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Citations sur Le Martyre de l'obèse (14)

A parler franc, je m'aime pas l'amour à l' impromptu. Je suis comme le ténor Duprez , auquel les bravos de confiance ôtaient ses moyens.
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L'âge d'aimer n'existe pas. Ce qui existe et qui passe c'est l'âge d'être aimé.
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"Grosses gens, bonnes gens", dit un proverbe de ma province. S'il dit vrai, la terre porte quantité de braves bougres, car les bons ventrus, Dieu merci, ne sont pas aussi rares que les bons ministres. Là-dessus, j'ai une petite chose à dire, c'est qu'on aurait bénéfice à choisir les politiciens parmi les gens gras: ce serait le plus sûr moyen de ne point avoir à les engraisser.
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"Au travail on fait ce qu'on peut, mais à table on se force !"
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Le propre d'une grande passion c'est de donner de l'importance aux espoirs les plus puérils.
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Être aimé soudain, provoquer dans le regard des femmes cette lueur rapide qu'elles cachent aussi vite qu'elles le peuvent sous des airs indifférents et des paupières baissées, deviner chez celles que l'on désire en silence ce consentement muet que les paroles ne pourront ni confirmer ni démentir, voilà la raison de vivre, voilà ce que rien ne remplace !
(chapitre XI)
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Je suis amoureux, voilà qui fait rire tout le monde. Le soupir est interdit à l’hippopotame, et Venise n’est pas faite pour les cachalots.

Le jour où j’atteignis cent kilos… Ah ! ce jour-là me remplit d’un chagrin si pathétique, que je poussais sur la bascule, de vrais cris de tragédien. Puis, comme il arrive toujours après les grandes douleurs, je sombrai, trois mois durant, dans la trouble mélancolie des bêtes à l’étable. Bah ! il faut en prendre son parti : "Grosses gens, bonnes gens", dit un proverbe de ma province.

L’obèse est la gaieté du monde, surtout lorsqu’il se met en tête de maigrir. Cela m’est arrivé comme aux autres, et, comme eux, j’ai tout essayé.
Je me laissai conduire dans un hammam. La chaleur m’oppressait au point de me tenir bouche bée comme un poisson sur le sable. Des citoyens dénués de graisse et de pitié et qui, sans doute, allaient en ces lieux pour voir souffrir les poids lourds, me regardaient d’un œil sec. Je haletais sous le peignoir de laine. Les miroirs, dans leurs cadres mauresques, me renvoyaient l’image d’une tomate énorme, huileuse et mouvante. La sueur me noyait les yeux. Je résistais. Les chevaux collés, la langue pendante, je régnais, comme un Neptune dérisoire, sur mes propres eaux dont j’inondais au moindre mouvement le carrelage du bain turc.
Puis ma force s’en allait. Je regagnai ma cabine en chancelant. Des garçons brutaux s’emparaient du costaud dégonflé et l’étendaient sur le lit. Enfin, massé, pincé, passé au crin, étrillé, assommé de claques, je sortais. Une soif dévorante me jetait dans une brasserie exploitée de l’autre côté de la rue par le tenancier des bains, comme je le sus plus tard. C’est là que la clientèle martyre venait se refaire et se consoler. Elle venait en courant entonner la bière fraîche et mousseuse, reprenait sans retard son humidité naturelle et son poids normal. Je garde de ces expériences un souvenir assez agréable, car la bière était excellente. Je les eusse certainement prolongées, si l’implacable bascule ne m’avait tout à coup révélé un nouvel excédent de bagage.
Alors commença pour moi l’ère de la gymnastique suédoise. Chaque matin me voyait, nu comme un bel œuf rose, au milieu de mon salon. La pantomime commençait : j’étais un prophète battant l’air de ses bras, puis un Bouddah s’accroupissant pour remonter avec lenteur vers le ciel ; puis, couché sur le tapis, un noyé qui tend ses orteils hors de l’eau, puis Adam étendant les bras pour savoir s’il pleut ; je roulais, je rampais, bondissais et je n’étais plus ensuite qu’un gémissant catalogue de toutes les espèces de courbatures depuis les premiers âges de l’humanité. Cette fois-là je maigris un tout petit peu.

Un jour, je m’assis, la faim au ventre et noyé de fatigue, à la terrasse d’un café. Un couple passa ; la femme sourit et je l’entendis qui, me montrant du regard à son compagnon, murmurait : - En voilà un qui ne doit pas se priver !
Ce fut une leçon. Je ne me privai plus, en effet. Alors je m’aperçus que les régimes, s’ils ne font pas maigrir, empêchent du moins d’engraisser. Je me mis aussitôt à enfler comme une bosse sur le front, sous le regard des témoins stupéfaits. Jusqu’alors j’étais potelé, pas davantage. Il me fallut moins d’un an pour atteindre au point où vous me voyez.
Alors ce fut, en son genre, admirable. Je ne pouvais plus rencontrer un ami, après un mois d’absence, sans qu’il levât les bras au ciel et demeurât béant, à la vue de mes joues :
- Si vous voyiez mes fesses ! m’écriais-je furieux.

Le vêtement moderne, voilà l’ennemi ! Vivent le peplum et la toge ! J’aspire au retour des mœurs antiques, sauf en ce qui concerne l’auto et les cocktails.

Un compliment fait toujours plaisir. Encore est-il mieux venu d’un aimable complimenteur. Mais la galanterie d’un gros monsieur n’est guère agréable aux petites oreilles. Bah ! bah ! laissez donc, ne protestez pas, vous savez bien que je dis vrai. Et puis j’ai l’habitude : ni plaire, ni déplaire, être tenu à l’écart des jeux du flirt, amuser les coquettes et rassurer les maris, c’est, à présent, notre sort à nous, les trop vastes galants, les bons gros que tous aiment bien et qu’aucune n’aime tout court.
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...il se passait en moi ce qui se serait passé en vous, en n'importe quel homme, puisque nous sommes tous des cochons, des cochons vaniteux.
Pour cela, les gros valent les minces et les pelés valent les tondus. Ils se croient tous irrésistibles pour si peu qu'ils puissent penser que l'on en veut à leur peau.

page 22
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Tenez donc pour certain que la première condition d'un aimable repas tient principalement dans le choix des convives.
(chapitre VII)
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On aurait bénéfice à choisir les politiciens parmi les gens gras : ce serait le plus sûr moyen de ne point avoir à les engraisser.
(chapitre 1)
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