Un insomniaque découvre qu'il passe de meilleures nuits lorsqu'il a aidé quelqu'un à mourir. Un récit léger qui, l'air de rien, sonne comme une tentative d'exorciser ce mal affligeant et, aussi, la peur de la mort.
Tahar Ben Jelloun y joint quelques critiques de la société marocaine. Intéressant, même si ce n'est pas le genre dans lequel l'auteur excelle.
J'ai eu envie de me replonger dans un texte de
Tahar Ben Jelloun, ça faisait longtemps. J'aime bien le ton de conteur qu'adoptent souvent les auteurs nord africains. Mais ce texte-ci n'est pas le meilleur, de ce point de vue-là.
Tahar Ben Jelloun a voulu s'essayer au suspense. Il a qualifié son livre de « thriller tragi-comique », mais personnellement, je trouve que « suspense » est déjà un mot dont la connotation est trop forte. L'auteur, me semble-t-il, réussit mieux dans la douceur et ce texte-ci ne s'harmonise pas à sa personnalité.
En refermant le livre, je me voyais écrire un commentaire assez peu enthousiaste. Mais ça vaut toujours la peine de laisser décanter ses impressions: j'ai remarqué que le récit m'est resté à l'esprit plus longtemps que je l'aurais pensé.
En effet, l'intrigue et le ton sont légers. On s'amuse de la situation burlesque du héros qui remarque combien il dort mieux après avoir tué sa mère et qui ensuite essaye d'accumuler des PCS (points crédit sommeil) en tuant d'autres personnes. C'est un gentil tueur, en fait, car ses victimes sont déjà proches de la mort; il les aide à mourir, leur apportant souvent un soulagement. de plus, ce tueur est a une âme de justicier: la mort d'un grand escroc lui rapportera plus de PCS que celle d'un SDF.
Ma première impression était donc celle d'une histoire légère, pas très prenante, que j'allais vite oublier. Mais
l'insomnie est un thème sérieux (elle prive du rêve). Paradoxalement, la voir ici traitée sur un ton léger m'a laissé une seconde impression beaucoup plus touchante. Comment dire… J'avais le sentiment d'entendre un homme fort affligé se forcer à rire de son mal, comme si le désespoir ne laissait plus d'autre issue. « Mieux vaut en rire », comme on dit. le livre évoque également la question de la dignité de la fin de vie et la peur de la mort, avec une certaine sensibilité. Enfin, l'auteur de se prive pas de lancer quelques piques bien acérées contre certains aspects de la société marocain, par exemple ses hôpitaux.
Bref, un ouvrage plus riche que je l'avais pensé à chaud, en sortant de ma lecture. Je vous laisse juger, en vous conseillant d'aller écouter sur la Toile les interviews que
Tahar Ben Jelloun a données à propos de ce livre.