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Critique de larmordbm



En soixante pages, avec son écriture tellurique, obscure, nourrie par les contours et les accidents des roches et de la géologie corrézienne, Pierre Bergounioux nous explique pour quelles raisons, bien qu'il ait été en contact avec elle, et qu'elle ait été en mesure d'apporter des éléments de réponse à ses maux et ses tourments, la rencontre avec la psychanalyse n'a pu se faire.
Leur relation a commencé dès l'enfance lors de la diffusion à la télévision d'un film de Bergman où l'un des personnages mentionne le recours à un psychanalyste. le terme reste dans la mémoire de l'auteur.
Cela se poursuit ensuite en cours de philosophie, puis dans les nombreux livres lus pendant ses jeunes années, et à Paris, fortuitement, lors d'un séjour à l'hôtel du Brésil où a séjourné Freud lorsqu'il travaillait avec Charcot.
Mais Bergounioux ne s'appesantit pas sur la définition de la psychanalyse, son contenu, ses finalités. Il ne porte sur elle aucun jugement. Juste, peut-être, ressentons-nous de sa part une petite touche de regret quant au fait de ne pas l'avoir suivie.
De quoi nous parle-t-il alors dans ce livre publié dans la collection Connaissance de l'inconscient ?
De son enfance dans ce Limousin agricole, pétri de traditions millénaires, où les paysans marqués par le destin de faire corps avec la terre et la matérialité des "choses", usaient de peu de mots pour dialoguer, et ne portaient pas de regard sur eux-mêmes et sur la mutation qu'ils devaient opérer pour entrer dans l'ère de la modernité. Il s'agissait d'une période où les adultes taiseux ne répondaient pas à ses questions et pendant laquelle les seules sorties de ces terres noirâtres consistaient à s'extraire des plateaux pour partir à la pêche avec son père.
Pour mettre fin à ce silence assourdissant, le jeune Bergounioux s'immerge bientôt dans les livres de la bibliothèque de la sous-préfecture, puis dans ceux qu'il achète à profusion lors de son entrée dans la vie professionnelle. Il s'extraie de la glaise, des schistes, du monde des non-dits, en entreprenant un long parcours solitaire dans l'univers des mots et du langage.
Nous comprenons alors, qu'ayant trouvé dans l'écriture, son ancrage dans la réalité et avec l'extérieur, et donc sa propre thérapeutique, Bergounioux, du fait également d'un décalage culturel, ne pouvait envisager un recours à la psychanalyse.
Un beau texte concis et dense, qui éclaire et apporte un merveilleux écho aux résonnances immémoriales de Miette.


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