Citations sur L'insomniaque (38)
J’ai lu il y a peu que la privation de sommeil faisait partie des tortures les plus efficaces pratiquées par les dictatures pour faire parler leurs opposants. Une variante consiste à donner l’illusion au prisonnier qu’il va dormir et à le réveiller brutalement à plusieurs reprises. La route qui mène à la folie, la légère ou la profonde, passe paraît-il toujours par l’insomnie. La dépression, quant à elle, s’annonce bien souvent durant les nuits blanches.
En islam, celui qui ose défier Dieu et attente à ses propres jours est condamné à répéter son geste à l’infini. C’est pour ça qu’on a intérêt à bien choisir son suicide. Imaginez le type qui s’immole par le feu, celui qui se jette du vingtième étage ou celui qui s’étouffe dans un sac en plastique ! Le mieux est la boîte de somnifères. Au moins là, la répétition n’est pas trop pénible.
- Tu es folle ! Tu ne vas pas tuer ton mari ?
- Non, pas le tuer, mais juste avancer la date de sa mort…
Sur la petite table achetée au marché aux puces, mes boîtes de médicaments sont posées collées les unes aux autres. Leur rôle est d’être là. C’est rassurant. Je les observe. Je médite la phrase que Marcel Proust fait dire à Bergotte dans La prisonnière : « J’ai dit user, je n’ai pas dit abuser. Bien entendu, tout remède, si on exagère, devient une arme à double tranchant. »
Il n’était plus le banquier le plus riche du Maroc, ni l’homme ami des puissants, ni le beau golfeur séducteur des jeunes dames, c’était juste un homme, rien qu’un homme parmi tant d’autres, rendu à la terre dans sa nudité absolue.
La vie sans douleur a un goût exquis. Il faut être passé par des maux de tête brûlants et persistants pour goûter ensuite les moments simple de la vie, comme s’asseoir sous un arbre et attendre le coucher du soleil face à la Loire qui change de couleur selon le ciel ; boire un verre avec des amis et bavarder sans se prendre au sérieux ; découvrir un écrivain et se mettre à le lire avec gourmandise ; manger un plat de pâtes préparé par la femme qu’on aime et l’embrasser dans le cou quand elle met la table. Lui dire qu’on l’aime, qu’on l’adore, qu’elle est unique, qu’elle est la femme de votre vie. Fumer un cigare et boire un armagnac ancien. Egrener des souvenirs avec quelqu’un de proche et les embellir. Faire une sieste sur une chaise bancale et se laisser aller à des rêveries érotiques.
"Avec l'Alzheimer, au moins, il oublie les dettes qu'il a accumulées ; là il est tranquille, il mange, il boit, il rote et s'endort sans prendre de somnifère !"
Ce qui tue, ce n’est pas l’Alzheimer, me disais- je, c’est le reste. Le corps se dégrade lentement sans que la personne le réalise. L’enveloppe reste, mais l’esprit à pris la fuite.
Plus on a d’argent, plus on veut. C’est une règle universelle !
La vie sans douleur a un goût exquis. Il faut être passé par des maux de tête brûlants et persistants pour goûter ensuite les moments simples de la vie, comme s’asseoir sous un arbre et attendre le coucher du soleil face à la Loire qui change de couleur selon le ciel ; boire un verre avec des amis et bavarder sans se prendre au sérieux ;