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Critique de fanfanouche24


Découverte émouvante de cette auteure avec le récit de ses quelques mois passés auprès d'Emmaüs Défi, rue Riquet à Paris...Un témoignage tout en pudeur et sobriété.

L'intention première était de donner "la parole" à ces objets patinés, dépareillés, ébréchés, donnés à la fondation de l'abbé Pierre, afin de leur redonner une seconde vie, les vendre et avec le bénéfice de tout ce travail de récupération réalisé par les compagnons de poursuivre les accompagnements et les réinsertions professionnelles de ces derniers.

A travers ces objets insolites, émouvants… nous vivons au quotidien le travail des équipes, des bénévoles, éducateurs sociaux, et des compagnons. Nous faisons connaissance avec les trajectoires, espoirs et talents de chacun. Tout ce creuset de volontés, dynamisme mis en relief par l'initiative de Lise Benincà de lancer des ateliers d'écriture autour de cette communauté d'hommes et de femmes, ayant vécu des parcours chaotiques, éprouvants d'exclusion et de pauvreté. Toujours ce pouvoir des mots qui aident à se « reconstruire », à guérir du malheur, et à partager ses émotions avec les autres…
Un texte de coeur qui remet tant en question, quant à l'essentiel vital de chaque personne à vivre dignement au sein de « notre » société...

Je retiens un passage très significatif des émotions très denses vécues par l'auteure, au fil de cette expérience. Au moment de quitter les Compagnons…elle sait que son regard… sur les êtres, la vie, notre quotidien, ne sera jamais plus pareil…

« Je traîne. Au milieu des lieux, au milieu des gens. Je ne sais pas comment prendre congé. Je ne sais pas comment retourner à ma vie de salariée, huit heures par jour à produire des choses. C'est sans doute une vision tronquée, au moins en partie, mais j'ai l'impression que les personnes qui travaillent chez Emmaüs savent vraiment pourquoi elles y viennent chaque matin. On n'y produit rien de plus que ce qui existe déjà, on ne rajoute pas des objets à un monde déjà encombré, on les recueille. On ne produit pas autre chose que de l'entraide, du lien social, de la dignité. (p.203)

Ce récit est enrichi des vécus, talents des compagnons, de la mise en valeur de leur travail… mais la littérature n'est pas loin. Lise Benincà nous communique sa passion pour les écrits de Georges Perec et de Jean Giono.
Une très belle lecture pleine d'émotions, de rencontres , nourrie joyeusement de littérature et de la magie des mots…
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