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Critique de Zephirine


Ceux qui partent, ce sont ces émigrés fuyant la misère, qui se pressent, dès la passerelle franchie, sur Ellis Island. Ils attendent, résignés ou inquiets, le long de files interminables que les autorités veuillent bien leur délivrer ce papier pour une vie nouvelle dans un pays neuf. Dans cette attente se croisent des destins et se créent des avenirs. Il y a là Andrew qui tente, derrière le viseur de son appareil photo, de capter le reflet de leurs espoirs pour une vie meilleure. Il est tout de suite attiré par un père et sa fille, des italiens, qui ne semblent pas être là poussés par la misère. Emilia est une fille rebelle qui vient chercher sa liberté, le jeune homme le perçoit très vite et, pourtant, il s'attache à ses pas. D'autres destins se croisent durant ce temps suspendu entre deux rives, sous le regard lointain de la statue de la liberté. Gravor, le tsigane tentera aussi d'attacher son pas à celui d'Emilia, ainsi qu'Esther, l'arménienne survivante des massacres.
Durant cette longue nuit d'attente, Donato le comédien lit « L'Énéide » à ces hommes en partance qui se retrouvent dans le destin d'Enée, exilé lui aussi.
Les langues sont nombreuses et disparates au milieu de cette foule et, pourtant, les regards, les gestes parlent un langage universel.

Le récit de Jeanne Benameur est intimiste. L'action est limitée, elle laisse la part belle à l'introspection de chaque personnage. Chacun d'entre eux vit l'exil à sa façon, revient sur son passé, sur ce qu'il a dû laisser derrière lui. Il y a aussi cet espoir, aux dimensions de ce pays immense, qui les pousse de l'avant, cet espoir qui tente de repousser la peur d'être refoulé.

Les couleurs tiennent une grande place dans le roman, il y a le rouge de la toile peinte par Emilia, le bleu de la robe d'Hazel, la blancheur de la neige et « il y aura des couleurs dont on perdra la trace »

Avec sa grande puissance d'évocation, l'écriture de Jeanne Benameur sait rester légère et poétique.
C'est un texte superbe et profond avec des personnages émouvants et attachants. Longtemps on restera avec, en soi, le rêve de ces émigrants
« Il y a tant de rêves dans les pas des émigrants qu'ils veilleront les rêves dormants à l'intérieur des maisons »

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