Le monde est petit!
C'est il y a quelques mois, dans la salle d'embarquement de l'aéroport de Ubon Ratchathani dans l'est de la Thaïlande que j'ai rencontré l'un des personnages de ce livre, avant même de l'avoir ouvert.
La soixantaine altière, élégamment vêtu, costume bleu sombre, chemise blanche immaculée verrouillée au ras du cou d'une cravate rouge, cheveux blancs désertant une large front mais impeccablement plaqués en arrière, rasé de près, teint frais, l'oeil bleu intense.
Avant même de déchiffrer le badge fixé sur sa poitrine, j'avais instinctivement deviné qu'il n'était pas là pour la plongée ou le trekking .
Un acronyme abscons accolé à "Christ's Church" confirma mon intuition, Matthew
incarnait parfaitement le type de missionnaires que j'allais rencontrer dans "
Le crime de Martiya van der Leun".
La recherche du mobile qui amena une anthropologue à assassiner un jeune pasteur américain constitue le fil conducteur de ce roman.
Fil si ténu que le lecteur le troquerait volontiers contre celui d'Ariane pour venir à bout des boursouflures tentaculaires du texte. Si j'en crois l'auteur, son éditeur lui aurait conseillé de nombreuses coupes sombres.
Je frémis à imaginer le dédale du manuscrit original.
Car, littérature américaine oblige,
Mischa Berlinski nous fait le coup de l'histoire de famille. Des familles devrais-je dire, et c'est interminable car elles sont nombreuses et l'auteur remonte presque aux croisades.
Il a néanmoins potassé son sujet et réussit une mise en abyme du travail de l'anthropologue quand, outres ses missionnaires, il croque sans concessions les microcosmes "expatriés", universitaires ou, plus curieusement, celui des fans du Grateful Dead.
Autre point positif,
Mischa Berlinski à vécu en Thailande, il connait le pays, on le ressent parfaitement lorsqu'il évoque la végétation, la nature et les paysages. C'est moins évident quand on aborde la population, les Thailandais sont les grands absents du livre si l'on exclu les Dyalos, une minorité ethnique du nord du pays inventée par l'auteur.
Stephen King aurait parait-il encensé ce livre et par là même contribué à son succès. J'ai peu lu King et ce sans être systématiquement épaté, mais quand bien même serait-il si génial qu'on le prétend son enthousiasme me semble ici un rien excessif.
A trop vouloir embrasser
Mischa Berlinski m'a souvent perdu, trop bavard, trop fourretout. Il échappe in extremis à ma damnation grâce à sa parenthèse autour du Grateful Dead qui m'a fait plonger dans ma jeunesse et mes vinyles pour rédiger cette modeste chronique au son de la guitare de Jerry Garcia.
Truckin', got my chips cashed in
Keep truckin', like the do-dah man
Together, more or less in line
Just keep truckin' on
Livre très dispensable.