Le mobile le plus immédiat qui nourrit l’enquête épistémologique résulte de la prise de conscience accrue de nos ignorances. Tout se passe comme si l’étendue de notre savoir jetait une ombre grandissante sur les objets auxquels s’appliquent nos facultés de connaître. Plus nous savons et plus nous découvrons combien nous ignorons. (page 6)
La métaphysique ne dépasse pas réellement l’expérience, elle ne fait que nous ouvrir la véritable intelligence du monde qui s’y révèle ».
(Schopenhauer) (page 103)
L’explication physique, en tant que telle, a besoin d’une explication métaphysique qui lui donne la clé de toutes ses suppositions. (Schopenhauer) (page 102)
On accordera néanmoins à Kant quelques points : l’expérience suppose pour être déchiffrable que nous ayons des attentes à son endroit. Auguste Comte le disait à sa façon : pas d’observation sans une théorie implicite, et Gaston Bachelard aussi : pas d’expérience sans la formulation préalable d’un problème. (page 53)
… Comment la science a-t-elle pu e rendre complice de tant d’horreur ? Le XVIIIe siècle en espérait Lumières et Liberté, le XXe siècle a appris à la redouter comme l’agent des catastrophes les plus irréparables. (page 6)
On a longtemps affirmé que la science avait acquis ses gages de rigueur en écartant les questions relatives à la valeur et à la signification de ses objets. Attachée à décrire et à comprendre le « comment », elle n’aurait que faire du « pourquoi » auquel la philosophie cherche, en revanche, à répondre. « Comment la vie est-elle donc apparue sur terre ? », et non pas : « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » La connaissance serait en quelque sorte devenue scientifique du jour où elle aurait fait son deuil de ses préoccupations concernant la totalité du réel et la destination de l’homme. (page 94)