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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce que j'ai ressenti:

J'ai une fascination pour les paysages enneigés…Une sorte d'attraction, que j'adore pouvoir ressentir en lecture. Cette fois-ci, je suis partie vers un horizon qui m'est encore inconnu, voir un peu les mentalités de ces fermiers qui vivent loin de tout… Si on se laisse séduire incontestablement par le panorama époustouflant du lieu dans laquelle la ferme se situe, la solitude tient quand même une grande place, et c'est sur ses habitants qu'elle abattra, son ombre mordante…Car, vivre dans en ces lieux, implique des sacrifices qui se mesurent en pertes et en retrouvailles, en deuils et naissances, en fuites et retour aux racines. Un espace nourri en attentes interminables et petites joies éphémères, un temps qui s'étire en longueur, une nature impitoyable, et puis soudain, le grondement de la Seconde Guerre Mondiale qui vient perturber encore plus, cet équilibre fragile…Une ligne temporelle de monotonie qui joue des boucles, et aux points reliés, continue son Histoire: cette guerre redistribue les rôles, régurgite des objets nouveaux, et l'Islande se modernise lentement…L'auteur raconte avec finesse, les bouleversements de cette petite communauté, reculée…

"On a besoin d'énergie qu'on soit en guerre ou en paix, la vie se nourrit de notre énergie et de celle de la nature, répondit le vieux, épuisé."

J'ai trouvé l'écriture de Gudbergur Bergsson très sensible et aussi, très riche. Un roman noir dans la blancheur des neiges, des destins sombres imbriqués dans l'âtre d'une ferme isolée. Dans cet espace réduit et une vie de labeur sans fin, il nous capte intensément avec le poids écrasant de cette continuelle patience inconsciente de « ceux qui restent »…Une patience aiguisée dans leurs contemplations de la faune et de la flore qui les bousculent, nourrie de la sagesse de ses temps de respect, rompue aux trop nombreux abandons de « ceux qui s'en vont »…Finalement, la magie de la plume de Bergsson nous raconte milles trésors d'enseignements d'humilité, et illumine dans leurs yeux, la joie de voir « ceux qui s'en reviennent » et…Il n'en revint que trois.

« Parce que être libre signifie à la fois jouir de certains droits et être garant de la liberté et des droits d'autrui. »

Une lecture qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, à l'image de cette renarde blanche qui gambade autour de ses lignes et d'une grotte mystérieuse… Toute beauté se mérite, c'est bien connu, et ici, elle prend forme dans les reliefs escarpés de l'Islande… La patience sera une vertu nécessaire pour l'ultime récompense: le plaisir de saisir toute la poésie de ce nouveau roman fraîchement sorti pour cette rentrée littéraire de Janvier 2018.

"Les lecteurs comme toi aiment les histoires qui sentent la poussière d'os."



Ma note Plaisir de Lecture 8/10
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L'Islande avant la seconde guerre mondiale semble un pays au bout du monde. La pays vit de la pêche et d'une agriculture poussive, qui n'a pas bénéficié des avantages de la mécanisation et qui n'a de surcroit que très peu de terres cultivables. La ferme au centre de cette histoire survit depuis toujours grâce à la participation de l'ensemble de la famille. Perdue sur des terres désolées de mousses et de laves cette famille loin de tout va voir arriver peu à peu le monde moderne se rapprocher.

Les anglais puis les américains investissent l'Islande, terrain stratégique pendant la seconde guerre mondiale. Ils y importent un certain confort qui va finir par transformer les rapports de ces fermiers à la terre. Quand le monde se rapproche, il faut en tirer parti, et c'est ainsi que l'Islande va devenir une destination touristique prisée.

Le livre retrace l'histoire de 3 générations de 1930 à l'avènement d'internet. Il y a ceux qui s'accrochent à la terre et qui y puisent leur force et ceux qui finissent par la quitter attirées par les sirènes du progrès. Les personnages sont distants, froids et secs comme ces terres arides, l'atmosphère est austère et les paysages magnifiquement décrits.

