les actions de vandalisme perpétrées dans la ville par un individu anonyme. En l'occurrence, il vient de peindre plusieurs murs d'un rouge sang que les habitants ont découvert au petit matin. Plus grave, un officier de police a retrouvé le corps de 3 femmes nues et attachées allongées dans un champ, assassinées, leur morphologie évoquant celles d'Alice, Ro et Bridget. Dans leur bouche, le médecin légiste retrouve des traces de lavande, de sauge et de bardane. Il en déduit qu'il s'agit de la preuve d'une forme d'alchimie. Dans l'après-midi, Bridget reçoit un appel du coupable qui lui explique qu'il représente la rébellion, contre leur domination sur la ville. le soir, Alice vient aider Cheryl Johnson à rentrer chez elle de nuit, et surtout la soustraire aux avances bien pénibles du proviseur Cody.

À l'évidence, le lecteur ne prend pas les déclarations de Tom King au pied de la lettre, aussi bon scénariste soit-il (et il l'est). Il sait pertinemment que c'est la règle du jeu d'encenser l'auteure pour laquelle on rédige une introduction. Il se lance donc dans la lecture de ce premier tome, sans trop d'idées préconçues, si ce n'est qu'il s'agit d'un récit avec des sorcières et une touche d'horreur. En cours de lecture, il découvre que la scénariste ne se cache pas de ses influences, puisque Ro lit Salem (1975) de Stephen King, à sa fille Itsy. Il y a même une brève scène qui se déroule à Salem dans le Massachussetts en 1690. En outre, l'ouverture en 1977 avec l'arbre à pendu ne laisse pas de place au doute quant à la nature d'Alice, Bridget et Ro. le lecteur sait donc qu'il peut s'attendre à des manifestations de pouvoirs surnaturels de la part des sorcières, et peut-être de la part de leurs opposants. Les auteures se servent du premier épisode comme d'un prologue, établissant les sorcières dans leur fief et montrant dans quelles circonstances elles ont été amenées à instaurer leur position dominante.

Ce premier épisode est bien évidemment l'occasion de découvrir les qualités de narration de Jordie Bellaire. le lecteur n'en ressort pas forcément convaincu : la lecture est fluide, mais les situations ne sont pas vraiment originales et la personnalité des protagonistes en reste à la portion congrue. Il découvre également la narration visuelle de Vanesa del Rey, jeune artiste qu'il a peut-être croisée le temps d'un épisode de la série Scarlet Witch de James Robinson ou de la série Zero d'Ales Kot. Elle détoure les formes avec un trait fin assez léger, donnant une impression parfois de formes un peu fragiles et de traits de construction du dessin quand ils sont repassés à plusieurs reprises. En fonction des séquences, ce mode de représentation produit des effets différents : de légèreté aérienne pour certains personnages féminins (l'apparence de Ro en particulier), ou d'impression générale (par exemple pour les plantes de la serre dont s'occupe le peintre vandale). le lecteur observe dans les 2 cas que la mise en couleurs apporte de la consistance aux dessins, neutralisant tout risque de dessin qui produirait une impression d'inconsistance.

En fait au fil des séquences, le lecteur se rend compte que Vanesa R. del Rey sait poser un décor consistant par le bais de traits fins servant aussi bien de contour que pour indiquer des textures dans les formes. Il se retrouve un peu à l'étroit dans les couloirs du poste de police dans le premier épisode. Au temps présent, il apprécie les pièces plus spacieuses dans sa version reconstruite. Il peut voir les herbes folles, hautes et résistantes lorsque ls 3 femmes examinent les cadavres dénudés. Il peut observer les hauts troncs des arbres qui constituent la forêt bordant Redlands. Il compare la simplicité de l'urbanisme de Redlands, à celui plus imposant de Miami lors de la scène se déroulant en 1984. Il recherche les signes extérieurs de luxe dans l'appartement gigantesque de Zuzu à Miami. Enfin, il s'arrêterait bien comme Bridget, Nancy Montgomery et Casey Rhodes pour déguster une part de tarte dans la cafétéria à Sparkletown. Il peut très bien ne prêter aucune attention à la mise en couleurs, tellement elle est conçue sur mesure pour les dessins de del Rey. Il peut aussi garder à l'esprit que Jordie Bellaire est considérée comme l'une des toutes meilleures dans sa partie et concentrer son attention sur la manière dont elle s'y prend. Il constate alors qu'elle n'usurpe pas sa réputation, et qu'elle complète à merveille les dessins, sans jamais les supplanter.

