AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de LoupAlunettes


Toujours nourri de l'envie de nous replonger dans les textes et les images du duo Fred Bernard et François Roca, nous revoici parti en voyage à travers leurs pages.

Avez-vous vu? le pirate en première de couverture? Avec un bonsaï sur le sommet du crâne? Tous ses tatouages, ce regard, ce cimeterre à la main, le personnage doit nous impressionner, nous intriguer, nous serons aussi fascinés que craintifs de ce que l'on peut en attendre.

"L'homme bonsaï".

Nous serons en pleine mer, au XVIIIème siècle.

Celui de la première de couverture n'est pas celui que l'on croit.

L'histoire va y revenir. Un ancien potier, que la mer a pris avec un engagement forcé et recraché, que la violence des capitaines et des pirates aura repétri avec fermeté et violence.

C'est de nouveau un de ses héros du duo d'auteurs victime d'un monde qui nous paraitra fabuleux de l'autre côté de la page et pourtant, on le sait, le monde des pirates ou des marins n'est pas doux ni pour autant chaleureux avec son esprit de confrérie.

Face à la mer, c'est la loi du plus fort pour gagner sa croûte du quotidien en volant et en tuant au besoin (on ne cède rarement des bourses, des navires, des trésors, de bon gré).



"L'homme bonsaï", c'est l'histoire d'une vengeance, une histoire du duo d'auteurs où là aussi la boucle finira d'être bouclée avec drames et passion pour obtenir une conclusion, comme le cours naturel du destin: la vie est faite de boucles parfois, à dénouer. Ses petites boucles sont souvent dans ses récits des petits noeuds de corde qui permettront de grimper et d'aller de l'avant: ces héros, victimes, sont pétris d'un courage insoupçonné pour penser à y recourir. Ce qui ne me tuera pas, me rendra plus fort. Et puis, il y a le bon fond des personnages qui percera, qui les maintiendra à flot, souvent en quête d'amour.

Le héros est un potier. le potier sera cruellement abandonné par le pirate et son équipage qui l'auront pris pourtant à son bord comme esclave sur une île déserte, après l'avoir un peu croqué et mâché de mauvais traitements.

Mais il y a pirates et pirates et le potier se verra secouru par d'autres pirates, des chinois, de passage cette fois (des pirates chinois, vous connaissiez, jeunes lecteurs?).

Le parcours accueillera un peu de magie, avec la graine d'un des arbres de l'île qui tombera et se plantera sur la tête du potier. Quelle drôle d'idée! Les racines vont pousser et les branches aussi, il faudra tailler tout ça... Contre toutes attentes, l'arbre sauvera la vie du potier, le basculant de charge inutile à se débarrasser au rang d'un butin unique et sacré dont il faudra prendre soin. le personnage va porter chance.

Les auteurs engageront dans l'aventure le thème de l'éternité et de la résurrection d'une façon originale: l'aventure et l'arbre transformeront le personnage à jamais. Nous laisserons le soin aux lecteurs d'en découvrir les circonstances étranges.

Là aussi, nous connaitrons déja la fin, comme avec "L'indien de la Tour Eiffel", c'est le personnage transformé en arbre et flottant sur un navire qui racontera son odyssée à un équipage qui prendra le risque d'aborder son embarcation maudite. Il y aura néanmoins cette histoire à transmettre et nous serons forcément tenus par une forme de suspens habile qui nous invitera à aller au bout du livre pour que la boucle soit bouclée et que nous sachions comment et pourquoi le potier est devenu pirate puis un arbre aussi monumental qu'un chêne. La cruauté fera partie des histoires de Bernard et Roca et leurs personnages singuliers ne changeront pas forcément le cours des choses, pour rester à chaque album lu sur une note "réaliste" selon les auteurs et cruelle, différente du conte de fée. Mais chaque histoire offrira l'espoir car malgré tout elles arrivent. le monde ne se change pas par magie mais les personnages eux, arrivent à se changer, à modifier un parcours à priori tout tracé suivant les circonstances racontés.

Les idées et les présentations sont toujours impressionnantes, passionnantes et riches de panache. Les illustrations participent grandement à l'atmosphère d'aventure avec son style picturale et cinématographique. Les vieux films américains ont nourri l'imaginaire de François Roca, il l'a confié à ses lecteurs lors d'une rencontre et on le voit ici aussi. Ces scènes d'extérieur éclatantes et ses intérieurs tamisés, à la bougie ou à la lampe, donneront un ton , vivifiant ou grave, supplémentaire aux poses en instantanée théâtrale des marins à la mine patibulaire.

On aime toujours.

Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}