Mon avis est partagé. j'ai aimé le contexte, les paysages, La description de la culture Islandaise, l'histoire de cette révolution par l'avènement du progrès mais il y a pourtant quelque chose qui reste indescriptiblement sombre et sobre. Cela tient aux personnages qui ne semblent pas pour l'auteur devoir siéger au premier plan, passant de l'un à l'autre sans le soucis de s'y attarder. Seul le gamin traverse les générations pour nous dire que finalement malgré le changement l'histoire n'est qu'une éternelle répétition.
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Un livre où l'on découvre que l'éducation sert à débarrasser son esprit des pierres de la bêtise pour pouvoir cultiver son champ.
Un livre qui démystifie les sagas, ces textes qui racontent "l'orgueil, la vanité, l'envie et la mesquinerie".
Un texte qui au travers d'un gamin qui restera jusqu'à la fin du livre "le gamin" nous donne un cour d'histoire sur l'Islande. À la fois l'(H)histoire, la grande celle qui s'écrit dans les livres, mais aussi les changements sociologiques qui s'inscrivent dans les mentalités, dans les façons de vivre d'une famille de l'Islande reculée bien loin des grandes villes.
Tout y passe, la description de ce pays avant la guerre, ce peuple enfermé sur lui même, la "colonisation" par l'Angleterre avant celle des américains.
Islande terre, où il faisait bon suivre les événements de ce qui se passait dans les couloirs de l'Atlantique,
Islande, enjeu stratégique durant la guerre froide permettant de garder un oeil sur les manoeuvres de l'ogre russe,
L'envahissement de ce pays où il était plus rentable de louer ces terres à l'armée peu importe de quelles nations plutôt que d'y élever des moutons,
Puis ... de se servir de ces terres désolées pour développer un tourisme de masse pour ceux à la recherche des valeurs naturelles saines, écologiques au plus près de la nature même si elle est hostile et même au contraire ...
Sauf qu'il est parfois gênant d'y vivre quand le soleil ne s'y montre pas, que les pluies empêchent toutes promenades, que les aurores boréales ne peuvent pas être observées sur commande et jamais en été.
Un livre qui casse les légendes, les codes.
Le temps a passé, de tous les visiteurs de la ferme .... il n'en revint que trois tout comme dans ce conte improbable peut être dont l'histoire nous est lue mais dont nous ne saurons jamais la fin !
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Une ferme perdue dans un coin isolé d'Islande, à deux heures d'une route praticable. Une pauvre habitation occupée par le grand-père, alité et incontinent, la grand-mère, pieuse et pilier de la maisonnée, le fils, ricanant et cynique, passant son temps à chasser le renard, et les deux petites-filles, abandonnées aux grands-parents par leurs mères volages. S'y ajoute un gamin venant du village voisin. le tableau est âpre, rude et l'histoire va se charger de bouleverser l'univers clos de la famille.

Voilà une lecture qui s'apprivoise lentement, l'univers décrit est assez primaire et brut, les sentiments n'y ont guère de place, tout paraît n'être que calcul ou résignation entre les êtres. La nature et la pauvreté y sont certainement pour quelque chose. Perdus entre montagne, mer et champ de lave, les habitants de la ferme n'ont guère l'occasion de se frotter à leurs semblables.

Tout va changer à l'approche de la deuxième guerre mondiale. le pays a une importance stratégique et va être occupé successivement par les Britanniques et les Américains. Avant cela, la ferme va recevoir la visite de deux Anglais amateurs de nature sauvage, puis d'un Allemand fuyant le régime nazi. Ils reviendront par intermittence dans le récit.

Un afflux d'argent arrive d'un seul coup avec les troupes d'occupation, les filles n'en ont plus que pour les soldats, plus raffinés que les autochtones ; beaucoup se mettent à travailler pour l'armée et goûtent un confort inconnu.

