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Critique de OuvrezLesGuillemets


« Qui a fait le tour de quoi ? », un titre volontairement un brin provocateur de la part de Romain Bertrand pour son essai sur le voyage de Magellan.

Une vraie question quand on sait que l'Histoire n'a longtemps associé que le nom de Magellan à la première circumnavigation. Et pourtant Fernão de Magalhães n'a jamais réalisé de tour du monde (il est mort à mi-chemin), il n'a pas non plus montré que la Terre était ronde (on le savait déjà) et il n'est peut-être pas le navigateur visionnaire et héroïque que l'histoire a retenu (une image idéalisée sans doute en grande partie due à l'admiration que le chroniqueur Pigafetta lui portait).

Avant de parler de cette incroyable expédition, il faut donc replacer le projet de Magellan dans le contexte historique de l'époque. Loin des idéaux de découvertes de nouvelles terres, de nouvelles cultures, de recherches ethnographiques ou naturalistes, Romain Bertrand nous rappelle bien que le nerf de la guerre à cette époque était plutôt : gloire et richesse. Avec en plus dans le cas de Magellan un petit désir de vengeance qui l'amène à délaisser son Portugal d'origine pour partir naviguer pour le compte de la couronne espagnole. Au temps pour le romanesque de l'aventure !
Une remise en perspective intéressante et bien documentée, notamment grâce à plusieurs témoignages d'époque.

L'expédition lancée, la question se pose de savoir qui a finalement réalisé la première circumnavigation de l'Histoire. L'auteur rappelle à juste titre que l'Histoire justement à tendance à ne retenir qu'un seul nom, là où finalement ils sont nombreux à prétendre à ce titre honorifique. En premier lieu, Enrique, l'esclave malais de Magellan, qui est très probablement le premier à avoir fait le tour du monde (même si cela n'a pu être prouvé). Et qui se souvient du nom des dix-huit marins arrivés à Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522 à bord du seul navire rescapé ?
Un voyage, plusieurs candidats.

Autre point intéressant abordé dans cet essai, la vision très occidentale que nous avons de cette fameuse période des grandes découvertes et avec elle l'impression que ces audacieux marins ont ouvert des voies jamais naviguées et découvert de nouvelles terres inhabitées. Erreur !
Les commentaires de Pigafetta sont bien la preuve du contraire. Des endroits reculés comme le détroit de Magellan étaient déjà habités et toute l'Indonésie était une zone d'échanges commerciaux établie.

Si le livre n'apporte pas de nouvelles connaissances à ceux qui ont déjà lu « le voyage de Magellan » d'Antonio Pigafetta édité par Chandeigne, j'ai trouvé qu'il permettait de faire un pas de côté et d'avoir un regard plus critique sur cette aventure, et plus généralement sur les grandes découvertes.
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