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"Voyage dans le noir", "Ô concentré de tomate!", "Poêlée", "Matin, 1908",... sont quelques-uns des titres des vingt textes qui composent "L'Étang" (Pond), livre particulier de Claire-Louise Bennett.
Passées de nombreuses pages, on ne sait rien de la narratrice, ou si peu. Seulement qu'elle a abandonné sa vie à Londres, la thèse sur laquelle elle travaillait pour aller s'installer dans la campagne profonde (on pense à l'Irlande), dans un petit cottage situé tout près d'un étang et qu'elle a... une queue de cheval.

Ce qui saisit d'emblée dans l'Étang, c'est comme une profusion, un flux de mouvements de conscience, de pensées désordonnées, celle d'une femme qui s'ouvre à la solitude, retirée dans un endroit après avoir tout quitté. Les réflexions poétiques se mêlent à d'autres plus triviales (les boutons de réglage défectueux d'une cuisinière, le mimétisme dans le regard des vaches, les cartouches d'encre verte de son stylo à plume, un bain pris lors d'un orage,...), l'insignifiant à l'essentiel, et inversement.

Loin de cette fixation sur l'activité humaine, sur ses dilemmes, sur ses relations, loin de tout ce qui figure habituellement dans la littérature, Claire-Louise Bennett se concentre sur les divagations d'un être qui s'essaie à son propre rapport à la solitude, à la nature et aux choses. Comme dans une série d'improvisations, dans un propos quelque peu aléatoire, l'auteure nous ouvre à une atmosphère où la beauté, le plaisir de la prose, de l'imaginaire supplante une 'intrigue laissée de côté.
Le propos déroute un peu, le sens se referme parfois sur lui-même mais malgré cela, j'ai profondément aimé ce livre.
Dans un style chatoyant et une prose belle et affranchie, Claire Louise Bennett fait de L'Étang, le portait singulier et attachant d'une femme, sans que l'on sache vraiment pourquoi, partie à la rencontre d'elle-même.

L'amour, la mélancolie, l'intimité, un certain humour aussi, filent au travers des pages comme un petite rivière souterraine qui de temps à autre se révèlent à la surface.
Un très beau livre.
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Livre découvert dans le Monde des Livres. La critique a su utiliser les bons mots pour éveiller ma curiosité, même si je ne l'ai finalement lu que quelques mois plus tard (en version originale).

Je ne regrette pas d'avoir attendu un peu pour me plonger dans ce recueil de courtes nouvelles (d'ailleurs, s'agit-il vraiment de nouvelles ? ou de simples textes ?). Parce qu'il a fini par tomber entre mes mains exactement au bon moment. Si je l'avais lu dans l'hiver, ou au cours du printemps, je l'aurais peut-être trouvé quelconque. Voire même nul. Oui, plutôt carrément nul. Car c'est le genre de bouquins qu'on adore ou qu'on déteste.

Je suis convaincu qu'un lecteur peut, d'une certaine manière, entrer en résonance avec un livre. Ça a été mon cas en plongeant dans L'Etang. Dans ses textes (dont la longueur varie d'un simple paragraphe à une vingtaine de pages), l'auteur ne parle de rien en particulier, et en même temps de tout à la fois. Elle nous embarque chez elle. Pas dans son petit cottage, au bord d'un étang, au fin fond de la campagne irlandaise. Non, chez elle. Dans sa tête. Dans ses pensées.

Oui, c'est le bordel, tout se mélange. le présent, le passé, le futur, l'action, la divagation, la réflexion. Mais n'est-ce pas le cas dans les pensées de n'importe qui ? Là, en l'occurrence, j'avais l'impression de me lire moi. Comme si mon esprit braquait un projecteur sur les pages blanches, et que j'y lisais mes propres pensées, réflexions.

En anglais, Claire-Louise Bennett utilise parfois des tournures de phrases ou des mots un peu compliqués. Bizarrement, le fait de ne pas tout comprendre littéralement (disons qu'une petite partie du sens précis de certaines phrases m'a échappé) ne m'a absolument pas gêné (et d'après le peu que j'ai lu de la traduction française, l'effet aurait été assez proche avec la version traduite). le sens global reste le même : un errement dans les pensées, une promenade dans la tête d'un autre, où, comme dans une ballade en forêt, on peut se contenter de jeter un regard vague sur ce qu'on voit sans que cela n'enlève rien au plaisir et au sentiment de détente que cela procure.

Et puis, parfois, dans certains textes, au milieu de tout ce bazar qui déjà en soi est beau et apprend des choses sur la vie, on tombe sur une perle, un passage qu'on lit et relit en boucle, sur lequel on passe de longues minutes à méditer, parce que ça exprime précisément quelque chose que l'on ressentait soi-même sans avoir encore réussi à poser les mots dessus.
Lien : https://toccacieli.wordpress..
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Comment rendre compte , sans lui porter préjudice, de ce recueil de textes, parfois très courts, toujours surprenants par leur langue qui mêle humour, poésie, réflexions sur les minuscules faits du quotidien avec un point de vue toujours original et décalé ?
La narratrice s'est installée à la campagne dans une petite maison au confort rudimentaire et on se dit qu'on va avoir droit au récit de ses aventures dans ce nouvel environnement mais pas du tout On assistera certes à quelques essais de jardinage,mais pas forcément pour les raisons attendues ni pour le résultat escompté.
Tout est prétexte à des réflexions qui sortent de l'ordinaire, au gré de phrases amples qui voguent parfois d'un sujet à l'autre sans transition, mais sans jamais perdre son lecteur de vue.
Pas de récit proprement dit mais une impression d'immédiate adéquation avec cette vision du monde à nulle autre pareille. Déroutante, oui, mais jamais ennuyeuse ! Un pur bonheur de lecture pour moi mais qui pourrait en laisser d'autres sur le bord du sentier.