A la ferme, les échos de la guerre arrivent, mais la vie n'y change guère, malgré une nouvelle route. Seules les gamines ne résistent pas à l'attrait des soldats et suivent la voie de leurs mères, s'éloignant définitivement. Leur compagnon de jeux, le gamin, se retrouve seul.

Ce roman couvre une période qui va de l'entre-deux guerres à nos jours. L'auteur peint une vaste fresque de l'évolution de l'Islande, en suivant certains personnages ; d'autres sont laissés de côté sans explication. Finalement, c'est le gamin qui restera attaché à la ferme, incapable de se détacher du lieu de son enfance à la beauté sauvage. Entretemps, grâce à sa femme, le lieu se sera transformé en centre de vacances pour citadins avides de retrouver une vie simple dans une nature préservée.

Ce n'est pas une lecture aimable, mais elle a un côté envoûtant et j'ai apprécié d'en savoir plus sur l'histoire de cette île qui est passée presque sans transition d'une vie inchangée depuis des siècles à la modernité. Les descriptions de la nature islandaise sont superbes, le récit est ample et profond, les personnages saisissants.


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Aucun évènement ne vient perturber les immuables corvées monotones qui rythment la vie dans cette ferme d'Islande complètement isolée. Et pourtant, les gamines scrutent les alentours, mais très rares sont les marcheurs qui franchissent le champ de lave ou la montagne qui ceinturent avec la mer leur pauvre habitation. Vivent ici le grand-père, la grand-mère, le fils et les deux gamines.

Le grand-père, incontinent et bougon est souvent alité mais s'estime heureux de manger à sa faim.
La grand-mère se contente de prières et de psaumes et instruit ses deux petites-filles dans cette conviction chrétienne.
Le fils ne vit que pour la chasse et épie les renards, il est dur, sarcastique et cynique dans ses propos.
Les gamines ne veulent pas se contenter de cette monotonie journalière et ont soif d'ailleurs.
Il y a aussi le gamin, un cousin du village qui vient régulièrement séjourner à la ferme et qui éprouve une attraction indéfinissable envers ce lieu jusqu'à la fin du roman.

Le village le plus proche est à deux heures de marche et nulle route n'y mène encore.
Un ciel invariablement couvert, une mer souvent mugissante, des failles dans cette étendue de lave, et des plaques de mousse où le pied s'enfonce.
Des personnages rudes, rustiques, à l'image de cette nature indomptable et forte.
Deux randonneurs anglais vantent cette nature intacte.
Les sentiments ne semblent pas avoir leur place dans cette ferme.
Mais avec l'arrivée de la Seconde Guerre Mondiale, le monde va rattraper tout cet isolement.

C'est le devenir de cette ferme que l'auteur nous retrace, à la manière d'un récit sec mais précis, sans fioriture, ni poésie, et avec beaucoup d'amertume me semble-t-il.
Aucun isolement, si éloigné soit-il, n'a pu résister à l'installation de ces troupes britanniques puis américaines. L'Islande en est le plus bel exemple et cette ferme en particulier.

Ce fût, en ce qui me concerne, une lecture atypique qui mérite de « décanter » un peu pour en apprécier pleinement la profondeur. L'auteur s'attarde sur certains éléments et passent ensuite très rapidement sur d'autres, ce qui déstabilise un peu, mais c'est à l'image de l'accélération de ce changement inévitable qui secoue cette île jusque là isolée.

