Citations sur Le Bon Coeur (33)
Le roi avait ordonné que Jeanne soit logée au château. On verrait mieux, en la gardant sous la main, ce qu’elle valait. Cela ne pouvait aggraver le mal, cela pouvait attirer la chance.
Tout le monde savait, Charles de Valois comme cette paysanne, qu’il ne serait vraiment roi de France que par le sacre. Jeanne, tranquillement, le lui avait rappelé, en ajoutant qu’elle était venue délivrer Orléans et le mener à Reims, parce que telle était la volonté de Dieu.
Dans cette petite ville sur le Cher , en lisière de la forêt de Sologne, se trouvait une des grandes abbayes du royaume. D’Alençon considérait l’appui logistique que les moines pourraient apporter à un grand rassemblement d’hommes et de chevaux , Jeanne pensait au soutien spirituel que les saints hommes dispenseraient à une armée de pêcheurs. La débauche ne pourrait se donner libre cours dans un pays bâti et labouré par les hommes de Dieu. C’est par la vertu que nous vaincrons, répétait Jeanne, car c’est elle qui donne au bras sa force et à l’épée son tranchant.
La Hire, de la gueule dirigeait sa compagnie, des yeux suivait sa Pucelle et le grand guerrier qu’il avait dévolu à sa sauvegarde. Le capitaine le plus brutal de l’armée française se montrait le plus attentif à son intégrité. Dans la furie du combat, s’il la savait près de lui, il ravalait ses jurons, ce qui lui coûtait plus que de renoncer à achever un Anglais à terre. Cela aussi, au nom de Dieu, elle l’avait interdit
Sa popularité était immense .Charles l'avait constaté ,tout en mesurant que la sienne ,emportée par les succès de la jeune fille ,n'avait pas été si haute .Lui, le malchanceux,parce qu'il lui avait fait confiance, les gens l'appelaient maintenant le sage, le clairvoyant.
Selon les usages de la guerre, les prisonniers restaient propriété de ceux qui les avaient épargnés, jusqu’à versement d’une rançon.
Jamais, depuis qu’ils combattaient, depuis qu’ils étaient nés et depuis que leur père et leur grand-père étaient nés, l’armée française n’avait infligé une aussi sévère défaite à l’armée anglaise. Crécy et Azincourt étaient vengés.
Ces deux figures de la même femme, chef de guerre et pieuse enfant, fascinaient les gens.
On disait qu’elle avait fait du petit roi à la triste figure un autre homme, qu’il avait changé, comme si la vie l’avait traversé.
On avait appris dans Orléans qu’une jeune fille des Marches de Lorraine venait porter un message extraordinaire au roi et que cela annonçait la délivrance de la ville.