Un grand bravo au traducteur: Thierry Decottignies.
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Voici un livre tout à fait étrange. Une vingtaine de textes courts, de quelques lignes à quelques pages, sorte de monologue intérieur, le flux de conscience d'une jeune femme solitaire dans sa maison. Il ne s'y passe rien de vraiment significatif, ou en tous cas pas grand-chose, mais quel voyage dans la pensée d'un être !

« Et j'aurais dû tenir ma langue car comme d'habitude à la minute où j'ouvris la bouche les choses apparurent biscornues et pas du tout comme je les avais imaginées, et cependant tout cela prit une tournure tellement étrangère et absurde que je ne pus rien faire d'autre que de me laisser prendre au jeu. »

Un style quelque peu déconcertant de prime abord, des phrases qui s'étendent, une plume fluide pour une pensée emberlificotée qui fuse et digresse. Souvent, j'ai dû reprendre des passages au début, car j'avais perdu le fil. Aucun agacement pourtant à le faire, juste de la curiosité et de l'amusement, comme si ces relectures partielles étaient voulues.

« Toutefois, bien que s'étant fait jour sur le mode sensationnel, cette nouvelle idée n'avait en réalité rien de si impressionnant ni d'inopiné, elle relevait plutôt du type de sédimentation qui se présente de manière caractéristique lorsqu'un processus analytique prolongé et peu enthousiasmant exaspère les auspices supérieurs d'un subconscient excédé. »

Je me suis bien prise au jeu de cette pensée particulière et étonnante, pertinente et souvent drôle (j'ai même franchement ri, à certains moments). Une traduction superbe, pour une balade légère dans le cerveau d'un Autre original, un peu timbré peut-être. Pour moi, une charmante découverte !

« L'anglais, à proprement parler, n'est pas ma première langue soit dit en passant. Je n'ai pas encore découvert quelle est ma première langue donc pour le moment j'utilise des mots anglais afin de dire les choses. Il est probable que j'ai toujours à le faire de cette manière ; malheureusement je ne pense pas du tout que ma première langue puisse être écrite. Je ne suis pas sûre qu'elle puisse être extériorisée vous comprenez. Je pense qu'elle doit rester là où elle est, à couvert dans l'obscurité élastique de mes organes vacillants. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Une jeune femme qui semble un peu borderline décrit sa vie quotidienne dans son cottage irlandais.
On se demande si elle vit à l'écart de la société, si elle a des amis, une famille, des projets… On le devine par de petites allusions, Mais ce qui domine, c'est la brillante mise en scène de l'absurde dans son récit.
Elle aurait envie d'organise une petite fête. le fera-t-elle ? le lecteur en doute, craignant qu'elle ne gâche cela pas ses gaffes maladroites ou pire que ce projet reste dans son imagination comme la plupart de ses procrastinations
Dans cette fête, elle se positionne comme l'invitée qui ne trouverait pas de place pour s'asseoir, elle se complait à imaginer les contretemps, elle ressasse, se répète. Elle exprime les incidents du cours de sa vie avec beaucoup de finesse d'observation, que l'on peut même qualifier de précision obsessionnelle. Son style est jubilatoire, j'ai beaucoup aimé son humour.
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Une jeune britannique s'installe à la campagne après avoir interrompu ses études et nous livre sa vie quotidienne : ses réflexions, l'ordonnancement de ses journées, ses relations avec les voisins. Le récit est plein d'esprit, parfois poétique, empreint d'une insolence acidulée et tonique.
Je ne comprends toutefois pas l'engouement pour ce livre, honorable mais pas inoubliable.
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Quel roman étrange (c'est d'ailleurs le titre que j'aurais choisi) que les confessions-réflexions de la narratrice! J'ai d'abord cru que je lirais un roman dans la mouvance de la pleine conscience avec une attention à tout ce qui fait notre quotidien et qui est finalement digne d'intérêt. Mais en fait, non ou pas seulement. Je dirais que c'est un roman sur l'intériorité et la singularité, tout en poésie. Je suis sûre par contre qu'il ne peut pas plaire à tout le monde. Pourquoi les 🍌 ? Et bien, il faut l'avoir lu pour le savoir, ou pas...
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Comment dire? Devant une telle masse d'éloges et notamment la critique du Monde des Livres qui m'a décidé à l'acheter, j'hésite à écrire que ce livre m'a prodigieusement ennuyé. Pourtant je lui reconnais les qualités qu'on lui trouve : personnage évanescent, anonyme, irréel, sans rien de pesant. Mais quel ennui ! Je me suis forcé à le terminer et j'ai vu la fin arriver avec soulagement. Passe encore qu'il ne se passe rien ou pas grand chose : contrairement à la quatrième de couverture et les critiques, il y a très peu d'allusion à la vie quotidienne, le titre aurait-il trompé les critiques qui ne l'ont pas vraiment lu? Mais à partir d'une petite observation prosaïque, c'est une sorte de monologue intérieur, narcissique et faussement modeste, volontairement décousu (et pourquoi pas? ) où rien ne m'intéresse. J'ajoute que je ne comprends pas du tout certaines phrases, préoccupation vulgaire me dira-t-on pour un texte aussi poétique. Mais j'ai la stupide habitude d'aimer comprendre ce que je lis.

Et surtout derrière tout cela je sens une posture, c'est ce que je supporte le moins.

Alors copinage des critiques?

Ce qui est hélas plus probable, c'est que je ne suis plus de votre temps, il faut que je me fasse une raison : la littérature d'aujourd'hui n'est plus faite pour moi, et c'est tout à fait normal. Il ne reste plus qu'à attendre la littérature de demain.
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