Une découverte intéressante. J'ai pleinement apprécié le choix du titre que je vous conseille de découvrir au fil de ce roman islandais.
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Islande, « paysage désert et vide: ces dunes de pierre, ces roches, ces champs de lave, ces montagnes, leurs éboulis et cette végétation éparse qui semblait vouloir remonter les pentes. » Là, dans un champ de lave entre montagnes et océan se trouve une ferme isolée. Y vivent un vieux couple, un fils obsédé par la chasse au renard et trois filles qui, suite à une expédition en ville pour assurer un petit boulot dans un village de pêcheurs, se retrouvent enceintes. L'aînée, couverte de honte disparaît. Les deux autres s'enfuient après avoir laissé leurs filles à leurs parents.
La vieille les élèvera avec simplicité, dévotion, leur faisant l'école et leur inculquant les bonnes manières. Ce qui ne les empêchera pas de partir dès la fin de leur communion, étape de leur émancipation. Ne reste que le gamin, le fils abandonné d'une mère agonisante et d'un père parti avec sa maîtresse.
Cette vie paisible, rude et ennuyeuse va être bouleversée par la guerre. L'Islande est une zone stratégique bientôt envahie par les Américains. Cette guerre est une aubaine. Les paysans s'enrichissent à ramasser les balles de caoutchouc s'échouant sur le rivage, à récupérer les ordures des camps américains et les filles s'évadent dans les bras des soldats. Héberger une installation militaire rapporte davantage que le travail de la terre.

Sur le champ désert de la ferme passeront un allemand qui se cache, deux anglais et bien sûr des soldats américains.
Par ce roman sombre, complexe, empreint du naturel sauvage des islandais isolés dans une nature hostile, Gudbergur Bergsson montre l'évolution de ce pays suite aux années de guerre.
« Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne prend autant conscience des caractéristiques de sa nation qu'en temps de guerre. »
La guerre métamorphose le paysage mais elle révèle aussi la cruauté des hommes. A-t-elle perverti les âmes simples de cette ferme islandaise isolée ou révélé leur vraie nature?
« Si Hitler n'existait pas, les Amerloques ne seraient pas venus ici et nous serions encore des Esquimaux à la périphérie de la planète. »

Le titre du roman est celui d'un livre que le chasseur de renards lit chaque soir au gamin. Des naufragés se retrouvent sur un radeau, là où « la cruauté et la violence ont un pouvoir purificateur. » Chair à requins, il n'en restera finalement que trois. Personne ne saura la fin. Qui survivra pour écrire cette histoire? le parallèle est évident. Qui pourra raconter la vie de cette ferme isolée, son terrible tumulte sur l'océan de la guerre? « Pour continuer à vivre en vain…»

Roman brut (à part la vieille et peut-être le gamin, les sentiments des uns et des autres sont assez primaires), roman sombre sur un pays isolé du monde, à la nature sauvage transformé par les conséquences de la seconde guerre mondiale. Un roman pour mieux comprendre l'évolution de l'Islande et l'histoire de son peuple.
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Quand le bout du monde rencontre la civilisation ! Une drôle de famille, où personne n'a de prénom : le grand-père incontinent et taiseux, la grand-mère besogneuse et qui fait l'école à ses deux petites-filles que leurs mères ont abandonnées, et le fils toujours parti à la chasse aux renards.

Des anglais en randonnée (ce sont les seuls dont on connaîtra l'identité) et qui reviennent plus tard, alors que l'Islande devient base arrière de la coalition internationale pendant la Seconde Guerre Mondiale, et les Ricains qui apportent le progrès, pervertissent les filles et semblent faire émerger le pays du Moyen-Age.

Mais il y a l'Allemand aussi, qui fuit le régime nazi qu'il désapprouve et se cache près de la vieille ferme isolée, et le gamin qui comprendra plus tard à quel point il tient à cette terre et à ses mystères.

"L'Islande n'est plus cette terre isolée, elle est aujourd'hui au centre de la lutte que se livrent dictatures et démocraties et cela ne changera pas tant que nous n'aurons pas remporté la victoire et rétabli la paix dans le monde (...)"

C'est l'histoire d'un monde perdu, loin de tout, qui s'adapte tant bien que mal à la modernité, à un monde qui change.
C'est l'histoire d'un coin de nature sauvage, brute, où les failles avalent les squelettes, où les elfes racontent des histoires.

