Avant de commencer, je tiens à remercier Babelio et les éditions Kennes pour leur opération Masse Critique spéciale, qui m'a permis de découvrir ce livre.
De loin, «
Rumeurs au bureau » était censé tout avoir pour me plaire : une romance interdite dans un cadre pro, le coup classique de l'hôtel bondé et de la chambre avec un seul lit... sauf qu'il ne suffit pas de mettre des tropes sympa et de secouer un coup pour obtenir un bon roman.
Le premier point qui m'a vraiment beaucoup gêné, c'est le rythme du récit. Déjà que les chapitres sont ultra-courts de base, mais ils sont en plus ici découpés en paragraphes encore plus courts, de parfois à peine une page. Conséquence : le récit est très haché, ce qui n'a pas arrêté de me sortir de l'histoire. Ceci dit, quelqu'un qui aime grappiller quelques minutes de lecture ici ou là y verra peut-être à l'inverse une qualité. C'est donc totalement subjectif, mais à prendre en compte si ça fait partie des choses qui peuvent vous rebuter dans un livre.
En théorie, avec un récit situé dans le cadre d'une entreprise, on pourrait s'attendre à ce que le travail des personnages soit au coeur de celui-ci. Eh bien, ici, ce n'est pas tout à fait le cas. Oui, Patricia travaille sur des dossiers, passe des coups de fil, sert de tampon entre la direction et le reste du monde et accumule pas mal de stress, mais tout ça reste incroyablement superficiel. Arrivés à la fin du livre, on ne sait toujours pas quel est le secteur d'activité de la boîte ni de quelle nature est le produit « Machin-truc » dont il est souvent question. Oui oui, « Machin-truc », « Beau-Machin », « Big & Fast Distribution », c'est formulé tel quel dans le texte, comme si l'autrice avait oublié dans le fichier de remplacer les noms du premier jet. Là où n'importe quel nom inventé aurait apporté un peu plus de crédibilité à tout ça...
On retrouve ce manque de profondeur dans l'affaire de harcèlement, tellement discrète qu'on se demande ce que ça vient faire là. Sa résolution apparaît facile, rapide, trop résumée, alors qu'avec un peu plus de détails, l'idée n'était pas mauvaise en elle-même.
Et côté romance ? Circulez, ça ne vend pas du rêve. La seule et unique qualité de Gabriel est d'être un être humain décent (agréable à regarder, certes), c'est dire si la barre est basse. Quid de ses passions, tout ça ? On n'en sait rien. Patricia non plus, ceci dit, à part aller courir sur un tapis de temps en temps. Au moins, on ressent bien la pression qui pèse sur ses épaules : entre le boulot et sa fille à récupérer in extremis, inutile de se demander pourquoi elle n'a pas de vie ! La petite Coralie, elle, apporte à l'occasion un peu de légèreté au récit, mais, forcément, on ne la voit pas souvent.
Quant au côté « romance interdite », tout du long, on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi ce serait un tel drame si les collègues s'apercevaient de quelque chose. Patricia a tendance à faire des montagnes de rien du tout, à verser des torrents de larmes pour absolument 0 raison... bref, j'ai souvent eu envie de la secouer, mais de m'y attacher ? Certainement pas !
Dans ces conditions, il paraît compliqué, voire impossible, de recommander ce roman qui possède certes de bonnes idées, derrière lesquelles on sent une bonne intention, mais tellement peu abouti sur tous les plans qu'on s'ennuie ferme. Quand on n'a pas juste envie de baffer les persos...