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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 21 à 24, parus en 2002. Il fait suite à Super-groupe ; il vaut mieux avoir commencé la série par le premier tome.

Entre 2 buildings, Omega 6 (un superhéros) vent d'intercepter Black Mondo, un supercriminel qui s'enfuit avec 2 valises pleines de billets de banque. Il s'en suit un combat dans les airs à 5 mètres de hauteur de la rue, sous les yeux des passants. Omega 6 maîtrise Black Mondo et lève le bras vers les airs pour prendre son envol. Un inconnu dans une ruelle lui balance un cocktail incendiaire, et Omega 6 se consume sous les yeux des passants. Deena Pilgrim et son nouveau partenaire sont chargés de l'enquête et se rendent sur les lieux du crime. Sur place ils découvrent un graffiti sur le mure : "Kaotic chic". C'est le cinquième meurtre de ce genre en quelques semaines. L'enquête commence par un coup de chance, puis une enquête de voisinage en bonne et due forme.

À chaque nouvelle histoire, Brian Michael Bendis (en abrégé BMB) et Michael Avon Oeming (en abrégé MAO) font leur possible pour présenter leur histoire sous un nouvel angle. Ils commencent donc par une bonne vieille confrontation traditionnelle entre un superhéros et un supercriminel, le fonds de commerce de tous les comics de superhéros, qu'ils avaient jusqu'alors évité. le style graphique d'Oeming évoque surtout les dessins animés de superhéros pour la jeunesse, jusqu'à ce que le lecteur contemple le visage tuméfié du supercriminel. L'affrontement est plutôt basique, jusqu'à ce que Bendis place des mots assez méprisants dans la bouche d'Omega 6. Pas de doute, BMB et MAO se démarquent toujours de la masse des superhéros et par les images, et par le texte. le cadavre d'Omega 6 n'a rien de racoleur, ni de plaisant à l'oeil.

Pour la suite, BMB et MAO créent chacun des moments de bravoure. Bendis s'amuse comme un petit fou lors des interrogatoires. Il y a 2 pages consacrées à Deena Pilgrim en train de poser des questions à une ancienne collègue de fac d'une suspecte. Bendis en profite pour rédiger ses savoureux dialogues dont il a le secret avec cette charmante dame polarisée sur l'attitude de son ancienne copine sexuellement très active, et pas forcément très regardante. le ressentiment avec une pointe de jalousie transparaît dans chaque phrase avec une malice délectable. Lorsque Pilgrim se confronte au responsable de l'émission télévisée "Powers that be", cela donne un concours de celui qui aura la plus grosse, et là encore les fluctuations du rapport de force se suivent avec facilité et plaisir au travers des échanges verbaux, ou au travers du langage corporel.

Oeming n'est pas en reste pour les passages remarquables. Il ya donc la découverte du cadavre d'Omega 6, double page peu ragoûtante, très évocatrice, sans avoir besoin d'en rajouter dans les détails, une superbe composition. Il y a l'enquête de proximité avec une double page composée de 32 visages différents qui rappelle que MAO sait dessiner des morphologies faciales distinctes. Il ya plusieurs scènes d'action remarquable de fluidité et de violence brutale.

Bien sûr le lecteur retrouve également certains des tics un peu irritants du duo. MAO continue à photocopier certaines cases pour insister sur le temps qui passe, le manque de réaction d'un individu, etc. Soit il reprographie exactement la case à l'identique, soit il la pivote légèrement ou effectue un zoom dessus. Bendis s'amuse toujours à glisser quelques références à l'industrie des comics que ce soit en insérant un nom par ci par là (tels que Mike Mignola et Mark Schultz). Il continue à recourir aux spots télé pour donner une résonnance sociale aux actions qui se déroulent. Mais ce dispositif apparaît de plus en plus comme une solution de facilité, sans réelle profondeur derrière. Au mieux, les avis péremptoires des commentateurs permettent au lecteur de se faire une idée plus large des conséquences des enquêtes, au pire, BMB s'en sert juste pour développer artificiellement une idée. le monologue de 2 pages de Diana Schutz (le nom d'une responsable éditoriale de Dark Horse Comics, insérée dans la narration comme ils l'avaient déjà fait pour Warren Ellis dans Petite mort) sert certes à étoffer les motifs de ceux qui se cachent derrière "Kaotic chic", mais cette séquence arrive comme un cheveu sur la soupe et prend la forme d'un manifeste asséné dans une suite de cases peu palpitantes.

Le tome s'achève avec une interview de BMB et MOA s'interrogeant l'un l'autre, sur leurs influences et leur manière de travailler, assez intéressante dans sa pertinence.

C'est également le premier tome qui n'apporte pas de conclusion satisfaisante au crime commis au début. En finissant l'histoire, le lecteur se dit qu'il n'a eu qu'un morceau incomplet d'un récit plus vaste et que Bendis avait besoin de cet intermède pour glisser quelques éléments qui ne rentraient pas dans autrement dans sa trame scénaristique. C'est un peu frustrant comme expérience de lecture. Les enquêtes se poursuivent dans Les traîtres (épisodes 25 à 30).
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