AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RChris


Après avoir vu le film “Marie Antoinette” de Sofia Coppola, inspiré de l'ouvrage d'Antonia FraserMarie-Antoinette, the journey”, j'ai saisi le livre de Simone Bertière avec l'idée de creuser cette part de notre histoire de France.
C'est un nouveau rapport, celui où la vision du film est complétée par un texte érudit.
Certains chapitres éclairent des scènes du film, ainsi, à “la livraison” de la fiancée, on dépouillait celle-ci de tout ce qui venait de son pays natal pour la revêtir de vêtements et de bijoux offerts par son pays d'adoption. Marie-Antoinette fut-elle soumise à ce rituel ? le film le montre, l'historienne est dubitative.

Quelle vie que celle de roi et de reine, constamment sous les regards de la Cour qui attendait que le “grand oeuvre” soit réalisé.
La vie sexuelle est illustrée et donne droit à un chapitre avec moultes hypothèses et analyses évoquant entre autres ce “défaut naturel qui s'oppose à la consommation du mariage” que S. Bertière remet en cause. Pas de phimosis ni d'opération nécessaire du prépuce nous indique l'auteure alors que le mariage n'a pas été consommé durant les sept premières années.

Pour réaliser cette nouvelle biographie la barre était haute tant Marie Antoinette a fait couler d'encre (Bibliographie de 10 pages).

L'historienne dit aimer mettre en regard plusieurs reines : “Ma prédilection pour les récits à personnages multiples, où plusieurs femmes, reines ou favorites, s'opposent, s'équilibrent, s'éclairent les unes les autres, dans ce qui tend à devenir une histoire familiale de la monarchie française.” Ici, elle ne le pourra pas, mais elle sait mettre les personnages en face de Marie-Antoinette : La du Barry, Marie Thérèse impératrice…
Le portrait de “l'autrichienne” raconte aussi en creux la vie de Louis XVI procrastinant et hésitant.

L'auteure regroupe l'histoire en 24 chapitres : l'échec conjugal, la liaison avec le comte de Fersen, les maternités, l'affaire du collier, la du Barry… Ainsi ne suit-elle pas le fil historique mais une logique pédagogique et didactique.

Celle qui était chargée de sceller les alliances entre l'Autriche et la France paiera cher son origine et le maintien de ses liens politico-familiaux : le fait d'avoir soutenu les intérêts de l'Autriche tout au long du règne fut le principal grief de son procès, vide d'arguments en dehors de celui-ci.

Le travail sérieux d'historienne de Simone Bertière met en regard les écrits et une analyse psychologique sans préjugés.
Elle prend cependant un parti : Marie Antoinette était une reine insoumise. Elle s'en explique dans un épilogue brillant qui analyse pourquoi cette reine fascine encore aujourd'hui : “Pour une reine, il n'est d'autre mot d'ordre que douceur, docilité, discrétion. Son programme se borne à rendre heureux son mari, éduquer ses enfants et répandre sur son peuple les largesses de la charité. En prenant le contre-pied de la tradition, Marie-Antoinette l'insoumise, la flamboyante, portait atteinte à l'ordre du monde. Pour ce crime, aucun châtiment ne parut trop dur.”
Commenter  J’apprécie          223



Ont apprécié cette critique (22)voir plus




{* *}