"(...) c'étaient les hommes, et non les bêtes, qui rendaient le monde dangereux. Il suffisait de se plier à quelques règles fondamentales et on pouvait fréquenter tous les êtres vivants en paix."

C'est un roman presque tranquille où il ne se passe presque rien mais où on voit tout, la lande, la glace, la folie du monde et la sagesse humaine !

J'ai beaucoup aimé ! Evidemment !
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Il n'en revint que trois me laisse une impression de lecture mitigée. J'ai été enthousiasmée par la première moitié du roman, mais je suis hélas passée à côté de la seconde. Des passages splendides en côtoient d'autres bizarrement décousus, voire absurdes, ce qui m'a rendu l'ensemble trop inégal pour être vraiment plaisant. J'aurais mis mes déceptions sur le compte de la traduction, si elle n'avait pas été d'Éric Boury, dont le talent n'est plus à prouver. Il m'a sans doute manqué des références pour apprécier pleinement ce récit âpre et de plus en plus désillusionné.

Mais quelle première moitié ! Dans une ferme isolée, minuscule, cernée « de tous côtés par les champs de lave, les montagnes et la mer » vit un couple âgé, leur fils et leurs deux petites filles, que la grand-mère élève en bonnes chrétiennes, en vue de leur prochaine communion. le quotidien et l'isolement sont aussi mornes que la galerie de personnages est rocambolesque, et de plus en plus savoureuse à mesure qu'elle s'étoffe d'un vagabond avec un chien et un chat dans son sac à dos, de deux jeunes étudiants anglais qui disparaissent bras-dessus bras-dessous et chevelus dans une faille et en ressortent quelques années plus tard en uniforme de l'armée britannique et très sérieux, d'un allemand caché dans une grotte qui reçoit en cachette sa fiancée au clair d'un soleil de minuit. La nature en elle-même est tout un poème, avec un « vent à décoiffer les renards [dévalant] le flanc de la montagne en rafales qui [percutent] le sol en rugissant avant de s'élancer à nouveau vers le ciel », et habitée par des présences incertaines : « Je me nourris des revenants qui m'habitent quand je suis à l'affût dans le noir, déclara le fils, interrompant sa mère. Je suis incapable de dire si je suis éveillé ou si je rêve que je dors alors qu'en réalité, je veille. Un jour, j'ai cru que j'étais un de ces fantômes qui hantent les mousses du champ de lave, ces fantômes-là passent leur temps à s'ouvrir le ventre avec leurs ongles, et en soulevant ma chemise j'ai découvert mon ventre lacéré comme si un des renards dont je garde les peaux y avait planté ses griffes. »

Dans ce roman, on voit de loin tout d'abord puis de plus en plus près et crûment l'Islande passer du moyen-âge à l'ère moderne. En un rien de temps, finalement, aussi soudainement que si elle était tombée dans une crevasse, poussée par son importance stratégique pendant la seconde guerre mondiale puis la guerre froide, envahie par l'armée britannique en 1940, puis sous contrôle des États-Unis à partir de 1941.

Une guerre vue comme une aubaine, « qui [leur permet] d'entrer de plain-pied dans le présent ». « [L'armée britannique] avait été remplacée par les troupes américaines qui avaient éradiqué le chômage et la pauvreté en faisant construire des baraquements militaires dans le village. » On gagne plus d'argent en louant sa terre à l'armée qu'en la cultivant… et certains alors déchantent : « En plus de créer des emplois de merde, l'armée accomplit la prouesse de transformer les éleveurs de moutons en maçons et les marins en laveurs de chiottes. »

Une lecture étonnante, donc, souvent belle et ambitieuse, mais d'un ensemble trop inégal à mon goût. En tous cas, ce roman change de ce que l'on peut lire habituellement sur l'Islande, et cela, c'est intéressant.

