Que serait Tanger sans le vent d'Est, qui lave les rues et les regards, qui nettoie l'air des moustiques et autres mouches du Sud, qui donne la migraine et dérange l'ordre des choses?
Des vers naïfs, bien tristes. Ils tombent en syllabes mangées par la rouille, rongées par l'humidité. Ils disent que la vie est une illusion, que le rêve est une arnaque, que les hommes sont des crabes et les femmes des jarres. Ils décrivent un morceau de pain rassis devenu verdâtre, une figue sèche pleine de vers blancs, une main couverte de fourmis noires.
Si c'était un film, il serait en noir et blanc avec des séquences où la nuit dénonce les magouilles du jour.
Il est des rencontres dont on se passerait. Non parce qu'elles arrivent au mauvais moment ou nous mettent aux prises avec des personnes sans intérêt, mais parce qu'elles sont de l'étoffe dont sont faits nos cauchemars, nos déprimes et aussi notre douleur. Aussi vaut-il mieux ne pas s'y attarder, ne pas les décrire ni leur accorder d'importance.
Son existence était de plus en plus tournée vers la spiritualité. Elle profitait de ses cours pour faire l'éloge de l'Esprit et surtout prôner un islam de paix. Mourad comblait sa femme de cadeaux. Elle les acceptait presque à contrecœur, affirmant que les biens matériels n'étaient que la poussière de la vie.