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Critique de bdelhausse


J'avoue être très partagé au terme de cette lecture.

Ce livre fait partie de ce que j'appellerais une "lecture nécessaire". Peu importe les portes ouvertes enfoncées. Peu importe que la lecture soit douloureuse, il est des livres qui doivent être lus.

Je dirais même "à tout âge". Je ne suis plus un enfant, depuis longtemps (même si j'en cultive certains traits...) et j'ai peu appris à la lecture de ce petit opus. Mais cette lecture est salutaire. Elle remet les pendules à l'heure. D'ailleurs, j'ai lu le livre dans sa première édition de 2002, et il est toujours d'actualité, 13 ans plus tard rien n'a changé. Au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, on se relève tout aussi groggy que le 10 septembre 2001. Et Michel Onfray ne dénonçait rien d'autre sur les plateaux de télévision que ces musulmans qui ont une lecture biaisée des textes saints. Ce que Tahar Ben Jelloun effleure par moment.

Ce livre montre qu'on peut parler simplement de choses complexes. Et il montre par la même occasion que les choses, même simplifiées (dans le bon sens du terme) sont loin d'être simples.

Un ouvrage à mettre dans toutes les mains... Alors pourquoi 3 étoiles?

Pour plusieurs raisons. D'abord, on sombre parfois dans un brin de simplisme ou de racolage de mauvais aloi. La liste des mots empruntés à la langue arabe en fin de volume montre qu'on mélange tout et n'importe quoi. Finalement le but du livre est d'expliquer l'islam ou de montrer ce que l'on doit, nous Occidentaux, à la culture arabe. La dette est grande, il faut bien sûr le rappeler, mais cela n'était pas le but du livre au départ.

Ensuite, ce n'est pas l'islam qui est expliqué, c'est l'islam de Tahar Ben Jelloun (OK, avec un comité de lecture, sans doute). C'est différent. Et le livre s'inscrit dans une collection, dans un ensemble. le lire indépendamment, c'est peut-être ne voir qu'une partie des choses. Savoir que Tahar Ben Jelloun a écrit le racisme expliqué aux enfants n'est pas innocent.

Ensuite encore, les "enfants"... je ne sais pas trop ce que c'est. 6, 8, 12, 15 ans... C'est flou et le niveau de complexité des concepts est parfois variable, rendant la lecture difficile. Et soyons honnêtes, seuls les convaincus vont lire le livre de leur propre chef et ils n'y apprendront presque rien. Les sceptiques, les réfractaires, les "intégristes" ne penseront même pas à ouvrir ce livre.

Enfin, c'est sûrement inhérent à la poésie et à ce calme incroyable que déploie Tahar Ben Jelloun, mais on referme le livre en se demandant pourquoi les choses ne fonctionnent pas, puisque c'est si simple après tout quand Tahar Ben Jelloun nous l'écrit. C'est un travers majeur du livre, ce côté bisounours, gentil, "et voilà, il n'y a plus de problème"... A la fin du livre, on s'écrierait presque "mais il faut aller leur dire à ces musulmans, qu'ils se trompent en lisant le Coran à la lettre"... Hélas, ce n'est pas si simple. Entre pensée simple et vulgarisée et pensée réductrice, la ligne est ténue et elle est parfois franchie, je trouve.

Reste que ce livre devrait être lu en classe, afin d'être débattu, discuté, argumenté. Sans stigmatisation, sans pointer les gens du doigt, juste pour replacer l'église, ou la mosquée, au centre du village. Avec d'autres de la série, afin d'offrir une chance aux "enfants" de se mettre à penser. Penser, il n'y a rien de tel pour mettre fin aux obscurantismes, et cela, Tahar Ben Jelloun nous le montre bien.
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