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Critique de vibrelivre


Il est juste que les forts soient frappés
Thibault Bérard
roman (premier)
Les Editions de l'Observatoire, 2020, 293p.



C'est un roman autobiographique dans lequel l'auteur relate l'histoire tragique de son couple, mais sur un mode à la fois optimiste, réaliste, dramatique et légère, de manière à composer un hymne fougueux à la vie, à l'amour absolu, à l'amitié fidèle. La mort ne sera pas victorieuse. Les événements se passent dans les années 2000. le choix de la focalisation est original ; la narratrice est la femme du couple, Sarah, qui parle alors qu'elle est morte, et elle parle pour enfin trouver le repos chez les morts. Il faut que ceux qui l'ont aimée la laissent partir complètement. Comme elle est encore avec eux, elle voit comment ils vivent.
La narratrice commence par parler du temps d'avant son mariage, quand elle était une « petite conne », adolescente rebelle, punkette, désespérée et cherchant à mourir. Elle se jette devant une voiture dont la conductrice est une psychiatre qui saura la remettre sur les rails. Cependant, elle reste convaincue qu'elle mourra avant ses quarante ans. A trente ans, elle rencontre Théo, un jeune homme de six ans son cadet, qui est en léger décalage avec la réalité. Tous deux sont passionnés de musique et de cinéma, lui est fou du film La vie est belle de Capra réalisé en 47, et non de celui de Bellini, et elle a pour morceau culte Hey Jude. C'est le coup de foudre. Théo lui donne le goût de vivre et la stabilise. Elle est son « Moineau », parce qu'elle est consciente de ses failles, il est son « Lutin » parce qu'il est un chien fou qui ne connaît pas ses faiblesses. Ils sont entourés de copains. Les parents de Théo ne voient pas d'un bon oeil cette union : leur fils aime une suicidaire ! Théo et Darah décident d'avoir un enfant, même si cette responsabilité implique qu'ils voient moins leurs potes. La grossesse se passe au mieux. Naît un fils. Leur bonheur est à son comble. Ils veulent en avoir un deuxième. Cette seconde grossesse est difficile. Sarah est épuisée. Alors qu'elle en est au septième mois, les médecins lui diagnostiquent un cancer sévère qui attaque ses poumons. Il faut faire sortir l'enfant et enlever le poumon atteint. C'est la lutte contre la maladie. Théo devient complètement adulte, gérant son boulot, les soins à donner aux enfants, même si sa famille l'aide beaucoup, et les visites quotidiennes à l'hôpital. Une illumination saisit Théo : il est juste que les forts soient frappés, parce que deux autres êtres jeunes, moins forts qu'eux, n'auraient pas pu faire face à cette maladie cruelle.
Sarah s'en sort, l'oncologue la dit même guérie. Quatre ans de bonheur fou, et peut-être excessif, ce qui justifierait le malheur selon la pensée grecque, s'ensuivent. Elle fête ses quarante ans.
Hélas, le cancer attaque à nouveau, cette fois-ci la colonne vertébrale. Sarah perd l'usage de ses jambes. Elle sait que l'issue sera fatale, Théo aussi.Mais ils luttent, ils veulent y croire, elle, ne veut pas quitter ses enfants dont l'aîné nourrit de la colère contre la maladie.
Alors que les jours de sa compagne sont comptés, Théo rencontre Cléo dont le prénom est très proche de celui de Théo.
La narratrice parle de façon très humaine de sa maladie, de ce qu'elle ressent, de ce que Théo peut ressentir. Ainsi, devant leur propre souffrance, les attentats contre Charlie Hebdo leur paraissent moins importants. Faire de Sarah la narratrice permet que Théo soit vu de l'extérieur, et que soit conté son calvaire sans qu'il et que l'auteur en soient gênés, et que la première place soit donnée à Sarah, la principale victime, celle qui meurt, celle que Théo aimera à jamais, celle qui veut que son Lutin connaisse le bonheur après elle.
C'est un livre prenant, très émouvant. Les personnages happent le lecteur. Les références musicales, cinématographiques, littéraires ont beaucoup d'intérêt. Que l'action ait lieu dans les années qu'on a vécues fait qu'on se sent un peu comme le pote du couple.




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