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Critique de AMR_La_Pirate


Avec ce premier roman de Bénédicte Belpois, j'arrive à ma treizième lecture pour cette sélection des 68 premières Fois… Déjà, même si je ne lis jamais les avis des autres avant de m'être fait ma propre opinion, je sais que Suiza est un livre qui divise les lectrices et les lecteurs ; j'ai entendu parler de « vision de la femme » et d'avis tranchés entre celles et ceux pour qui c'est un coup de coeur ou, au contraire, un livre « détesté ».

Bénédicte Belpois nous entraine dans l'intimité d'un couple improbable, séparé par la barrière de la langue, réuni par le sexe et une forme de fatalité inexorable, dans un petit village de Galice.
Au premier abord, le personnage narrateur principal, Tomás, m'a fait horreur et je me suis préparée à une lecture difficile : il avait tout du macho, du gars très limité entre le bistrot où il retrouvait des hommes comme lui, son pragmatisme paysan et sa vision du monde. L'annonce de sa maladie ne me l'avait pas rendu plus sympathique, malgré l'amorce d'une forme de vulnérabilité…
Au bout d'une cinquantaine de pages, la deuxième narratrice, dont le surnom donne son titre à l'histoire, m'a tendu une perche que j'ai bien voulu saisir pour essayer de m'accrocher au récit. Mais l'ensemble restait trop charnel, trop bestial, trop primaire… Je ne parvenais pas à m'approprier le rythme de ces deux JE qui se partageaient le récit : le chassé-croisé, trop déséquilibré, me laissait sur ma faim.
En toute objectivité, je trouvais que c'était assez bien écrit, fluide, parfaitement compréhensible (trop peut-être ?), que les personnages étaient travaillés en profondeur, très présents, que leurs postures se révélaient originales, que l'auteure avait un certain culot, mais cela ne fonctionnait pas bien pour moi. L'univers référentiel de l'auteure me restait étranger malgré ma reconnaissance de personnages clefs comme la vieille nourrice, le patron du bar ou encore l'ouvrier agricole homosexuel. Si j'ai parfois pensé à Almodóvar, cela n'engage que moi…
J'ai mis du temps à entrer dans ce roman ; j'avais vraiment l'impression de passer à côté de l'essentiel puisqu'aucun des personnages typés et cabossés ne parvenait à me toucher… et puis, il y a eu un passage alors qu'arrivée aux trois-quarts environ du livre, j'étais pressée d'en finir et de passer à autre chose, qui m'est apparu dans une brillante limpidité dans la bouche de la vieille Josefina : il était question de souffrance, de faiblesse, de deux malheurs mélangés pour faire un semblant de bonheur. Comme Tomás, je suis restée sur place, pénétrée par ce qui était en train de faire sens sous mes yeux. Ce n'est qu'à partir de là que j'ai accepté Tomás et Suiza tels qu'ils étaient, ainsi que la vie les avait modelés jusque-là.

Étrange histoire, entre Ethos, Eros et Thanatos…
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