Le lecteur se laisse donc porter par la qualité de la narration visuelle, très simple en apparence, et très efficace. Il se laisse surprendre ou séduire par plusieurs visuels originaux et puissants comme la scène tout en sous-entendu dans le sous-sol du poste de police plongée dans le noir, cet individu en slip dans sa serre en train de tailler son rosier, un couple s'apprêtant à faire l'amour sur le capot de leur voiture sur le bas-côté d'une route au beau milieu de la forêt, un homme nu mordu au sexe par un chien qui ne veut pas lâcher, un homme passant en revue les femmes en sous-vêtements dans une maison close, ou encore un homme s'apprêtant à s'immoler par le feu. Effectivement le premier épisode ne prépare en rien le lecteur à la suite du récit. Suite à ce prologue, il se demande bien ce sur quoi il va tomber. Arrivé au temps présent, il comprend que la dynamique du récit est de suivre ces 3 sorcières qui dirigent une ville et ses habitants. Il apparaît donc un individu bien décidé à remettre en cause leur pouvoir, qui les défie ouvertement et joue même avec elles. Et puis… le récit conclut rapidement ce fil narratif pour passer à autre chose. Jordie Bellaire défie donc les attentes du lecteur en enchaînant les situations assez rapidement, et les menant à une résolution de manière inattendue, continuant de le tenir en haleine.

Alors même qu'il a l'impression de passer d'une courte intrigue à la suivante, le lecteur se rend compte qu'il apprend à connaître Alice, Bridget et Ro. Là encore, il ne sait pas à quoi s'attendre. Il constate facilement qu'elles n'ont pas la même morphologie, et il prend peu à peu conscience qu'elles n'ont pas non plus le même caractère. Simplement en les observant réagir, il voit les différences apparaître, sans que la scénariste n'ait besoin de se montrer explicite. Il ne sait pas comment elles ont acquis leur statut et leurs capacités de sorcière. Il n'en apprend pas beaucoup sur leur passé, juste un bref retour en arrière sur celui de Bridget. Il découvre comment elles ont pu disposer de fonds suffisants pour installer leur pouvoir sur Redlands. Il voit vite qu'elles ne se laissent pas faire, sans savoir si elles abusent de leur pouvoir ou non. Les auteures utilisent bien les conventions du récit d'horreur et celles des récits de sorcières, mais en les intégrant parfaitement à leur intrigue, sans que ces conventions ne constituent la raison d'être du récit. Il apparaît en filigrane que ces femmes défendent leur droit à exister (en particulier à ne pas être pendues) et qu'elles interviennent régulièrement pour éviter que des abus ne soient commis aux dépens de la gente féminine. Mais ce ne sont en rien des superhéroïnes ou mêmes des héroïnes conventionnelles animées par un altruisme à toute épreuve. Il s'agit plutôt de convictions ancrées en elles du fait de leur histoire personnelle, et d'une conséquence de leur pouvoir. Jordie Bellaire et Vanesa R. del Rey réussissent à raconter une histoire d'un point de vue féminin de façon naturelle et organique, pour une horreur personnelle qui fonctionne bien.

A priori, le lecteur est venu plus curieux de découvrir une histoire qui semble racontée de manière originale, que persuadé de la qualité de la narration de Vanesa R. del Rey et Jordie Bellaire. Il se retrouve vite captivé par les dessins bien réhaussés par les couleurs, aboutissant à des planches vivantes à l'ambiance convaincante. Il lui faut un peu plus de temps pour se rendre compte que les compliments de Tom King à l'égard de Bellaire sont amplement justifiés avec une narration personnelle à son rythme, originale et surprenante, consistante et intrigante.
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