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Critique de colimasson


C'est bien de la psychanalyse ça : tout ce qu'on arrive à en dire, de la question portée par le titre de l'ouvrage, c'est qu'en définitive, on n'en sait trop rien. Parfois le secret ça sert et parfois ça sert pas ; parfois le secret c'est bien et parfois c'est pas bien. Ce qui peut être intéressant, c'est de voir comment chacun s'en sort pour défendre sa chapelle puisque plusieurs contributeurs ont été sonnés pour tresser leur petit chapitre.


Comment que j'en suis venu à ce bouquin, moi qui n'en ait rien à foutre du secret puisque je connais déjà depuis longtemps ses bénéfices voire sa nécessité, souvent vitale en certaines conditions ? Eh bien voilà t'y pas que l'année dernière, je faisais mon stage chez Eric Dudoit et nous étions là, avec un autre stagiaire, dans son bureau, à se faire un peu chier tous ensemble parce qu'on avait plus envie d'aller écouter les malades de la Timone. Ça arrive. Pour nous occuper, il nous sort alors ce bouquin de derrière les fagots et il nous dit : Ecoutez les gosses, j'ai écrit ça au cours d'une nuit dans un état de transe, je me suis emballé et certains passages ne veulent strictement rien dire. Dites-moi, vous comprenez ça, vous ? Et il commence à nous lire le truc :


« La nature même du secret implique une solitude, qui est la pierre angulaire de la singularité de la rencontre entre médecin et patient. Cette nature du secret est la marque de l'engagement éthique d'un professionnel envers un tiers semblable et différent qu'est le patient. Cette nature est de l'ordre de la solitude, « l'ordre de la solitude » est différent de la solitude, à l'instar de « l'ordre symbolique » et du symbolique. « L'ordre de la solitude » est la condition de possibilité du secret, non en tant que non-dévoilement d'un contenu donné, mais par la fonction de cet ordre qui implique le secret en tant que mode de « discours au sujet de ». Pour éclairer cette notion, revenons là où possiblement naît un secret dans une relation, là où ça parle, à savoir dans la dimension du sacré (c'est-à-dire celle de l'inconscient). »


Etc., etc., je vous en passe des flamboyantes et des piquées du vermisseau, un truc à se la palucher pendant des heures sous l'étincelle vacillante d'une chandelle moyenâgeuse. Et on se marrait, à s'en taper la tête contre la pile de dossiers, sans doute assommés par la fatigue aussi et les vapeurs éthyliques des produits désinfectants. Quelle poésie ! On peut se laisser transporter et vaciller par le rythme ondulant d'une logorrhée qui ne fait sens qu'en état de transe.


Je conseille également l'essai de Roland Gori qui, dans une veine très foucaldienne, reproche au secret médical d'être bientôt dévasté par les technologies de surveillance virtuelles. D'ailleurs, la réforme récente sur la collecte des données ne fait que confirmer cette analyse puisque, la semaine dernière, alors que je me connectais sur facebook, on me demandait si j'acceptais leurs nouvelles dispositions. Bien sûr, le choix était plutôt restreint et mon acceptation ne fut que contrainte puisque, si je refusais, je n'avais tout simplement plus le droit de venir perdre mon temps à espionner les individus de mon entourage, espérant combler le territoire infini d'inconnaissance d'un autre à l'autre qui me séparera d'eux à tout jamais.


Vous l'aurez compris, nous ne parlons ici de secret que dans le contexte médical. Désolée si vous croyiez que c'était autre chose, il vous faudra régler vos problèmes de couple avec un autre bouquin.


A bon entendeur, salut.
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