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Critique de Litteraflure


Depuis Jean-Claude Izzo, difficile de s'attaquer à Marseille sans tomber dans les clichés. On comprend que l'auteur a la ferme intention de dézinguer tout ce qui sonne faux dans sa ville, à commencer par les venants, ces bourgeois descendus du nord de la Loire qui trouvent à Marseille un exotisme à moindre frais. le Panier, le quartier où « Stress » a passé son enfance dans les années 90, s'est ramolli à coup de gentrification : « Pratiquement plus aucun Arabe ou noir. C'est comme si on avait effacé un écosystème, tranquille, en silence ». Stress était ce minot blanc en minorité et sa mère, une poétesse de la rue qui utilise la culture comme arme d'instruction massive. le panier a changé. Beaucoup trop calme. Stress est nostalgique de ce temps où la drogue et le kebab se payaient en francs. Nostalgique mais lucide : « La nostalgie ça emmerde tout le monde, sauf celui qui raconte, ça lui file un coup de jeune ».
Ce roman est une ballade dans le temps et dans Marseille. Il n'y a pas vraiment d'histoire si ce n'est celle de Stress, vidéaste raté, loser attachant, qui se souvient du Panier et de ses copains. On pourrait en faire un genre, le « District book », le livre de quartier.
Hadrien Bels met tout ce qu'il a dans son bouquin, de rages et d'anecdotes. C'est vif et inventif. Monsieur pratique les figures de style avec maestria. Il est fort en métaphores ((« le 83, le bus des plages. L'été, à l'intérieur, c'était une paëlla », virtuose du zeugma (« j'étais plein de promesses et de morve au nez » et mage de l'image (« La colère, il faut l'accepter et la bercer, comme un enfant quand a fait dans le dos »). Et les dialogues sont remplis de punch-lines, aussi savoureuses les unes que les autres : « C'est quand même curieux, ces jeunes qui ne font rien de leur vie mais peuvent pas attendre cinq minutes ».
Un livre qui pétille, une déclaration d'amour à Marseille (« une ville trop propre ne me dit rien, elle me fait peur, à cacher ses névroses ») qui m'a donné envie de retourner dans la cité phocéenne, avec ma dégaine de venant. Pas grave.
Bilan : 🌹🌹
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