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3.09/5 (sur 28 notes)

Nationalité : Irlande
Biographie :

Claire-Louise Bennett a étudié la littérature et le théâtre à l'université de Roehampton à Londres avant de s’installer à Galway dans l'ouest de l'Irlande.
Auteure d'essais et de nouvelles, ses œuvres ont paru dans de nombreuses publications, dont The Irish Times, The White Review ou encore The Penny Dreadful.
En 2013, pour une de ses nouvelles, elle reçoit le premier prix de la White Review Short Story.
En 2015, parait son livre "Pond" (L'Étang en français) qui connait un grand succès auprès de la critique et du public britanniques.

Source : http://www.editionsdelolivier.fr/auteurs/27808-claire-louise-bennett
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En ce début d'année sont parues les traductions de Caisse 19 de Claire-Louise Bennett et Assemblage de Natasha Brown, deux autrices britanniques dont les romans se sont imposés outre-Manche comme des révélations. Il s'agit là de deux livres singuliers, à l'écriture puissante, déployant chacun une grande originalité formelle et narrative. C'est aussi l'acuité de leur regard qui autorise le rapprochement, quant à ce que ces textes disent de l'expérience d'être une femme dans un monde patriarcal – et une femme noire dans le cas d'Assemblage – et quant à la relation de leurs narratrices au monde du travail. Caisse 19 et Assemblage peuvent en outre être lus comme les récits d'une révolution personnelle, laquelle en passe par la littérature. Claire-Louise Bennett est une écrivaine britannique, elle vit en Irlande depuis une vingtaine d'années. En l'espace de deux livres, L'Étang (trad. Thierry Decottignies, L'Olivier, 2018) et Caisse 19, elle est devenue l'une des figures de proue de la nouvelle littérature outre-Manche, au même titre que Sally Rooney ou Nicole Flattery, entre autres. Natasha Brown a suivi des études de mathématiques à Cambridge University, puis travaillé une dizaine d'années dans le secteur bancaire. Son premier roman, Assemblage, a été encensé par la critique et les libraires du Royaume-Uni, et traduit dans le monde entier. Elle est considérée comme l'un des grands espoirs des lettres britanniques. Retrouvez notre dossier "Effractions 2023" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2023/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/ Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou

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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Elle dut me préparer une tasse de thé en tout cas, avant de partir placer une pancarte d'avertissement près de l'étang - qui, par ailleurs, n'est absolument pas profond du tout. Si ça dépendait de moi je ne mettrais pas d'écriteau disant étang près d'un étang, soit j'écrirais autre chose, tel que Eaux grasses, soit je ne ferais rien du tout. Je sais quelle est l'intention, je sais que c'est pour empêcher les enfants de s'approcher trop vite de l'étang et qu'ils tombent dedans, mais ça ne change pas le fait que je ne sois pas tout à fait d'accord. Ce n'est pas que je veuille que les enfants tombent dans l'étang, bien que je ne voie pas quel mal ça leur ferait ; c'est que je ne peux m'empêcher de juger la situation du point de vue d'un enfant. Et très franchement je serais dégoûtée au point d’en ourdir vengeance immédiatement si l’on m’emmenait dans un endroit prétendument magique un après-midi de fin septembre et que, me précipitant vers l’étang, toute seule très probablement, je découvrais le mot étang griffonné sur un minable morceau de contreplaqué mouillé juste à côté. Oh je serais furax. Ce genre d’ingérence imbécile se produit avec une régularité exaspérante durant l’enfance bien sûr et c’est toujours extrêmement pénible. On commence à se renseigner vous comprenez, à développer la capacité de vraiment remarquer les choses de sorte qu’avec le temps, et avec suffisamment de pratique, on devient conscient du logos que la nature porte en son sein et on peut éprouver la joie enrichissante d’aller et venir en accord profond et direct avec les choses. Pourtant invariablement ce processus vital se voit brusquement contrarié par une couche idiote de désignations littérales et de mises en garde ineptes si bien que le terrain entier est obscurci et devient inaccessible – jusqu’à ce que finalement tout soit absolument terrifiant. Comme si la terre était un immense et complexe coupe-gorge. Comment me sentirais-je jamais ici chez moi si ces écriteaux alarmistes fourrent leur nez partout où je vais?
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Je dois avouer que j'ai toujours eu une faiblesse naturelle pour les vêtements râpés et je me suis tellement habituée aux trous et compagnie que je suis devenue tout à fait insensible à l'indignation ou à l'inquiétude ou au malaise ou à la pitié que de telles hardes peuvent parfois susciter chez les autres. Je me souviens avoir vu une fois il y a des années à Dublin une Française qui portait un manteau de velours côtelé de couleur claire avec de grandes taches sur le devant, des deux côtés de la fermeture Eclair, et les taches étaient très sombres, comme si elles étaient venues de la pulpe d'un fruit sombre tel qu'une prune de Damas ou peut-être des baies de sureau et quand on m'a présenté cette Française avec le manteau de velours côtelé crasseux je n'ai pas pu détacher mes yeux de ces fleurs décadentes et profondément cramoisies qui s'épanouissaient des deux côtés de la fermeture Eclair et chaque fois que je la rencontrais j'étais toujours un peu déçue et légèrement déprimée quand elle ne le portait pas. Je trouvais ces taches assez exquises et excitantes - c'était comme si elle dévoilait fièrement une partie d'elle-même en train de se créer ; elles étaient si expressives et si scandaleuses.
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Qu'est-ce que ça veut dire, dis-je. Quoi, dit-il. Encorbellé, dis-je. Encorbellé, dit-il. Oui, dis-je, je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire. Et il m'expliqua ce qu'encorbellé veut dire et sans doute mon visage devait-il toujours avoir l'air inquiet parce qu'il mit sa main à plat devant nous et il prit ma main et la plaça verticalement sous la sienne de façon que le bout de mes doigts vienne toucher ces petites bosses où commençaient ses propres doigts et, juste comme ça, tout convergea. Voilà, dit-il, c'est encorbellement. Et bien sûr l'image qui se forma ne fit qu'exalter en moi la vie qu'il menait et mon désespoir à l'idée de n'en jamais faire partie. Encorbellé. Encorbellé. J'adore la façon qu'il avait de dire ce mot. Encorbellé. Je ne l'entendrai jamais et je l'entendrai toujours.
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Les changements d'envergure n'avaient en fait aucun intérêt pour moi ; c'était plutôt les petites choses demeurant constantes qui m'attiraient. Par exemple, presque toutes les pierres qui constituent le cottage sont de taille égale et de forme analogue - elles ne sont nullement uniformes bien sur, mais dans l'ensemble elles donnent une impression de régularité et de continuité. Toutefois, à l'arrière du cottage, en haut à gauche du mur, il y a un arrangement incongrûment compact de pierres bien plus petites. Et bien que cette anomalie structurale n'ait pas exactement l'air d'un défaut il y a assurément quelque chose d'antithétique en elle et je me souviens que lorsque je l'ai vue pour la première fois, en revenant de la corde à linge un matin de juin, je suis restée plantée devant. Toutes les autres pierres remplissent silencieusement leur fonction vous comprenez, alors que ça, alors que cette convergence frappante semble dire quelque chose - quelque chose que je n'ai pas tout à fait réussi à débrouiller, mais dont le caractère poignant et dévoyé parvient néanmoins, pour une raison ou pour une autre, à me subjuguer.
