Citations sur Le pommier (15)
Chaque sou était pour la famille. Et mis de côté pour les temps difficiles. Mais les temps difficiles, c’était tout le temps, songea Otto. Il n’avait jamais rien connu d’autre. Alors, qu’est-ce qu’ils attendaient ? Que ce soit pire encore ? À quoi bon travailler, s’il était impossible d’améliorer sa vie ? Que valait-il mieux ? De meilleures conditions de vie ou grimper dans l’échelle sociale ? Vivre mieux ou s’élever dans la société ? Où se situait la différence ? S’élever dans la société signifiait-il vivre mieux ? Les explications d’Egon tournaient en boucle dans sa tête. Elles avaient été très convaincantes.
« La fierté, on a rien d’autre, nous autres les pauvresses, alors si on s’laisse acheter, on est plus rien. » Mais le père d’Erna, Willi, était faible. Et à cela, même le bon Dieu n’y pouvait rien.
Quelle vie pour une enfant, parmi tous ces adultes préoccupés exclusivement d’eux-mêmes, de leur individuation, sans laquelle il n’y avait pour eux aucune existence supérieure? Un soupçon de Goethe, de Rousseau, de nature et de science, une bonne pincée de Freud, et bien remuer le tout? Et pour terminer, saupoudrer de droit maternel à la Bachofen, qui, par le biais des figures issues des légendes grecques et romaines, confrontait les vieux mythes du matriarcat et du patriarcat? Bien peu digeste, comme cocktail.
Il en va ici comme d’un arbre, dont les racines correspondent en taille et en circonférence à la canopée. L’étrangeté, nous l’ancrons dans ce qui est caché, dans ce qui est enfoui sous la terre tout autour de nous et nous prolonge. Les fruits, ce que nous voyons, qu’ils soient mûrs ou pourris, vivants ou morts, correspondent à ce que, dans la nature, nous ne pouvons pas discerner et, dans la famille, à ce que nous n’avons pas le droit de voir. Au tabou.
Une exposition à l’affiche sur l’histoire judéo-polonaise. Le titre de cette exposition m’allait bien : « Méli-mélo ».
Les dimanches de mon enfance, (…) Je bondissais entre eux [les parents, amis, etc.]. Et de là, en haut. En haut du pommier.
Chaque sou était pour la famille. Et mis de côté pour les temps difficiles. Mais les temps difficiles, c’était tout le temps, songea Otto. Il n’avait jamais rien connu d’autre. Alors, qu’est-ce qu’ils attendaient ? Que ce soit pire encore ? À quoi bon travailler, s’il était impossible d’améliorer sa vie ? Que valait-il mieux ? De meilleures conditions de vie ou grimper dans l’échelle sociale ? Vivre mieux ou s’élever dans la société ? Où se situait la différence ? S’élever dans la société signifiait-il vivre mieux ? Les explications d’Egon tournaient en boucle dans sa tête. Elles avaient été très convaincantes.
Rome s’est pas construite en un jour. Paul, fais pas cette tête d’abruti, tout ça, c’est pour ton avenir. » Il marqua une pause bien sentie. « Et vous autres aussi, ouvrez bien vos esgourdes. Et si à la fin, vous arrivez à retenir une demi-phrase, ça sera d’jà ça de gagné. Alors, le Karl Marx, voyez, il a pas mal gambergé, il s’est pas mal trituré le ciboulot, le gars, et tout ce qu’on pensait avant lui, ben il a tout envoyé valser. C’est pour ça qu’il est vachement important, vous pigez ? »
Les règles étaient simples : il fallait pousser, soulever, faire levier. Faire tomber l’adversaire et le retourner de façon précise le plus vite possible. Otto était redouté pour sa prise à l’entrejambe. Il agrippait son adversaire et le soulevait ensuite en un éclair. Très vite, il assimila toutes les astuces et développa une créativité surprenante dès lors qu’il s’agissait d’identifier, d’utiliser les forces et les faiblesses de son opposant, et de le laisser s’épuiser vainement. Il s’enivrait des nouvelles sensations corporelles qu’il découvrait.
Il n’était plus question d’amour. Quand il s’allongeait sur elle, elle écartait les jambes et gémissait vite et fort pour le faire jouir. Bientôt, Karl se dit qu’il pourrait se servir du battoir à tapis pour botter les fesses de sa famille ratée.