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Critique de michfred


N'est pas Voltaire qui veut, et Tonino Benacquista, si doué pour les scénarios de films, si fin dialoguiste, a beau avoir de l'imagination, de l'humour et une solide culture qui lui permet de faire des clins d'oeil point trop appuyés à quelques auteurs de référence, il a du mal à s'improviser conteur philosophique...
On l'aimait mieux dans un genre plus carré, plus codé comme le polar ironique où il était à l'aise comme un sicaire de la maffia dans Naples.

L'idée de départ était savoureuse: un jeune couple amoureux vit si pleinement sa passion, avec une telle constance, un tel enthousiasme, qu'il dérange absolument toutes les institutions, toutes les époques, et jusqu'aux instances suprêmes de la religion: ni Dieu, ni Diable ne supportent cette exclusivité absolue donnée à la passion...Chacun s'évertue à les poursuivre, ils subissent mille avanies, mille martyres même, mais d'époque en époque, de continent en continent, ils fuient ensemble ou partent, chacun de son côté, à la recherche de leur alter ego, sans lequel aucune vie, aucune mort n'est supportable. Ce faisant, ils sèment sur leur route leur légende, qui devient récit, fable, spectacle.
Roman... l'essence de l'amour étant éminemment romanesque!
Benacquista a du style -il écrit même joliment bien, troussant la fable à l'ancienne avec un vrai talent- il avait un sujet - les "feux de l'amour " seront toujours, quoiqu'on fasse, des brûlots révolutionnaires et...une inépuisable mine pour les plumitifs de toute espèce - mais il a tellement compliqué sa trame qu'on s'y perd..les mises en abyme successives deviennent vertigineuses, la course-poursuite à travers l'espace-temps systématique et fastidieuse, quant à la critique sociale ou politique, à peine est-elle esquissée, qu'elle est déjà oubliée..
Qui trop embrasse...
J'ai ri, j'ai souri...mais je ne pouvais m'empêcher de me demander comment l'auteur allait pouvoir faire durer cette folle randonnée sur plus de 200 pages sans me lasser..
L'apologue du conte est assez maigrichon et convenu, et n'a pas la saveur cynique de la "morale" de Zadig ou de Candide.
Les personnages -fable philosophique oblige- ne sont que des silhouettes sans grand caractère, sans relief...Rien ne nous y attache, ni ne nous en repousse non plus..
On passe, somme toute, un agréable moment dont on regrette qu'il n'ait pas plus de fond ...ou moins de pages!
Merci aux éditions Gallimard et à Masse critique pour cette découverte.
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