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Citations sur Les Frères Marx (1)

Une nuit à l’Opéra
UNE CABINE SURPEUPL2E

(Le steward amène Otis B. Driftwood jusqu’à sa cabine, en poussant sa grosse malle sur un chariot. Driftwood ouvre la porte de la cabine : on dirait au plus un placard minuscule avec une couchette).
DRIFTWOOD (Groucho) : Vous plaisantez ! ça ne peut pas être ma cabine ?
LE STEWARD : Pas d’erreur, monsieur. Nous sommes dans la suite 58.
DRIFTWOOD : Un terme bien pompeux pour une telle cage à oiseaux. Est-ce que ce ne serait pas plus simple de mettre la cabine dans ma malle ? Je ferais mieux de me faire ôter l’appendice pour gagner de la place. Y a t-il un docteur dans la maison ? Demain vous sortirez la malle et moi je pourrai entrer dans la cabine !
(Le steward a poussé la malle dans la cabine. Driftwood a du mal à refermer la porte et, tout autour de la malle, gagne son lit. Puis il ouvre la malle et il a la surprise de trouver à l’intérieur Fiorello et Ricardo qui lui disent bonjour).
FIORELLO (Chico) : Salut patron, qu’est-ce que vous faites là ?
RICARDO (Allan Jones) : Tiens, bonjour !
DRIFTWOOD : Voilà qui rend ce voyage absolument parfait et je m’excuse, mais je croyais que c’était ma malle ?
FIORELLO : C’est votre malle
DRIFTWOOD : Je ne me souvenais pas de vous avoir empaquetés, ça va ?
RICARDO : Très bien. Nous sommes un peu serrés.
DRIFTWOOD : Je suis navré, si j’avais su que vous veniez, j’aurais pris une plus grande malle. Mais si j’avais pris une plus grande malle, elle ne serait pas entrée dans la cabine. On est serré parce qu’on est encore dans le port, mais dès qu’on sera en pleine mer, on aura plus de place.
FIORELLO : ça pour sûr.
RICARDO : ça ne fait rien, on s’arrangera.
DRIFTWOOD : Excusez-moi, est-ce que ce n’est pas ma chemise que vous portez ?
RICARDO : Peut-être, je l’ai trouvée dans la malle.
DRIFTWOOD : Alors ça ne peut pas être la mienne. Je suis ravi de vous revoir, messieurs, je cherchais mon costume de rechange, vous ne l’auriez pas vu par hasard ?
FIORELLO : Si, si. Mais il prenait trop de place on l’a vendu.
DRIFTWOOD : Vous en avez tiré combien ?
FIORELLO : Un dollar quarante.
DRIFTWOOD : Pas de doute, c’était bien mon costume. Heureusement que j’ai mis une autre chemise dans ce tiroir.
(Il ouvre un tiroir de sa malle et aperçoit Tomasso (Harpo) recroquevillé qui dort à poings fermés dans le tiroir).
DRIFTWOOD : ça ne peut pas être ma chemise, ma chemise ne ronfle pas.
FIORELLO : Chut ! Ne le réveillez pas. Il souffre d’insomnie et tente de se guérir par le sommeil.
DRIFTWOOD : C’est un spectacle indescriptible. Il faudra que vous m’expliquiez tout ça.
(Ils portent le dormeur sur la couchette).
FIORELLO : Pour sûr. Mais d’abord on voudrait manger quelque chose. Nous sommes affamés.
DRIFTWOOD : On discutera plus tard de nourriture.
FIORELLO (têtu) : On mange, ou alors on ne sort pas !
DRIFTWOOD : Bon, je vais aller le steward, mais faites-vous rares, n’oubliez pas que vous êtes passagers clandestins. (Il appelle le steward dans le couloir) Steward ! Steward !
LE STEWARD : Oui monsieur ?
DRIFTWOOD : Que peut-on avoir pour dîner ?
LE STEWARD : Voulez-vous commencer avec du jus de tomate ? ou du jus de pamplemousse, du jus de raisin, du jus d’orange ?
DRIFTWOOD : Coupez le jus avant que je m’électrocute ! Bon, alors, un de chaque. Ensuite, je prendrai deux œufs frits, deux œufs brouillés, deux œufs pochés, et deux œufs coque.
FIORELLO (de la cabine) : Et deux œufs durs.
DRIFTWOOD : Et deux œufs durs. (Tomasso, apparemment assoupi, souffle deux fois dans sa trompette) Il vaut mieux prévoir trois œufs durs. Et aussi du rosbif, cuit, ultra-cuit, rouge, bleu et à point.
FIORELLO : Et deux œufs durs. (Tomasso souffle à nouveau dans sa trompette).
DRIFTWOOD : Et trois œufs durs. (Coup de trompette) Et un œuf de cane, un ! A propos, avez-vous des pruneaux cuits ?
