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Critique de Thrinecis


Je poursuis ma relecture de quelques romans de Nina Berberova.
Celui-ci oscille entre tragique et sordide. Il relate la lente déchéance de Tania, exilée de Russie après la révolution d'Octobre en 1917.

A Saint-Pétersbourg, la jeune Tania a vécu plutôt librement des jours heureux avec Lila sa soeur aînée, sous l'égide d'une vieille gouvernante incapable de maîtriser leur penchant pour l'oisiveté. Mais après la révolution, la famille doit fuir les bolcheviks et part à Nagasaki. Là-bas, Tania réalise qu'elle fait tourner la tête aux hommes et elle s'offre à l'un d'eux pour éviter qu'il ne lui préfère sa soeur. S'ensuivent 9 années de mariage dans un confort relatif au Japon et un nouvel exil pour Paris où Tania et son mari espèrent trouver le bonheur. Mais le mari de Tania ne trouve pas de travail et meurt après avoir sombré dans la folie, la laissant sans le sou. Commence une longue errance pour Tania qui n'a jamais travaillé, n'a même pas l'envie d'essayer. Vivotant au jour le jour, mendiant auprès de ses amies, elle se lance dans la quête d'un homme qui l'entretiendra quelques mois, quelques années, peu importe pourvu qu'elle ait le sentiment d'être aimée. Mais ce qui viendra ensuite ne sera jamais qu'un ersatz de bonheur...

A lire ces lignes d'une tristesse absolue, d'une noirceur accablante, j'ai pensé à Zola bien sûr : la dégradation morale et physique de Tania évoque celle de Gervaise mais sans la sympathie naturelle qui nous porte vers la pauvre blanchisseuse de Zola, car il est impossible d'éprouver la moindre empathie pour l'héroïne de Nina Berberova. Trop orgueilleuse, trop vicieuse par nature, trop incapable... Au mieux, on peut avoir pitié d'elle. La fin de son premier mari rappelle également celle de Coupeau, lui aussi devenu fou avant de mourir à l'hôpital. Il y a beaucoup de similitudes qui pourraient laisser penser que Nina Berberova s'est inspirée de L'Assommoir.
Enfin la dernière liaison de Tania m'a rappelé le couple maudit de Thérèse Raquin, bien que la passion ne soit pas présente dans celui de Tania avec son serveur russe.

L'écrivaine excelle à décrire la misère sordide dans laquelle vivent ses personnages, la petitesse de leurs actes et de leurs espoirs, et surtout le dégoût qui saisit tour à tour Tania et ses amants, qu'elle contamine par son désespoir latent, par sa faim dévorante d'un bonheur inatteignable et sa peur de l'avenir.

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