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Je ne serai plus longtemps de ce monde.
Je ne serai plus longtemps de ce monde.
C'est quelque chose que j'avais pris l'habitude d'entendre ma grand-mère proférer tandis qu'elle attendait, par exemple, que son eau siffle dans sa bouilloire. Dieu sait que l'infini grondement monotone de l'eau qui se change en vapeur peut tout coup susciter de telles aspirations célestes. Ou peut-être après, assise. Pendant qu'elle remuait le sucre dans son thé et que je rassemblais les miettes du gâteau dans la petite assiettes posée sur mon genou avec la pulpe attentive de mon majeur. Elle l'a dit un jour que nous étions toutes les deux assises en attente du dessert dans le salon de la maison de ma tante près du ruisseau, et ma tante s'est élancée de la cuisine une grande cuillère fumante à la main et a dit avec colère "Maman ! Ne dis pas ce genre de choses devant la petite". Mais ça ne me dérangeait pas le moins du monde. En fait j'aimais bien quand elle disait ça et je l'ai répété plus tard une fois rentrée à la maison, assise sur le bord de mon lit. Je ne serai plus longtemps de ce monde. Je ne serai plus longtemps de ce monde. J'avais déjà l'impression à cette époque de me tenir à l'extérieur du monde et de la regarder ainsi du dehors, et c'est principalement un sentiment de déréliction et d'angoisse que cette impression faisait naître en moi. Assise sur le bord de mon lit à motifs de boutons de rose, répétant le mantra de ma grand-mère, je me sentais cependant noble, mystérieuse et indépendante. Comme si je n'étais guère que de passage en ce monde et j'avais un endroit un million de fois supérieur où retourner. Je ne serai plus longtemps de ce monde. Je ne serai plus longtemps de ce monde.
(pages 47-48)
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Je suis heureuse bien sûr d'avoir continué à vivre, notamment parce que depuis j'ai lu des tas et des tas de livres d'écrivaines comme Fleur Jaegy et Ingeborg Bachmann et Diana Athill et Doris Lessing et Marlen Haushofer et Shirley Jackson et Tove Ditlevsen et Agota Kristof et Muriel Spark et Eudora Welty et Inger Christensen et Anna Kavan et Jane Bowles et Silvina Ocampo et Angela Carter et Leonora Carrington et Tove Jansson et Merce Rodoreda. Il est arrivé un moment je ne sais pas quand exactement où il s'est trouvé que ce stade j'avais lu suffisamment de livres écrits par des hommes. Cela s'est fait tout naturellement - je ne me souviens pas m'être dit que j'en avais assez et que je n'allais plus lire de livres écrits par des hommes pendant un certain temps, je me suis simplement mise à lire de plus en plus de livres écrits par des femmes et cela ne me laissait plus beaucoup de temps pour lire des livres écrits par des hommes. Je consacrais tout mon temps à lire des livres écrits par des femmes et soudain une année entière s'était écoulée et je n'avais lu que des livres écrits par des femmes et une autre année est passée sans que ce soit différent, puis, de temps en temps, très occasionnellement, il y avait quelque chose d'un auteur masculin, L'Institut Benjamenta de Robert Walser, par exemple mais la plupart du temps c'étaient des livres écrits par des femmes que je lisais, et c'est resté comme ça. (pages 159-160)
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J'écoutais un petit scarabée longer la naissance de mes cheveux sur mon front. J'écoutais une araignée traverser l'herbe vers ma couverture. J'écoutais le yo-yo d'un couple de mésanges bleues querelleuses derrière moi. J'écoutais le ramier s'ébrouer dans les branches moyennes d'un hêtre revêtu de lierre et les étourneaux sur les câbles électriques au-dessus, et les mouettes et les martinets bien plus haut encore. Et chaque son était un échelon par lequel je m'élevais, et ainsi il m'était possible de monter très haut, de grimper au-delà des nuages, vers une exubérance volatile, où tout n'est que lumière et vastitude bleue. Plus tard, vers le soir, comme il faisait plus frais, je me pelotonnais un peu plus et écoutais de moins en moins jusqu'à ce que, très lentement, je retourne au crépuscule et à la terre. Et puis je commençais vite à avoir très faim et donc je jetais la couverture sur mon épaule et retournais au cottage pour préparer le dîner - dans lequel se trouvaient souvent des fèves, des citrons, des épinards peut-être, et beaucoup de noix hachées et de fromage blanc.

p. 35-36
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C’est une galère de savoir quoi prendre au sérieux.
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Claire-Louise Bennett
Le matin attend debout sur sa haute balançoire , déplaçant la terre d'avant en arrière sous ses ongles avec un morceau de carte vierge.
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Cette journée-là était étrangement sereine aussi et j'étais seule alors également, et tandis que je nageais je ne m'étais pas senti le courage d'aller jusqu'à l'autre bord pour la raison que quand je suis seule il m'est pratiquement impossible d'évaluer les distances.
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