LE STEWARD : oui, monsieur.
DRIFTWOOD : Bon, alors du café, ça les dessoulera.
FIORELLO : Et deux œufs durs.
DRIFTWOOD : Et deux œufs durs. (Nombreux coups de trompette) Ou bien la brume se lève, ou il nous faut encore douze œufs durs.
(Le téléphone sonne et Fiorello se hâte d’y répondre).
FIORELLO : Allo ? Oui. (Il raccroche et se tourne vers Driftwood) C’était pour vous.
DRIFTWOOD : Je suis ravi de l’apprendre. (On frappe à la porte et deux soubrettes se présentent) Oui ?
LES SOUBRETTES : Nous sommes venues faire la chambre, monsieur.
FIORELLO : est-ce qu’elles apportent mes œufs durs ?
DRIFTWOOD : On le saura quand elles seront entrées. Entrez, fillettes, et abandonnez ici toute espérance. Faites vite, surtout.
(Les femmes de chambre entrent avec des plumeaux, un aspirateur et des balais, etc. Tomasso, toujours endormi enlace l’une d’elles qui se débat).
DRIFTWOOD : On se comprend mal, je leur ai dit de faire vite à elles, pas à lui.
FIORELLO : Il ne vous entend pas, il dort profondément.
DRIFTWOOD : Il se débrouille mieux en dormant que moi réveillé.
(On refrappe).
L’INGENIEUR : Je suis l’ingénieur. Je suis venu pour arrêter le chauffage.
DRIFTWOOD, montrant Tomasso : Vous pouvez commencer par lui.
(On refrappe. Entre une manucure avec son plateau).
LA MANUCURE : Vous avez demandé une manucure ?
DRIFTWOOD : Non, mais entrez quand même.
LA MANUCURE : Vous voulez que je les coupe longs ou courts ?
DRIFTWOOD : Tant qu’à faire, mieux vaut les couper courts. On commence à manquer d’espace vital. Est-ce un effet de mon imagination ou est-ce qu’il commence à y avoir foule, ici ?
(En effet le tableau est congestionné. Tomasso pancrace avec une soubrette, l’autre se bat avec l’aspirateur, la manucure, écrasée contre la porte travaille sur la main que Driftwood lui tend par-dessus son épaule. Fiorello, juché sur la malle lit le journal et l’ingénieur martèle les tuyaux de chauffe. On frappe.)
UNE JEUNE FILLE : Excusez-moi, est-ce que ma tante Minnie est avec vous ?
DRIFTWOOD : Non, mais entrez. Si vous ne la trouvez pas, vous trouverez facilement quelqu’un qui la vaut bien.
LA JEUNE FILLE : Est-ce que je peux téléphoner ?
(Elle se rue sur le téléphone. On frappe. Entre un énorme mécanicien).
LE MECANICIEN : Je suis l’assistant de l’ingénieur. Je suis venu remonter le chauffage.
DRIFTWOOD : Vous savez pas ? J’avais le pressentiment que vous alliez venir ! Cela commence à ressembler à l’Arche de Noé.
UNE FEMME DE MENAGE : Je suis venue pour balayer.
DRIFTWOOD : Entrez, on n’attendait que vous. Allez-y et commencez par le plafond, c’est le seul endroit qui soit encore inoccupé. Ce n’est pas comme ça que je voyais un voyage sur mer, je me suis toujours vu couché sur une chaise longue pendant qu’un domestique m’apportait du bouillon. Le seul moyen d’amener du bouillon dans cette cabine serait de nous en verser par le trou de la serrure.
(On refrappe. Entrent quatre stewards, chargés de nourriture).
DRIFTWOOD : Entrez, vous arrivez à temps. L’un après l’autre. Moi qui voulais être seul ! (Il en désigne un qui est obèse) Vous, vous n’entrerez pas, si je suis juge de la distance.
FIORELLO : De la bouffe ! Enfin de la bouffe ! (Il se rue sur les œufs durs. Tomasso, qui s’est arrangé pour se faire porter à bout de bras, a passé ses jambes au cou d’un des stewards et se repaît les yeux toujours fermés).
LA JEUNE FILLE (au téléphone) : Est-ce que ma tante Minnie se trouve chez vous ?
(Cependant, Mme Claypool (Margaret Dumont) sort de sa cabine, regarde furtivement autour d’elle, pour être sûre de passer inaperçue, et pose sa main sur la poignée de la porte de la cabine où elle a rendez-vous avec Driftwood. Elle ouvre, Driftwood, la manucure, les stewards et quelques onze personnes sont catapultés à l’extérieur atterrissant pêle-mêle sur la pauvre Mme Claypool.
DRIFTWOOD : Mme Claypool, je peux tout vous expliquer !
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