Kaamelott : Un livre d'histoire

En réinventant en profondeur la légende arthurienne, Alexandre Astier nous dit finalement que la quête compte plus que son accomplissement, le voyage plus que la destination, et qu’à la fierté de la trouvaille il faut préférer la maturation de la recherche.

Interrogé sur le type de satisfaction qu’il tirait d’avoir une communauté de fans, Alexandre Astier répondit que si les bonnes semaines Kaamelott avait une audience de cinq millions de spectateurs sur M6, Joséphine, ange gardien en attirait plus du double sur TF1. Mais, ajouta-t-il, lorsqu’un DVD de Kaamelott est mis en vente, il reste dans les premières places durant des semaines, voire des mois, tandis que personne ou presque n’achète des DVD de Joséphine.

Ainsi, au-delà d’un registre comique nourri par un décalage constant entre la représentation traditionnelle du chevalier et ceux qu’elle tourne en ridicule, Kaamelott nous invite à travers sa lecture d’un motif typiquement médiéval à une réflexion sur la recherche de la gloire, sur les mécanismes de la fabrication des légendes et sur le rapport qui s’établit entre Arthur et ses chevaliers, ses élèves, ses amis, qui pourraient presque être considérés comme ses enfants. Des enfants qui, loin de tout idéalisation, ne récoltent que mésaventures et humiliations, entraînant la déception du roi qui, cependant, jamais ne les punit ou ne les renie.

Si le vocabulaire est l’ennemi de Perceval, c’est parce que les mots ne l’intéressent que pour leur sonorité, pas pour leur signification. C’est pourquoi il ne se prive jamais d’employer des termes techniques ou recherchés, que, par paronomase, il substitue à d’autres. Les exemples sont innombrables : colifichet pour quolibet, agaçant pour phosphorescent, psychologique pour agricole, prospérité pour aspérité, ubiquité pour humilité, humilité pour humidité, transposer pour transmettre, altruiste pour autrui, hétéroclite pour chlorophylle… La confusion porte même sur son propre nom, qui devient, par glissement sonore, Provençal le Gaulois.

Guenièvre et Mevanwi sont deux émanations de la même reine romanesque : la première en a gardé la générosité, la sensibilité ainsi que l'amour de Lancelot. La seconde, si elle en a la chevelure blonde et la séduction, hérite de ses aspects plus sombres : comme Guenièvre est soupçonnée de l'être dans "La Mort le Roi Artu" lorsqu'un chevalier tombe mort à sa table, Mevanwi est une empoisonneuse, qui apprend d'Elias "quelques fondamentaux nécessaires à se venger de quelqu'un".