« Une nation en guerre n'a pas le choix : soit elle tue les autres, soit elle se laisse tuer. Ou alors, il faut que chacun reste chez soi le cul sur sa chaise, avec ses pieds plats et sa vue basse, à mourir d'ennui en trayant ses vaches. »
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Une lecture qui laisse un peu perplexe mais certainement pas indifférent.
L'histoire se déroule en Islande, des années 1930 à la fin du XXe siècle, dans une ferme isolée (même selon les critères islandais... ) et a la saveur d'un conte âpre souvent sur le point de basculer dans la noirceur totale.
Les personnages ne sont jamais nommés, sinon comme "la grand-mère", "le grand-père" ou "le vieux", "les gamines" sont leurs petites-filles, "le fils" passe son temps à chasser le renard et ramène des sacs de renardeaux à noyer, un "gamin" leur est parfois confié, il sera toujours "le gamin", même à 50 ans. Les mères des filles se sont enfuies, mais l'une des soeurs gît peut-être dans une faille...
Deux Anglais passent, puis un Allemand qui se réfugie dans une grotte. La guerre arrive jusque sur les rivages islandais, une base américaine s'installe, transforme la vie du village et même de la maison isolée. La possibilité d'une vie selon d'autres critères s'insinue. La richesse et la facilité tentent...
Au fil des années, les Anglais reviennent, l'Allemand aussi que l'on croyait lui aussi disparu dans une faille...
La noirceur des personnages est immense, autant que l'avidité de certains. Il y a pourtant de brefs éclats de beauté et de bonté dans ce paysage désolé, à la limite du vivable.
Nous sommes loin de l'image idéalisée de l'Islande.
Ici, tout est mystère et opacité des êtres et des mobiles, comme dans un conte mystérieux.
A noter que le titre fait référence à un livre lu par le fils au gamin, lecture qui est aussi un moyen d'emprise et de domination du #lecteur sur celui qui l'écoute...
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"Dans ce lieu isolé où le ciel était le plus souvent chargé de nuages bas, il ne se passait jamais rien"

C'est ainsi que commence ce livre dans lequel il va pourtant se passer beaucoup de choses.
Une ferme totalement isolée à l'extrémité de l'Islande à laquelle ne mène nulle route.
L'auteur nous raconte l'histoire non seulement de cette ferme isolée et de ses habitants mais de cette île elle-même isolée où nul ne venait.
Nous allons ainsi suivre l'histoire du Gamin depuis son enfance dans les années 30 jusqu'à nos jours
Ce gamin qui pendant la Seconde Guerre Mondiale avait aidé à cacher un Allemand, puis avait vu débarquer Anglais et Américains venus y implanter des bases stratégiques pour les Alliés.
Ce gamin qui regardait depuis les falaises proches de la ferme les convois de bateaux américains se faire couler par les sous-marins allemands puis allait récupérer les marchandises échouées sur la plage.
Ce gamin devenu adolescent qui va parcourir son pays en quête de travail dans les années 50 alors que la guerre froide a vu se renforcer la présence américaine sur l'île.
Puis la mutation des années 50 - 60 et 70 jusqu'à l'arrivé en masse sur son île bien aimée de touristes en quête d'une nature préservée

Nous suivrons aussi l'histoire du Grand-Père et de la Grand-Mère propriétaires de la ferme, de leurs fils sachant tout juste lire et dont la seule activité est d'aller à la chasse aux renards, de leurs filles voulant quitter ce lieu austère qui reviendront toutes les trois enceintes et qui finiront par laisser leurs propres filles à leurs parents.
Ces gamines qui à leur tour avides d'un avenir meilleur fréquenteront des soldats américains.

L'auteur nous décrit la mutation de l'Islande avec l'arrivée de l'électricité, la radio, les premiers véhicules mais aussi la dureté de la vie dans ces lieux reculés parfois ignorés de tous.
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