nos enfants pourront ils construire un monde un peu meilleur que le notre
L'éducation comme la tour de Babel se construisent pierre après pierre avec patience et abnégation. L'une comme l'autre dégringolent dès lors que sont bafoués les principes de la transmission.
De la même façon, un enfant ne parle pas à ses parents parce qu'il les aime ; il les aimera, peut-être, parce qu'il leur aura parlé et qu'eux-mêmes auront pris infiniment de soin à le comprendre et à lui répondre.
Alors que la parole des politiques devrait celle qui s'inscrit dans un dialogue collectif exigeant sans s'y pervertir, elle ne sert souvent qu'à donner une illusion de vie agitée à des pantins pitoyables qui ont perdu la conscience de ce qu'ils disent, de ce qu'ils veulent et de ce qu'ils sont.
A nos enfants, nous devons donc apprendre, à l'école comme à la maison, qu'ils ont le droit de réfuter la vérité proférée qui que soit celui qui la profère.
En elle-même, une langue n'est pas riche ou pauvre. Une langue n'est rien sans ceux qui la parlent.
Rien n'est plus dangereux que de faire croire à un enfant qu'il sait lire, alors qu'il ne possède aucune autonomie de lecture.
La vraie violence se nourrit de l'impuissance à convaincre, de l'impossibilité d'expliquer. La vraie violence est muette.
Être illettré aujourd'hui, c'est être empêché de participer à l'essor économique, parce que l'on est privé des moyens minimaux nécessaires à la promotion sociale et économique. Être illettré aujourd'hui, c'est être enfermé dans un cercle étroit de connivence et de proximité, coupé de la communication sociale et de la culture commune. Être illettré aujourd'hui, c'est être vulnérable face à des discours et des textes dangereux portés par des individus sans scrupules. Être illettré enfin, c'est être plus immédiatement porté au passage à l'acte violent, parce que l'argumentation, l'explication sont difficiles.
Jour après jour, la télévision formate les cerveaux des plus fragiles de nos enfants, les rendant souvent, à des moments clés de leur apprentissage, sémiologiquement réfractaires à la lecture, à l'écriture et à toutes formes d'heureux labeur intellectuel.